Depuis le retour de Chakib Khelil, les différentes personnalités du pouvoir multiplient les sorties pour le réhabiliter. Deux éléments de langage reviennent dans le discours : l’ancien ministre de l’Énergie est innocent et compétent.
Hier, Ahmed Ouyahia a affirmé que Chakib Khelil est non seulement innocent des soupçons de corruption qui pèsent sur lui, mais il est également compétent. Pour lui, il n’y a rien à redire sur les compétences de l’ancien ministre de l’Énergie et des Mines qu’il a eu à côtoyer durant dix ans au gouvernement. Des compétences « reconnues mondialement », selon M. Ouyahia.
Sur quels faits s’appuient M. Ouyahia pour avancer une telle affirmation ? Hormis les responsables algériens, qui a reconnu publiquement la compétence de Chakib Khelil ? Nous avons cherché partout sans trouver la trace d’un seul témoignage dans ce sens. Son passage à la tête du ministère de l’Énergie et des mines pendant plus de dix ans n’a pas été marqué par une stratégie particulièrement percutante. Sa stratégie peut se résumer en une phrase : extraire un maximum de pétrole et de gaz pour les vendre à l’état brut sur les marchés internationaux.
Contrairement à d’autres grandes compagnies mondiales, Sonatrach n’a pas mis à profit sa manne financière pour se diversifier. La semaine dernière, Chakib Khelil s’est vanté d’avoir réalisé des investissements dans l’exploitation pétrolière « au Pérou, en Libye et au Mali ». Il n’a pas expliqué par exemple pourquoi il n’a pas investi dans le raffinage ou la distribution de carburants en Europe, des secteurs à forte valeur ajoutée.
Après avoir quitté le ministère de l’Énergie, Chakib Khelil est parti aux États-Unis. Là encore, ses « compétences mondialement reconnues » n’ont pas été remarquées. Habituellement, quand ils quittent leur poste, les ministres vraiment compétents sont sollicités pour enseigner dans des universités ou donner des conférences chèrement rémunérées. À défaut, ils publient des livres dans lesquels ils partagent leurs expériences et leur savoir avec les lecteurs. Ce qui est loin d’être le cas pour Chakib Khelil.