Opposition, cinquième mandat de Bouteflika, réhabilitation de Chakib Khelil, Sahara occidental… Entretien avec Sid Ahmed Ghozali



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Vous avez décliné l’invitation de l’Icso pour la conférence nationale de l’opposition. Pourquoi ?

Je respecte l’intention première de ce mouvement que j’ai toujours encouragé. Je continue à penser en effet que se parler entre Algériens, de débattre est déjà en soi un progrès. Mais il ne faut pas en rester là.

J’ai tout particulièrement incité les dirigeants de ce mouvement à aller ensemble à la rencontre du peuple, à habituer nos compatriotes à les voir ensemble, à les entendre, leur parler de leurs préoccupations, à leur exposer les solutions. C’est un travail qui demande de la patience, de la constance, de l’humilité et de l’endurance.

Mais nous parlons tous de l’opposition alors que celle-ci n’existe pas. Je ne vise pas la crédibilité de quiconque, puisque ma remarque s’applique à moi aussi. Or, en violation de la loi, le pouvoir dénie les règles et le statut qui sont dus à l’opposition. Il ne tolère sur la scène politique que les personnes ou forces qui lui sont soumises.

Par ailleurs, l’opposition ne se définit pas seulement par le fait de dire : « Je ne suis pas d’accord avec le pouvoir ». Elle est une manière de servir aussi nécessaire et éminente qu’elle doit l’être pour ceux qui sont à la décision.

Une opposition interdite de facto par le pouvoir et privée de ses droits ne saurait mériter le qualificatif d’opposition. Autrement, on tombe dans la tromperie du pouvoir politique qui veut faire croire qu’il permet l’opposition.

Les partis et personnalités membres de ce mouvement n’ont-ils pas fait ce travail ?

D’évidence, on n’a pas accordé à la rencontre avec l’opinion publique, la priorité qu’elle mérite, à mon sens du moins. Il ne suffit pas de se rencontrer au sommet une, deux ou trois fois par an pour se répéter un certain nombre de requêtes à adresser à un pouvoir sourd. Le but principal de l’action est de sortir de l’état d’atomisation dans lequel le pouvoir a mis toute la société et commencer à se parler entre Algériens ; au sommet certes, mais aussi à dialoguer sans discontinuer avec les citoyens à la base. Si vous interrogez l’Algérien moyen sur cette instance (la Coordination pour la transition démocratique) il ne saura pas quoi en dire. Pour lui, cela rentre dans la cuisine politique politicienne qui le rebute depuis fort longtemps. Pourquoi n’organise-t-on pas au moins un meeting par semaine, mais ensemble, de manière à couvrir tout le territoire national en une année ? Ce genre de rencontres devrait constituer l’essentiel des premiers pas du mouvement. Il ne faut pas se laisser bercer par l’illusion d’un résultat immédiat.

Le pouvoir a réussi à atomiser la société algérienne. Par conséquent, il faut commencer par sortir le peuple de cette situation de résignation où il rejette tout le monde dans le même paquet et se complaît dans le désenchantement vis-à-vis de la politique, voire plus globalement de la chose publique.

Je ne voudrais surtout pas que l’on comprenne que je ne veux pas imposer des conditions à un mouvement que j’encourage sans en faire partie pour le moment : je veux, au contraire, que ce mouvement réussisse pour le bien du pays et non qu’il connaisse le sort de la Coordination démocratique de l’été 2001 (FD, RCD, ANR, MDS CCDI). Qui se souvient de cette coordination aujourd’hui ? Faute de faire ce qu’elle s’était promis, c’est-à-dire aller au moins une fois par semaine au devant du peuple et de l’opinion, ce fut un feu de paille. Ladite Coordination a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un printemps.

Des dissensions commencent à voir le jour au sein de l’opposition mais aussi au sein du pouvoir.  Dernièrement, Amar Saâdani s’est violemment attaqué à Ahmed Ouyahia. Est-on en pleine préparation de la campagne électorale pour la présidentielle de 2019 ?

Là où vous voyez des prétendues dissensions, je ne vois, quant à moi, que mises en scènes. Il n’y a aucune utilité pour le pays à venir ajouter son grain de sel : ce serait s’abaisser que de se laisser entraîner dans ce qui n’est que grotesques mascarades.

Pourquoi beaucoup se laissent-ils prendre au même piège ? Comment peut-on affirmer l’existence de dissensions au sein du pouvoir ? Cessons de confondre le pouvoir réel avec ses agents: dans notre système le pouvoir n’apparaît jamais à visage ouvert. Les voies par lesquelles il se manifeste sont multiformes, souvent anonymes, mais toutes sont masquées (les rumeurs, l’intox, les agissements des seconds couteaux etc.)

La vie politique chez nous est une fiction. Que sont les composants de ce que l’on dénomme indûment la classe politique ? Hormis quelque deux ou trois partis authentiques, ce sont des acteurs, des excroissances du pouvoir qui n’ont de pluraliste que la diversité des rôles qui leur sont assignés dans un casting : à l’une le rôle du courant nationaliste, à l’autre l’incarnation du courant démocratique, à la troisième la sensibilité islamiste ou, à une quatrième, tant qu’on y est, la représentation marxiste-trotskiste. Ce n’est donc pas parce que l’un dit du mal de l’autre que les deux sont des ennemis. Le « méchant » dans une fiction n’est pas forcément méchant dans la vie : il joue le rôle de méchant. Idem pour le « gentil ». L’un et l’autre jouent le rôle qui leur est assigné par le même scénariste.

Un cinquième mandat de Bouteflika est-il possible ?

Et pourquoi pas ? Rien ne permet d’exclure un cinquième mandat et même un sixième ! Il y a bien eu un premier mandat confié « au moins mauvais » selon la terminologie inventée par les mandants ; il y a bien ensuite eu un deuxième considéré par beaucoup à l’époque comme « improbable » ; et puis il y a bien eu un troisième malgré les séquelles des incidents de santé de 2005-6 et que quelques semaines auparavant,  la Constitution limitait le nombre de mandats à deux ; il y a bien eu enfin un quatrième mandat alors que le Président était censé avoir fait un accident vasculaire sérieux. De toute façon, si Dieu prête vie et santé au Président, le fait de braquer les projecteurs, comme cela est pratiqué depuis des années, sur « l’après-Bouteflika » relève de la diversion politique. C’est une tromperie qui relève de l’ADN du pouvoir.

À quel objectif obéit ce « cinéma » ?

Telle est la manière de faire du pouvoir. Plus autoritaire que jamais, il se caractérise par une véritable « bunkerisation » dans une opacité totale. Un pouvoir hors de portée des regards, qui veut que tout ce qui est visible n’est que devanture. Votre question présuppose telle ou telle attaque comme un fait politique important. Il ne s’agit que d’apparences le plus souvent trompeuses. N’en tenez pas compte et dites vous bien que cela n’apportera aucune réponse à vos problèmes en tant que citoyenne !

L’attaque de Saâdani contre Toufik a marqué le début du démantèlement du DRS et le limogeage de son responsable…

Vous parlez de démantèlement du DRS, je me contenterai jusqu’à nouvel ordre d’observer des changements à certains postes de commandement. D’ailleurs, comment peut-on être certain que l’ancien patron du DRS a été limogé ? L’interprétation à laquelle je me risquerais à la rigueur, c’est la panique provoquée par l’affaire italienne qui aurait provoqué cette apparence de chamboulement dans les Services. Comment peut-on être certain que ce n’est pas quelque chose qui a été fait avec son accord ou le contraire ? Durant dix-sept ans, on a eu dix-sept gouvernements. Cela ne vous choque pas ? Quand on est dans une communication basée sur le mensonge, il ne faut pas chercher à faire des analyses politiques.

Saâdani a accusé Laksaci d’être le responsable de la dépréciation du dinar…

On assiste à un mélange des genres. Dans la loi, la Banque centrale est autonome et ne reçoit de directive de personne. Elle gère la monnaie et le crédit. Est-ce qu’on peut parler d’une faute du gouverneur de la Banque centrale s’agissant de la dépréciation du dinar ? C’est absurde ! La dépréciation du dinar est le résultat d’une politique économique voulue ou inappropriée. Elle relève du décideur politique en matière économique. Ce n’est quand même pas le gouverneur de la banque qui est responsable de l’incurie du gouvernement, ni de la fulgurance de la corruption, ni du chômage, ni de la pauvreté, ni de la mentalité rentière, celle qui habite le pouvoir jusqu’à contaminer le petit peuple !

Est-ce que cette attaque contre le gouverneur de la Banque d’Algérie présenté comme étant un proche de l’ancien patron du DRS rentre dans le cadre d’une chasse aux sorcières ?

Je vous rappellerai qu’il n’y a pas un seul fonctionnaire dans ce pays, du sommet de la pyramide à sa base, qui ne fût nommé sans l’assentiment des Services. Dites plutôt que c’est une habitude vieille de 37 ans que, pour masquer un bilan économique et social peu présentable, ou pour faire diversion par rapport aux innombrables turpitudes du pouvoir, on se lance de manière récurrente dans la chasse aux sorcières. Pour avoir été parmi les premières cibles de la chasse post-Boumediene, le président actuel aurait dû être le moins prompt à faire preuve de mémoire sélective.

Pris par une sorte de panique, le système recherche un bouc émissaire pour masquer ses responsabilités dans la situation économique actuelle et dans ses prolongements néfastes prévisibles. Aux yeux des gens, le gouverneur de la Banque pourrait effectivement passer pour un bon bouc émissaire aux yeux de la population. On a bien sacrifié naguère son prédécesseur Abdelwahab Keramane et son frère Abdennour, ancien ministre et qui était à mille lieues de l’affaire Khalifa, deux ingénieurs, Hauts commis de l’État connus pour leur compétence et leur intégrité, pour leur honorabilité et celle de leur famille. Proscrit en son temps, le président de la République n’aurait pas dû oublier cela aussi.

Le patron du FLN et d’autres responsables appellent à réhabiliter les cadres. Qu’en pensez-vous ?

La réhabilitation n’est pas une question de mots, mais une affaire de culture. Pour les victimes, le mal a été fait. Irréparable. Tel qui était à la tête du gouvernement quand il faisait embastiller des centaines, d’aucuns diraient des milliers de cadres, le même devenu ministre d’État quelques années après, a reconnu l’innocence de ces cadres et a parlé d’erreur. S’en sont-ils trouvés pour autant réhabilités ? Le meilleur moyen de réhabiliter ces cadres est de faire évoluer le système vers quelque chose de plus civilisé, un système plus respectueux des personnes en général, des serviteurs du peuple et de l’État en particulier. Un système plus attentif à l’impérieuse obligation de protection des citoyens honnêtes. Sinon, personne ne croira ceux qui disent : il faut réhabiliter les cadres.

Est-ce que Chakib Khelil fait partie de ces cadres qu’il faut réhabiliter ?

Qu’est-ce qu’il lui a été fait pour qu’il soit question de réhabilitation à son sujet ? A-t-il été interpellé ? Jugé ? Mis en prison ? Ou dépossédé de ses biens ? Non. Pourquoi parler donc de réhabilitation ? Par contre, il y a bel et bien quelque chose qu’on veut cacher. En Italie, il y a un procès en cours depuis des années. Certes, le jugement n’est pas encore prononcé mais l’enquête judiciaire a déjà conduit à une décapitation massive du groupe ENI pour cause de versements illégitimes de quelque 200 millions d’euros. Quels qu’en fussent les bénéficiaires, ces versements ont été opérés au détriment de l’Algérie dans le secteur de l’Énergie, secteur qui a été dirigé durant 12 ans et donc pendant la période des faits par la personne que vous citez. Si ces prélèvements sont avérés, le seul fait que l’Algérie ne se porte pas partie civile alors que cela aurait dû être automatique, autorise le soupçon d’existence d’un scandale protégé par le pouvoir politique algérien.

Par le truchement de personnages bizarrement accoutrés enzouaouis,  au devant desquels on va développer la loi de l’offre et de la demande sur le marché pétrolier, on veut enfumer le peuple de la manière la plus grotesque et méprisante qui soit.

Le pouvoir veut protéger Chakib Khelil ?

Il y a un chef d’appareil politique qui n’est ni juge d’instruction, ni président de Cour de justice, qui s’est autorisé dans un passé récent, à blanchir publiquement l’ancien ministre. Il l’a fait concurremment avec le lancement d’une enquête judiciaire algérienne. Il a proclamé le même ministre comme le meilleur ministre de l’Énergie de l’Algérie.

N’étant moi-même ni juge ni responsable politique, je n’en ferai rien, sauf à constater que s’il s’avérait que 200 millions d’Euros ont été prélevés à notre détriment, sans que l’État n’ait cherché à en savoir davantage en se portant partie civile, ni qu’en termes d’éthique de la responsabilité, celui qui a dirigé le secteur concerné durant douze ans dans ce secteur ne fût écouté, au moins en tant que témoin, alors on peut parler de forfaiture.

Est-ce que c’est l’homme de la situation pour faire face à la crise pétrolière ?

Si vous parlez de la crise internationale en matière de prix du baril, il serait peu sérieux de charger un ministre algérien quel qu’il soit. Et il serait encore moins sérieux de chercher en Algérie l’homme providentiel qui pourrait maîtriser le marché mondial du pétrole. Si vous parlez de l’état du secteur de l’énergie en Algérie, il va sans dire que celui qui a régné en maître absolu de ce secteur durant douze ans y a une grande part de responsabilité. Aussi bien en matière d’absence de politique énergétique ou de bonne ou mauvaise gestion du secteur. Ce sont donc les faits eux-mêmes qui répondront à votre question.

Si par « crise pétrolière » vous voulez parler de la santé économique du pays, notre dépendance extrême d’une richesse que nous n’avons pas créée nous-mêmes et qui de surcroît est éphémère, une telle dépendance nous, la devons à l’incurie du pouvoir politique irresponsable au point de plonger le pays dans une précarité qui risque d’être mortelle. Le pouvoir dont l’incurie a plongé le pays dans une telle précarité ne serait décidément pas le mieux désigné pour l’en sortir.

Des mesures prises par le gouvernement pour faire face à la chute du prix du pétrole, dont l’emprunt obligataire, sont-elles suffisantes ?

Balivernes que tout cela et de surcroît mépris des gens ! On vous égarera jusqu’à épuisement en vous enfermant dans un labyrinthe de mesurettes sans queue, ni tête. L’économie algérienne se trouve dans un état ingérable tant qu’elle repose artificiellement sur une richesse qui n’est pas le produit des énergies créatrices propres à la société algérienne. Qui peut y remédier ? Certainement pas le régime qui est responsable de cette situation. On vous parle d’un emprunt obligataire. En tant que ministre des Finances, j’ai eu à « gérer » un emprunt similaire en 1989. Je voulais le faire dans le cadre d’un nouveau contrat. Il s’agissait de faire appel, non au patriotisme des Algériens mais de leur proposer un échange réciproque, quelque chose qui pouvait les intéresser. Je n’ai pas été suivi. De 30 milliards de dinars, on a ramené l’emprunt à deux milliards de dinars avec un taux d’intérêt de 7%. Le taux de souscription a été de 5%. Un fiasco.

Sonatrach veut attribuer des blocs de gré à gré. Pourquoi l’Algérie n’arrive pas à attirer les investisseurs dans les hydrocarbures ?

Ce n’est pas une situation spécifique aux hydrocarbures. Dans son approche d’un pays ou d’un marché, un investisseur, qu’il soit national ou étranger, observe d’abord le climat juridique, un climat qu’il veut sûr au point de le placer avant la sécurité physique. Si les investisseurs ne sont pas assurés que l’Algérie est un État de droit, il y a une absence totale de confiance. Ils voient bien que ce gouvernement, qui ne cesse depuis 17 ans de tripatouiller la Constitution, qui, à l’intérieur de ses frontières et non moins ostensiblement transgresse ses propres lois, un tel gouvernement est incapable de leur garantir la sécurité juridique qu’ils recherchent.

Nous avons mis quinze ans pour construire une crédibilité en Algérie. Boumediène accordait une importance capitale à la crédibilité de l’Algérie. Ce n’était pas un gouvernement démocratique et les lois elles-mêmes étaient d’une tonalité autoritaire marquée. Mais elles étaient respectées. Ne croyez pas que les investisseurs se sont rués aujourd’hui dans le secteur des hydrocarbures chez nous. Il faut mesurer leur nombre au niveau de l’attractivité en Algérie. Quand vous vous comparez avec le Maroc, vous passez de un à dix, alors que les capacités de l’Algérie sont dix fois plus importantes que celles du Maroc.

Sur le Sahara occidental, est-ce que l’option du référendum devient de plus en plus incertaine vu les soutiens apportés par la France, les États-Unis et d’autres puissances au plan marocain d’autonomie ?

L’influence extérieure dans ce domaine est importante. Personnellement, je pense que la solution est entre les mains des deux pays, l’Algérie et le Maroc. Dans les deux pays, il y a cependant des forces qui pour des raisons de politique politicienne interne ou d’intérêts occultes, n’ont pas intérêt à ce que la question du Sahara occidental soit résolue. Plus généralement elles n’ont pas intérêt à la résorption des tensions régionales.

Est-ce que la création d’un État au Sahara occidental est toujours possible ?

En politique tout est possible ! Mais est-ce que ce qui est possible est probable ou souhaitable ? On peut aussi ne pas oublier que quelle que soit la solution du problème et il y en aura bien une un jour, ce ne sera qu’une transition vers un ensemble plus large, le Maghreb Uni, sans lequel il n’y aucun avenir possible pour aucun des pays de notre région. Par ailleurs, au stade de l’analyse, on ne réfutera jamais assez la thèse, dominante dans les esprits, aux termes de laquelle le problème du Sahara occidental serait la cause des mauvaises relations algéro-marocaines et,  partant,  de l’échec de l’UMA.  C’est l’inverse qui est vrai. Les dissensions entre nous et le Maroc en sont la cause et non le produit. La cause principale de tout cela est le manque de confiance mutuelle et ce manque de confiance relève de l’insuffisance de nos systèmes institutionnels, notamment du déficit de l’État de droit dans la région.

Le Premier ministre français sera en visite en Algérie à partir du 10 avril. Pourquoi les relations algéro-françaises sont à sens unique ?

Ne jetons pas la pierre sur d’autres avant de la jeter sur nous-mêmes. Dans ce domaine, il y a une dissymétrie extraordinaire. Les Occidentaux s’adressent à nous en tant que porteurs d’intérêts nationaux. Nous nous présentons à eux en tant que pouvoirs politiques. Et là tout est faussé. Ce qu’on a brandi comme un fleuron de coopération industrielle, n’est guère plus qu’une importation de voitures… en pièces détachées. Durant la période coloniale, la même marque, fabriquait en Algérie colonisée une voiture à 40% d’intégration. En soixante ans nous avons régressé de 40 à 0% par rapport à notre état de colonisés

Alors que la menace Daech devient de plus en plus importante, l’Algérie estime qu’une intervention militaire ne pourra résoudre le conflit en Libye. Partagez-vous cet avis  ?

Ont raison ceux qui disent cela. Feu Mohamed Lamari avait dit, il y a de cela treize ans, concernant le terrorisme en Algérie : « Nous avons vaincu militairement mais le problème politique demeure ». Il avait raison. Militairement, on traite les symptômes du mal. Une solution durable ne sera jamais possible tant que les populations arabes et musulmanes sont prises en otage par les différents pouvoirs et totalitarismes mondiaux. Lorsque sera chez nous en visite, le Premier ministre d’un pays qui est confronté à la problématique du terrorisme, il serait peu avisé de lui rappeler que le peuple algérien a été confronté à l’horreur du terrorisme durant les années 90 dans un isolement diplomatique quasi général.

Il sera intéressé d’entendre une réponse possible à une question que les médias de son pays posent bien souvent : pourquoi les musulmans ne descendent-ils pas dans la rue pour manifester contre le terrorisme ? Peut-être parce qu’ils y sont plus accoutumés que les non-musulmans : depuis des décennies le même terrorisme les frappe quotidiennement. On n’oublie que trop, qu’en moyenne, pour un non-musulman assassiné, mille et même plus de mille musulmans sont massacrés au nom de l’Islam. Cela ne diminue en rien l’horreur des tueries de Paris ou de Bruxelles.

Cela pour dire que dans la lutte contre ce terrorisme, le plus sûr des alliés est au sein même des populations musulmanes, celles-là mêmes que des forces politiques aveuglées par leur propre ignorance ne cessent pas de stigmatiser.

L’éradication du terrorisme passe par deux conditions incontournables (nécessaires et suffisantes) : déterminer les responsabilités des États dans la naissance et le développement du phénomène, gagner la participation des principales victimes du phénomène. Trois totalitarismes détiennent ces populations en otages : les despotismes locaux, le totalitarisme qui usurpe l’Islam, le totalitarisme impérial planétaire. Tant que ce triangle infernal perdurera, il n’y a pas l’espoir de protéger pleinement et durablement les populations civiles. L’Europe et les USA, bien qu’alliés, n’ont pas les mêmes intérêts dans notre région.


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