Parti sans casse



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Il est parti en créant la surprise, lui qui, quelques jours avant, affichait clairement les ambitions de son parti de demeurer aux commandes des destinées des Algériens. Il est parti après avoir été le plus bruyant et le plus controversé secrétaire général de son parti.

Avant son surprenant départ, qualifié de coup de tonnerre, il s'est justement livré à une prise à partie, à une virulente diatribe contre notamment d'anciens caciques du parti et du pouvoir, dont les plus ciblés étaient l'ancien patron du DRS, le général major Mohamed Mediène, dit Toufik, et l'ancien S.G et ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem.

Il est sorti, disent ses partisans, par la grande porte, en le décidant de son propre chef. Ses détracteurs voient dans son départ précipité une punition infligée par le vrai patron du parti, Abdelaziz Bouteflika, qui a décidé de prendre le parti, disent-ils, de ceux que le S.G du FLN qualifiait de comploteurs contre le Président.

On le croyait inamovible, comme Mohamed Médiene, démis de ses fonctions après un quart de siècle à la tête des services ; mais Amar Saadani affirme que sa santé chancelante a eu raison de lui. En politique, tous les postes sont chancelants, selon la sentence populaire.

Le seul inamovible, car conforté par cette même sentence populaire, est celui du chef de l'Etat à qui des indiscrétions prêtent d'avoir poussé Saâdani à la porte de sortie tout en lui sauvant la face : celle d'annoncer lui-même son départ. Saâdani est parti en laissant derrière lui plus de déclarations tonitruantes qu'une gestion partisane à laquelle il aurait survécu.

Il s'est tellement ingénié à attaquer sans ménagement et souvent avec un langage de souk ses « ennemis » qu'il a laissé plutôt l'empreinte d'une « grande gueule « que d'un politicien ayant la culture de l'Etat.

Pour ses partisans, il est un bateleur d'estrade exhibant un franc-parler, tandis que pour ses opposants il s'agit d'un pitre qui a fait descendre le niveau du discours politique au caniveau. Dans une énième tirade contre ses opposants, il ne s'est aucunement retenu de qualifier le général Toufik et Belkhadem de suppôts de la France.

Des déclarations qui ont provoqué un fort malaise au sein de la classe politique et qui auraient exaspéré le chef de l'Etat et d'anciens cadres du parti. Saâdani a-t-il fini par se rendre compte qu'il y a des limites à tout, même s'il a eu le courage d'être le premier à avoir brisé le mur de la peur en décochant des flèches empoisonnées contre le patron du DRS, lui imputant de nombreuses tares qui, selon lui, ont contrarié le fonctionnement des institutions.

Sa sortie médiatique avait alors défrayé la chronique. Alors qu'on prêtait à Toufik l'intention de sévir farouchement, rien ne fut. Saâdani est resté confiant jusqu'à l'excès. Une attitude qui lui a valu la trappe mais sans subir de casse.


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