Accord de l’Opep

les rôles déterminants de Poutine et de Riyad, la médiation algérienne



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L’Opep a conclu un  accord historique, mercredi 30 novembre, à Vienne pour réduire  sa production de 1,2 millions de bpj, avec une réduction de 600.000 bpj prévue par les producteurs hors Opep, dont 300.000 portés par la Russie.

L’obtention d’un accord mercredi était dans l’intérêt de l’Arabie saoudite, qui a pour l’instant besoin d’une hausse des revenus liés au pétrole pour investir dans la diversification de son économie trop dépendante des hydrocarbures. Cette diversification est une ambition que le prince Mohammad bin Salman Al Saud, fils du roi Salman, a développée dans son plan Vision 2030. La réussite de ce plan réduirait les risques de mécontentement populaire et renforcerait par ailleurs la place du prince Mohammad bin Salman dans le royaume.

Mais la possibilité d’un accord a été freinée par les divergences entre l’Arabie saoudite et l’Iran, deux rivaux qui ont campé sur leurs positions avant la rencontre de Vienne. L’Arabie saoudite a menacé d’augmenter sa production si l’Iran n’acceptait pas de réduire la sienne. L’Iran a continué d’exiger d’être exempté de réduction. L’accord a toutefois fini par avoir lieu entre les deux rivaux, grâce à la médiation de l’Algérie et à l’intervention déterminante de la Russie.

Pour la Russie aussi, l’accord en vue d’une hausse des cours est souhaitable. La gouverneure de la Banque centrale russe Elvira Nabiullina a affirmé vendredi que la décision de réduire la production de pétrole permettrait une hausse des prix et un rétablissement plus rapide de l’économie russe, rapporte Reuters. Selon une source citée par l’agence, « Poutine (voulait) l’accord, point final. Les compagnies russes allaient réduire » leur production ».

Le ministre saoudien al-Falih et son homologue russe Alexandre Novak auraient eu un échange téléphonique à 2h du matin le jour de la réunion de Vienne, rapporte Reuters. Le ministre aurait affirmé accepter une réduction de sa production, à condition que l’Arabie saoudite fasse pression pour obtenir une sérieuse réduction de celle de l’Opep.

Un autre échange téléphonique mardi entre le président russe Vladimir Poutine et le président iranien Hassan Rouhani avait permis de rassurer l’Iran et d’influencer sa participation à l’accord, Poutine ayant déclaré avoir l’intention de se joindre aux efforts de réduction, selon le Financial Times.

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Un précédent effort diplomatique du ministre algérien Noureddine Bouterfa à Moscou et à Téhéran avait déjà aplani les difficultés et permis d’obtenir un accord de la Russie pour une réduction de 200.000 bpj.

Le président Poutine aurait aussi insisté que le fait qu’un accord avec l’Iran était possible à condition que l’Iran ne crie pas victoire devant ses rivaux Saoudiens, rapporte Reuters.

Après l’échange avec le président Poutine, le président Rouhani et le ministre Bijan Zanganeh ont contacté l’Ayatollah Khamenei, qui a insisté sur l’importance pour l’Iran de ne pas céder aux pressions politiques et de refuser toute réduction à Vienne.

Lors de la réunion, c’est l’Algérie qui, selon Reuters, a proposé un compromis entre les 4,2 millions de bpj demandés par l’Iran et les 3,8 demandés par l’Arabie. L’Iran a ainsi accepté de geler sa production une fois atteint le seuil de 3,9 millions de bpj. Le ministre iranien, qui avait déjà accepté l’accord la veille suite à la médiation algérienne, a pris garde à ne pas faire de tapage au cours de la réunion face à l’Arabie saoudite, rapporte Reuters.

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« Nous avons été fermes », a déclaré le ministre iranien à la télévision nationale, selon Reuters. « Le coup de téléphone entre Rouhani et Poutine a joué un rôle majeur… Après le coup de téléphone, la Russie a soutenu la réduction ».

L’Irak, isolé par son opposition à l’accord, aurait fini par l’accepter après avoir constaté la nette hausse des cours mercredi. Le ministre irakien Jabar al-Luaibi aurait appelé depuis la réunion son président, Haider al-Abadi, qui lui aurait donné son approbation.

Le ministre saoudien Al-Falih aurait ensuite quitté le meeting pour appeler le ministre russe Novak et lui annoncer que l’Opep allait tenir sa part de l’engagement. Le ministre russe lui aurait alors confirmé son intention de participer à la réduction à hauteur de 300.000 bpj, soit 100.000 de plus que prévus par le ministre algérien Bouterfa, rapporte Bloomberg.

L’accord presque conclu, l’Indonésie aurait objecté et refusé de réduire sa production. La réduction prévue était de 34.000 bpj, mais l’Indonésie n’en acceptait que 5.000. En conséquence, rapporte Reuters, une solution rude a été choisie et l’adhésion de l’Indonésie à l’Opep a été suspendue.

Malgré la réussite de l’accord mercredi, les doutes du marché persistent. Une augmentation de la production américaine de pétrole de schiste est prévue par de nombreux observateurs. Mais selon Reuters, c’est l’Afrique qui pose le plus grand danger à la réduction prévue par l’Opep. En particulier, le Nigéria et la Libye, tous deux exemptés de réduction, espèrent une forte augmentation de leur production dans un avenir proche.

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