Le gouvernement cafouille et tergiverse



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Alors que pas moins de 46 agréments ont été accordés pour la création de bureaux de change, seuls 6 auraient tant bien que mal pu voir le jour. Annoncées à maintes reprises, la réforme et l’organisation du marché des devises, avec en point de mire l’installation d’un réseau d’agents agréés, ne verra sans doute pas le jour dans le contexte économique actuel. Incapables de concrétiser une telle démarche, au vu notamment de l’absence d’une offre de devises à proposer, les responsables du gouvernement n’hésitent pourtant pas à tergiverser et à tenir un discours pour le moins ambigu  quant à la mise en œuvre d’une nouvelle politique de change. Ainsi, après les récentes sorties médiatiques du gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, indiquant clairement que l’installation de bureaux de change n’est plus à l’ordre du jour, c’était au tour du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de venir prêcher, avant-hier à l’APN, une chose et son contraire. A s’en tenir en effet aux explications qu’il a fournies en guise de réponses aux députés, le Premier ministre, cité par l’APS, n’a pas hésité à affirmer que la Banque d’Algérie a arrêté une série de mesures pour réglementer le marché des devises et relancer les bureaux de change en Algérie. Dans le même contexte, il a évoqué un impact de la situation de la balance des paiements et le recul des cours du pétrole sur «l’irréalisation de la convertibilité du dinar au profit des familles». En outre, admet-il, le manque d’intérêt des investisseurs quant à la création de bureaux de change s’explique, en premier lieu, par la faiblesse de leur marge bénéficiaire notamment à la lumière du recul de l’offre de devises par les non-résidents en raison de la baisse de l’activité touristique. Aussi confuses et contradictoires, les explications du premier responsable du gouvernement semblent d’autant plus manquer d’à-propos qu’elles ne correspondent ni aux réalités du terrain ni au discours du gouverneur de la Banque centrale, à qui échoit, faut-il le rappeler, la gestion de la politique de change. Ainsi, alors que pas moins de 46 agréments ont été accordés pour la création de bureaux de change, seuls 6 auraient tant bien que mal pu voir le jour, faute bien sûr d’offre de devises suffisante et de rentabilité à escompter, surtout en comparaison avec ce que peut offrir le marché parallèle. Une réalité que confirme très clairement le discours du gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, qui, pour sa part, n’avait pas hésité à signifier, il y a à peine un mois, que dans le contexte économique actuel, l’ouverture de bureaux de change n’est plus une priorité et qu’il n’est point question «de faire une convertibilité précoce du dinar». Le gouverneur, qui répondait lui aussi aux interrogations des députés fin octobre dernier, avançait en ce sens que les bureaux de change ne peuvent être d’une grande efficacité quand la monnaie locale n’est pas convertible et quand le flux de touristes étrangers est faible, comme c’est le cas bien évidemment en Algérie. Aussi, entre les vœux pieux d’une grande réforme de change, ressassés depuis tant d’années, les discours ambigus des uns et des autres et les réalités économiques du pays, il semblerait que le commerce informel des devises a encore de beaux jours devant lui. 


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