CONDITION DE LA REUSSITE DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE 2016/2020

Mobilisation des acteurs politiques, économiques et sociaux et valorisation du savoir



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Toute politique économique doit forcément être mise en œuvre par des acteurs politiques, économiques et sociaux, notamment les acteurs acquis à l'esprit des réformes qui trouveront des résistances naturelles face aux tenants de la rente. Ayons une vision positive car la société algérienne est appelée à connaître des recompositions sociales très importantes entre 2016/2025, différentes des anciennes alliances bureaucratiques rentières qui ont atteint leurs limites. Et ces nouvelles mutations auront comme soubassement les enjeux économiques, en fait le nerf de tout pouvoir et seront influencées par des facteurs externes et internes, devant éviter de plaquer des modes d'organisation importés, tenant compte de notre anthropologie culturelle. 1.-La réussite implique d’approfondir   l’Etat de Droit et la moralité,  garant de l'implication de la société. Si l’expérience historique montre que l’Etat de Droit ne s’assimile pas  forcément durant une première phase historique à la démocratie ( expérience du Chili, de la Corée du Sud , de Bismarck en Allemagne ), il n’en demeure pas moins en ce XXIème siècle, que je suis persuadé  que seule la démocratisation progressive tenant compte  de nos valeurs culturelles, dans tous les domaines de la vie sociale, rompant avec les pratiques néfastes du passé, soit la seule voie de salut pour une Algérie prospère, dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux compte tenu de la métamorphose du monde. Mais que l’on s’entende bien, il y a solidarité entre la démocratie politique, sociale, culturelle et économique. On ne peut se targuer d’être un quart démocrate par exemple, en politique, mais pas en économie, au niveau social et culturel. La démocratie politique suppose la libre action des partis sur la base de respect des idées d’autrui, d’un programme clairement défini. La lutte doit se dérouler sur le plan des idées à mettre en œuvre en cas où l’opposition arrive au pouvoir. Et le pouvoir est le pouvoir et  l’opposition est l’opposition. Sur le plan social, le syndicat unique est à jamais révolu. La pluralité syndicale, l’implication de la société civile, à travers leurs organisations économico-sociales, est le signe de la vitalité de toute société par la naissance de nouvelles organisations, nouvelles dynamiques, poussant les anciennes plus conservatrices par définition, au changement nécessaire. La démocratie culturelle implique la reconnaissance des spécificités culturelles, la refonte de l’ensemble du système socio-éducatif car l’homme, pensant et créateur, doit être le pivot de tout processus de développement s’adaptant au monde en mouvement.  Car,  le XXIème siècle sera culturel ou ne le sera pas, ce qui serait préjudiciable à l’ensemble de l’humanité. Car l’élément inter-culturalité est la base des échanges, par le combat, contre toute forme de racisme et de diktat de la pensée unique, signe le plus évident de décadence de toute société. La liberté des médias, à travers une concurrence loyale durant cette phase de transition en Algérie, doit être une préoccupation constante, ainsi qu’à un renouveau culturel pour véhiculer le nouveau mode de pensée. La démocratie économique n’est que la traduction de l’instauration de l’économie de marché concurrentielle à base de concertation sociale dans le cadre de l’interdépendance mondiale- projet de société économique qui a l’adhésion de majorité de la population qui aspire à un changement. L’Algérie doit donc s’adapter aux nouvelles mutations géostratégiques politiques, militaires, sécuritaires, sociales et économiques au sein d’un monde en perpétuel mutation. La synchronisation des rôles complémentaires Etat-marché durant cette transition est stratégique. L’économie de marché véritable ne saurait se limiter à la sphère commerciale mais induit une croissance durable basée sur la production de richesses permanentes tenant compte du bouleversement technologique mondial et de la concurrence internationale, l’Etat Régulateur étant le garant du contrat social. Cela doit  se caractériser par la lutte contre tout monopole qu’il soit de type public ou privé. La  concurrence doit s’effectuer loin de toute vision de modèle périmée, (d’économie autocentrée stalinienne) par l’entrée de l’Algérie dans le cadre de la division internationale du travail à travers la stratégie tripolaire (ALENA, APEC, Europe via Afrique dont la Méditerranée constitue un sous-segment dynamique) qui se dessine à l’horizon 2020/2030.  Pour cela, il y a nécessité de repenser le nouveau rôle de l’Etat Régulateur qui devrait s’adapter à la nouvelle économie mondialisée et aux règles universelles de l’économie de marché, pour se consacrer à sa mission d’encadrement macro-économique, macro- sociale, et investir dans certains segments en amont, dont la maturation est très lente. On ne peut séparer la dynamique économique  et financière, la dynamique économico- financière  et la dynamique sociale, eux mêmes largement influencés par l’internationalisation de l’économie, et si l’on veut avoir une cohérence et une  visibilité dans la démarche de toute politique socio-économique fiable loin du statut quo actuel. Cette solidarité des démocraties – en fait de la démocratie, trouvera des oppositions des rentiers, dont le fonctionnement occulte a conduit à la crise multidimensionnelle que l’ensemble de la population vit dramatiquement. Ce qui explique certaines dénaturations, assimilant faussement réformes au bradage de l’économie nationale, et rend urgent l’approfondissement  de la réforme globale  pour asseoir  l’Etat de droit (une véritable justice loin des injonctions), la véritable démocratie et l’adaptation  de  l’Algérie aux mutations mondiales pour un monde multipolaire. Il  s’agit d’avoir une vision stratégique clairement affichée de passage d’une économie rentière à une économie basée sur le travail et la récompense de l’effort supposant de restaurer l’autorité de l’Etat selon une vision démocratique. Sur le plan économique, les axes à mener avec énergie comme condition de sortie de la crise, sous réserve de la mise en place des solidarités démocratiques analysées précédemment sont les suivants :  le régime des changes, lié à la fixation de la cotation du dinar,  au développement de la sphère informelle et des transferts illicites  des capitaux,   la libéralisation maîtrisée du commerce, la libéralisation maîtrisée des prix et compensations d’émissions,  la rationalisation ciblée des finances publiques,  la réforme monétaire et surtout du secteur financier, la réforme de l’entreprise publique, le nécessaire développement du secteur privé, la dynamisation du secteur habitat fondée sur  de nouvelles méthodes de construction,  sur les économies d’énergie, une réelle transition énergétique reposant sur un Mix énergétique  à la politique de l’environnement et des industries écologiques, une nouvelle politique agricole renvoyant à la politique de l’eau dans un pays semi-aride et du tourisme permettant d’importantes économies de devises,  une nouvelle politique industrielle reposant sur l’innovation continue (intelligence artificielle, biotechnologies ect..) par la prise en compte de la quatrième révolution industrielle, l’ère mécanique étant dépassée, la mise en place d’un véritable marché du travail , conciliant flexibilité et  sécurité par une formation permanente dont le fondement est  la réforme de l’école mère de toutes les réformes ,  tout en protégeant les droits des travailleurs par la  mise en place du filet social (lutte contre la pauvreté et assistance sociale aux plus démunis) et enfin  l’amélioration des données statistiques et leur uniformisation  par la   création d’une institution indépendante de  planification stratégique sous l’autorité du président de la république ou du premier ministre.
 2.-Cette adaptation aux nouvelles mutations ne doit pas occulter le facteur culturel stratégique dans tout processus de développement. D’une manière générale le savoir  avec la stabilité de l’environnement politique, économique et social sont déterminants selon l’ensemble des rapports internationaux, étant un élément déterminant du développement des Nations au  XXIème siècle avec la bonne gouvernance. Comment ne pas rappeler que les grands économistes classiques ont montré que le fondement de la création de plus- value est le travail et l’intelligence,  existant  un  lien dialectique entre transfert de technologie, le développement et la culture d’une manière générale,  devant concilier la modernité et notre authenticité.  Le bon management a besoin de ses connaissances et ses compétences (le Knowledge Management) qui stratégique pour chaque entreprise qui veut continuer à réussir. Le management des connaissances s’appuie sur les leviers de succès à savoir, les connaissances incorporées dans les produits et services; les connaissances et compétences humaines au sein de l’entreprise (le capital humain) ; les connaissances contenues dans les processus (la structure interne) ; la mémoire organisationnelle ; la mémoire transactionnelle et enfin les connaissances en tant que biens immatériels (capital intellectuel). Car face à la pression de la concurrence par l’innovation, au développement de produits sur-mesure et de technologies de plus en plus complexes, à la production de services de plus en plus personnalisés, le travail demandé aux salariés n’a plus rien d’immédiat. De plus en plus, les directions d’entreprises demandent aux salariés de produire la connaissance de leur propre travail. Cette production de connaissances repose sur des formes d’engagement et d’implication qui font jouer un rôle central à l’initiative, à l’intuition, aux jugements,( la fameuse boite à outils japonais source d’innovation par le collectif des travailleurs ) mais aussi aux capacités des individus et plus largement aux “savoirs sociaux” Comme le note avec pertinence le sociologue Ian Vásquez, je le cite « cela s’inscrit dans le cadre de la dynamique historique du capitalisme. Les “savoirs sociaux” sapent les bases technologiques, organisationnelles et institutionnelles du capitalisme industriel en opérant de l’intérieur une ouverture radicale de la propriété à des formes sociales d’organisation et de gestion de la production plus ouvertes, plus libres et plus épanouissantes. Cette ouverture traduit la nécessaire rupture avec les formes de gouvernance centralisées, disciplinaires et mutilantes héritées de l’ère fordienne. ». Aussi, le capital se socialise dans différents dispositifs techno-organisationnels influant dans le rapport des individus au travail. Les enquêtes montrent clairement que cette extension des savoirs sociaux s’accompagne de nouvelles formes de segmentation (qualifiés/non qualifiés ; mobiles/immobiles ; jeunes/vieux ; homme/femme et d’un partage des activités et servies qui deviennent de plus en plus marchands (délocalisation avec l’informatique en Inde l’électronique au Japon, Corée du Sud etc….C’est la résultante de la nouvelle configuration de la division internationale du travail, produit de l’évolution du développement du capitalisme, la mondialisation processus historique non encore achevée surtout avec la prise en compte du nouveau défi écologique technologique. Cette approche socioculturelle qui rend compte de la complexité de nos sociétés dont le transfert de technologie en est l’aspect apparent doit beaucoup aux importants travaux sous l’angle de l’approche de l’anthropologie économique de l’économiste indien Nobel Amartya SEN où d’ailleurs selon cet auteur il ne peut y avoir de développement durable sans l’instauration de l’économie de marché concurrentielle et d’une véritable démocratie solidaire qui seule permet à la fois la tolérance, la confrontation des idées contradictoires utiles et donc l’épanouissement des énergies créatrices. C’est que la  culture nationale n’est pas figée, mais est  évolutive fortement marquée par l’ouverture de la société sur l’environnement englobant l’ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes partagés par la majorité du corps social est un constituant essentiel de la culture d’entreprise et du transfert technologique. Les expériences réussies du Japon, des pays émergents comme la Chine et l’Inde montrent que l’on peut assimiler la technologie sans renier sa culture. D’ailleurs le transfert est favorisé lorsqu’il existe une meilleure compréhension des valeurs convergentes et divergentes qui s’établissent entre deux groupes et vouloir imposer ses propres valeurs, c’est établir une relation de domination qui limite le transfert. Aussi, la culture d’entreprise est un sous-produit de la culture nationale et par conséquent un ensemble de valeurs, de mythes, de rites, de tabous et de signes partagés par la majorité des salariés et un élément essentiel pour expliquer les choix stratégiques en renforçant les valeurs communes :exemple , les règlement de conduite , les descriptifs des postes, ainsi que par le système de récompenses et de sanctions adopté. Pour que les salariés soient mobilisés, pour qu’ils s’identifient à leur entreprise et s’approprier son histoire. Tout cela facilite le transfert de technologie quine doit pas se limiter à l’aspect technique, mais également managériale, organisationnel et commercial devant introduire l’’indice de développement humain ou IDH développé en 1990 par l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq et l’économiste indien, prix Nobel d’économie Amartya Sen qui traduit l’importance du développement humain incluant le taux de croissance, les performances de l’’éducation et de la santé devant à l’avenir inclure le taux de participation de la femme, signe du développement, à la gestion de Cité et des indicateurs environnementaux et démocratiques dont la liberté de la presse et les indices de corruption. Car les enquêtes sur le terrain montrent clairement pour l’Algérie,  un niveau scolaire mitigé, ayant plus de chance d’être chômeurs au fur et à mesure que l‘on gravite dans la hiérarchie scolaire, des sureffectifs dans les classes et amphithéâtres, des déperditions croissantes du primaire, secondaire au supérieur, une gestion défectueuse des établissements scolaires avec des bâtiments délabrés et un environnement sans âme.  A la lumière de toutes les expériences mondiales, il ne peut y avoir aucun développement durable sans la revalorisation de l’élite du pays dont les bienfaits sur toute société ne peuvent se faire sentir qu’à moyen et long terme loin des indicateurs économiques de court terme.

 


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