Des élites marocaines

« Il faut arrêter de créer des victoires fictives… »



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Au lendemain de la mise au point de la présidente de la commission de l'Union africaine Mme Zuma, laquelle a cloué le bec au ministre des AE marocain, le renvoyant même à ses chères pénates, certains intellectuels marocains commencent à reconnaitre que l'approche actuelle développée par la diplomatie de sa Majesté est loin d'être sans reproche, faite d'agitations médiatiques plutôt que d'une approche pragmatique.

Mohamed Nechtaoui, professeur des relations internationales à l'Université Cadi-Ayyad de Marrakech, commence par d'abord fustiger la diplomatie marocaine : « L'histoire de la diplomatie marocaine est marquée par plusieurs fautes graves.

En plus de cela, personne ne peut désigner aujourd'hui l'entité ou les responsables qui gèrent le dossier du Sahara occidental : s'agit-il du Palais royal ?

Du ministère des Affaires étrangères ? Du bureau chargé de la coordination avec la Minurso ? Il y a beaucoup d'intervenants mais sans aucune coordination », dit-il.

Tout en qualifiant le retrait du Maroc de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) de « la plus grande faute », le chercheur rappelle que « la politique de la chaise vide ne peut que constituer un faible choix stratégique ». Par où commencer alors ? « On doit d'abord rectifier les fautes du passé et en même temps, éviter d'en commettre de nouvelles.

C'est la raison pour laquelle je dis qu'il ne faut pas qu'il y ait de réactions rapides et mal calculées », estime-t-il, avant de fustiger l'approche marocaine : « Il faut aussi arrêter d'appeler à la théorie du complot, et oublier les discours où on présente le Maroc comme une victime ou comme un Etat visé par des pays ennemis.

Ce discours n'est plus d'actualité et la diplomatie d'aujourd'hui doit être une diplomatie des intérêts, non seulement économiques, mais culturels et sociaux », poursuit-il.

Et d'enchaîner : « Aujourd'hui, il faut convaincre. Sortons donc nos arguments à nous et faisons des efforts pour convaincre que notre position est plus fiable et plus juste, sans tomber dans des réactions dénuées de sens. Ce dossier ne doit pas être traité par des moyens obsolètes ».

Pour le professeur de l'université, il faut aussi « arrêter de créer des victoires fictives. » Pour rappel, l'UA a réagi avant-hier aux accusations marocaines en soulignant que la procédure d'admission d'un pays à l'Union africaine « est du ressort exclusif des Etats-membres ». De même que le communiqué « nie toute tentative de contrarier le retour du Maroc.

La demande du Maroc est dans le système de l'UA. Elle passe par les processus et les procédures internes de l'Union, comme le prévoit l'acte constitutif de l'UA. Le royaume du Maroc sera également informé du résultat », précise le communiqué.


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