Yacef Saâdi raconte la bataille d’Alger

les tentatives de division



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Les tentatives de division que Jacques Soustelle essaya d’opérer de tous côtés ne nous étonnâmes guère. Il n’y avait là aucune surprise pour nous.

Inciter les Algériens à s’entretuer et provoquer ainsi une déchirure profonde dans le pays pour avoir la liberté de décider de son avenir unilatéralement est une vielle méthode que la colonisation a largement utilisée. Grace à la lucidité du peuple et au travail d’encadrement rapide qui s’est effectué dans l’ensemble du territoire, cette ruse de guerre, souvent payante, ne donna pas les résultats escomptés.

L’opération Bellounis, baptisée force K, par l’état-major de l’armée française et entamée par un certain capitaine Pineau tourna court. Le commissaire Colona, en poste à Tizi-ouzou, prenant ordre d’Alger, vers le milieu de l’année 1955 assura à ce collaborateur notoire que fut Bellounis un appui et des moyens de guerre, avec pour point de départ le douar Hizer, dans le Djurdjura.

De retour d’Oran après une cérémonie consacrée à la mémoire du père de Foucault, le professeur Massignon, aujourd’hui mort, entendit Soustelle lui dire : « Le Messalisme est ma dernier carte ».

D’autres tentatives très dangereuses pour l’Algérie furent elles aussi montées de toutes pièce , notamment l’opération Belhadj , dit Kobus, ou cette autre de Bachagha Boualam dans la vallée du Chélif . elle provoquèrent de la part du FLN une  riposte rapide et nécessaire, afin de barrer la route à la contre révolution et à la collaboration. De là furent tirés les fameux bilans utilisés contre le FLN et qui firent état de nombreuse victimes d’origine musulmane.

Le pouvoir colonialiste a organisé, dans des corps plus ou moins armés, des éléments supplétifs, tous d’origine algérienne. Ce furent les Groupes mobiles de police rurale (GMPR), les harkis et les groupes d’autodéfense. Il essaya même d’organiser une troisième force par la promotion rapide de certaines couches de la population musulmane.

La lutte impitoyable contre les traîtres à la cause nationale n’est envisagée que d’un cadre organisationnel et d’une vision claire des impératifs de mobilisation, il reste entendu qu’il y a plusieurs manières d’effectuer ce travail d’épuration.

L’adversaire, lui aussi à la recherche de ses alliance extra naturelle, trouvera à la suite de ces menées bien des hommes susceptibles de rejoindre ses rangs pour l’aider dans son travail répressif ou autre.

Le système colonial, avec sa domination corruptrice par nature, a utilisé une minorité d’Algériens, tenus en laisse par quelques avantages matériels ou de prestige. La remise en cause du système colonial par les armes menaçait les intérêts mesquins de ces musulmans et les acculait à un choix. Sévir contre eux sans leur donner l’occasion de se rattraper également sur le passé eut été une faute que nous n’avons pas commise.

Nombreux furent les élus préfabriqués qui naguère jouissaient de tous les privilèges concédés par l’administration coloniale et qui finirent par adopter des positions conséquentes. Des délégués à l’Assemblée algérienne, des députés, des membres de l’Union française, des conseillers généraux ou municipaux, etc. ont presque tous abandonné leur mandat et cessé toute activité contraire à l’intérêt national. Ils se cantonnèrent dans une attitude bienveillante ou neutre, selon les cas.

D’autres facteurs ont joué pour amener les velléitaires et les attentistes à adopter une attitude correcte de solidarité communautaire. Par exemple, l’insécurité générale dans la quelle vivait le peuple algérien, suspecté dans son ensemble d’entretenir des attaches avec l’organisation FLN. Les maladresses des opérations de bouclage et de ratissage dans un milieu au liens familiaux solides, les arrestations arbitraires des « suspects », l’emploi systématique de la torture, le contre-terrorisme, etc.

Ceux qui furent abattus le furent parce qu’ils avaient maintenu leur activité politique, usurpant aussi une confiance dont ils n’avaient jamais bénéficié. La révolution devrait se défendre, et elle le fit d’autant plus aisément qu’elle a maintes fois sommé ces malheureuses victimes de renoncer à leur jeu néfaste pour l’intérêt général. Leur refus a motivé leur fin.

À part les cas limites ou d’extrême nécessité, la terreur pratiquée par le FLN, quoi qu’en disent nos adversaires, ne s’est que rarement exercée contre des gens qui lui ont refusé leur soutien. On préférait convaincre. D’autant plus que dans chaque famille algérienne, un ou deux membres étaient déjà engagés dans la lutte, ce qui aurait rendu difficile une action systématique contre les réfractaires.

Par ailleurs, les tentatives de division du peuple à la faveur de quelques éléments messalistes, dévoyés par leurs chefs, notamment Bellounis et Kobus, cités plus haut, ou « Béni-oui -oui » notoire comme Ourabah et Bachagha Boualem, aucun reproche fondé sur le plan révolutionnaire ne nous sera adressé pour avoir combattu et fait cesser leurs agissements dangereux. Certes, eux aussi ont été perdus par méthodes et la mauvaise foi du pouvoir colonialiste. Leur liquidation a relevé néanmoins d’un impératif indiscutable de la lutte révolutionnaire.

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