FCE – Gouvernement

l’inévitable clash



...

Il y a deux ans, le 27 novembre 2014, Ali Haddad succédait à Réda Hamiani à la tête du FCE. En s’emparant de la tête de la plus importante organisation patronale du pays, Ali Haddad bouclait en apothéose une année pleine de succès, après avoir pris part activement à la réélection du président Bouteflika pour un quatrième mandat présidentiel.

Depuis son intronisation à la tête du FCE, l’homme, qui était influent dans l’ombre, a pris une autre dimension. Il exhibait parfois d’une manière ostentatoire, son nouveau statut, celui d’une personnalité puissante et « intouchable », faisant partie du cercle présidentiel, ami de Sellal, et proche de Said Bouteflika, le frère du Président. « Je suis plus puissant qu’un ministre », disait-il.

Le gouvernement ne lui refusait rien ou presque, l’autorisant même à enfreindre les règles protocolaires les plus élémentaires. « Quand Haddad organisait des événements, il arrivait toujours le dernier, après les ministres », raconte un patron qui a assisté à plusieurs rencontres du FCE. Haddad s’assoie toujours au premier rang, à côté du Premier ministre ou des ministres les plus importants.

Au gouvernement, il était reçu, consulté, et associé aux décisions économiques. On lui attribue la nomination ou la destitution de certains ministres. Parmi eux : Farouk Chiali, l’ancien ministre des Travaux publics, qui avait osé critiquer le retard enregistré dans la réalisation du tronçon autoroutier Bouira-Lakhdaria, un chantier confié à la société de Haddad, ETRHB, dont les travaux traînent toujours.

L’ami d’Ouyahia

Le pouvoir n’affichait aucune gène à soutenir publiquement Ali Haddad. Ainsi, Ahmed Ouyahia s’est attaqué à maintes reprises « aux populistes » qui refusent « les mutations » et l’implication du privé dans le développement du secteur économique en Algérie. Le chef de cabinet de Bouteflika a apporté son soutien au patron du FCE, lorsqu’il a été attaqué par Louisa Hanoune. « Certains parlent d’oligarchie. Moi, je dis vive l’oligarchie algérienne ! », avait lancé Ouyahia à ses cadres lors d’une réunion.

Ouyahia, habituellement très réservé, assume son amitié avec Haddad. « Je n’ai pas honte de dire que Haddad est un ami. J’étais d’ailleurs parmi les personnes qui l’ont encouragé à se présenter à la présidence du FCE », disait-il encore récemment.

Mais dans son ascension des marches minées du pouvoir, Ali Haddad a multiplié les erreurs et les maladresses, encouragé par la complaisance du gouvernement. Fort de sa proximité avec les décideurs, Ali Haddad n’hésitait pas à tancer les ministres lors des réunions. « Je l’ai entendu dire à un ministre qu’il n’avait peur de personne. J’étais sidéré, choqué », raconte un chef d’entreprise. « Certains ministres n’osent pas lui tenir tête par crainte de représailles », pense le même patron. « Nous, les ministres, on les convoquent », se vantent un des lieutenants d’Ali Haddad auprès d’un chef d’entreprise.

Des agissements qui ont provoqué l’agacement

Mais Ali Haddad ne faisait pas vraiment l’unanimité au sommet de l’État, dans un pays qui ne sait pas encore comment traiter avec ses hommes d’affaires. Les agissements d’Ali Haddad commençaient à agacer dans les hautes sphères du pouvoir. La crise qui couvait a éclaté au grand jour à l’ouverture des travaux du Forum africain de l’investissement et des affaires, samedi dernier. Alors que le patron du FCE prononçait son discours, Sellal et ses ministres retirent ensemble, de la salle, devant les regards étonnés des invités algériens et étrangers.

| LIRE AUSSI : Sellal et les ministres quittent la salle en plein discours de Haddad

Ali Haddad ignorait le planning des interventions, pourtant fixé par la présidence de la République. Du jamais vu. À la clôture, le gouvernement, mécontent, a laissé « l’ami » Haddad seul devant les hôtes de l’Algérie. Aucun ministre n’a assisté à la cérémonie de clôture de ce Forum. « L’incident de l’ouverture du Forum africain a été la goutte qui a fait déborder le vase des dépassements commis par Haddad et de certains de ses lieutenants. Haddad pensait qu’il pouvait se permettre tout », pense un haut responsable.

Un mauvais bilan

Désormais, l’incertitude plane sur l’avenir d’Ali Haddad à la tête du FCE. Pour de nombreux patrons, ses jours sont comptés. La relation contre nature entre un patronat prédateur et un pouvoir rentier a fini par se fissurer, provoquant un mini séisme politique.

En deux ans de règne, Ali Haddad n’a pas fait avancer la cause des patrons algériens, ni contribué, avec ses propositions, à l’amélioration du climat des affaires. Les entreprises paient plus d’impôts, peinent à obtenir des terrains et des financements pour lancer leurs investissements. Malgré ces obstacles, Ali Haddad assumait sa collaboration avec le gouvernement. « Il y a une véritable bande qui s’est constituée, assène un haut responsable. Des prédateurs ont pris le pouvoir pour se servir et servir leurs amis », oubliant au passage de servir l’entreprise algérienne.

Sur le même sujet :

Gouvernement – FCE : la crise Que cache l’incident entre Sellal et Haddad ? Forum africain d’investissements : entretien avec Ali Haddad L’Afrique, une ambition trop grande pour l’Algérie


Lire la suite sur Tout sur l'Algérie.

Publier des annonces gratuites

Autres sites

Sciencedz.net : le site des sciences
Le site des sciences en Algérie


Vous cherchez un emploi? Essayer la recherche d'emploi en Algérie
Babalweb Annonces Babalweb Annonces
Petites annonces gratuites