Elections législatives

Les partis de l’opposition face au spectre de la fraude



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Depuis l’avènement du multipartisme, boycotter ou participer à une élection n’a jamais empêché le système de se maintenir au pouvoir en usant et abusant de la fraude. Une élection en Algérie n’est jamais une opération normale, c’est même un acte volontaire d’usurpation de la volonté du peuple. Un détournement organisé de la volonté populaire. Cet état de fait ne peut toutefois pas empêcher un parti politique de participer à une élection. L’absence de liberté et la fermeture de l’espace public au débat et à l’organisation des citoyens offrent une légitimité aux formations politiques de jouer la carte électorale afin de maintenir ce lien organique avec une base en attente de changement ; de bénéficier d’espaces pour la mobilisation des citoyens autour de leurs projets ; de se garantir des ressources leur permettant de survivre. Il est difficile toutefois pour les formations politiques d’entrer dans le jeu électoral tout en ayant des réserves sur sa transparence. Depuis l’avènement du multipartisme, boycotter ou participer à une élection n’a jamais empêché le système de se maintenir au pouvoir en usant et abusant de la fraude. Ce procédé, hérité de l’époque coloniale, continue de servir au pouvoir d’outil de maquillage des résultats des élections et fabriquer des majorités artificielles et acquises. Le défi qui se pose aux partis politiques est de convaincre les électeurs, en cette année d’austérité financière, d’aller aux urnes au risque de voir leurs voix passer à la boîte magique de la fraude. Mais l’abstention sanctionnerait plus l’opposition que le pouvoir. Ce dernier, qui est entièrement responsable de la situation sociale et économique catastrophique, se sert de l’absence des électeurs pour faire voter même les morts et multiplier les votes des corps constitués. Le non-accès au fichier électoral laisse d’ailleurs planer le doute sur la transparence des élections. Le spectre de la fraude pèse donc sur la prochaine échéance électorale comme il a plané sur les précédentes. Les partis politiques ne cessent d’ailleurs d’alerter sur les conséquences d’une énième usurpation des voix des électeurs. Le FFS avait commencé en émettant des réserves sur la démarche de désignation du président de la Haute commission nationale de surveillance des élections. «Une véritable représentation sociale et politique du peuple algérien passe par une mobilisation de l’ensemble des compétences et énergies nationales dans un cadre institutionnel démocratique enfin capable de mettre les ressources matérielles et immatérielles de l’Algérie au service des Algériens», avait écrit le FFS dans sa réponse à la présidence de la République. Le Parti des travailleurs alerte quant à lui sur les risques que peut engendrer une autre fraude électorale : «Ces élections législatives vont être décisives pour le pays. Soit elles vont être l’occasion pour notre pays de prendre le chemin de la démocratie, de la paix, du progrès et du développement en respectant la volonté du peuple (…), soit ces élections vont plonger le pays dans l’instabilité et l’inconnu.» Une élection ne se réduit pas à un duel partis-pouvoir, elle engage la relation entre gouvernants et gouvernés. Si les gouvernants veulent maintenir le confort que leur procure le statu quo en raflant illégitimement les voix des Algériens, comment et quand se manifestera la volonté des gouvernés ?


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