Abdelaziz Ziari

Gaïd Salah « n’a pas l’ambition » de succéder à Bouteflika



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Ancien président de l’APN et ancien ministre, Abdelaziz Ziari revient, dans cet entretien, sur la situation au sein de son parti, le FLN. Il réaffirme également son soutien au président Bouteflika, critique la gestion de la crise économique par le gouvernement Sellal et parle de la succession du chef de l’État.

Djamel Ould Abbès peine à resserrer les rangs du FLN. Pourquoi ?

C’est une question d’appréciation. Personnellement, je constate que beaucoup de pas ont été franchis dans ce sens. La grande majorité des cadres dirigeants et des militants qui s’étaient dans le passé démarqués du FLN ou étaient passés dans l’opposition sont revenus. Ils vont très certainement participer dans les activités du parti et aux élections législatives et municipales. Évidemment, il y a encore quelques personnes qui ne sont pas contentes. Je ne connais pas les raisons de leur mécontentement.

Donc, le parti n’est pas plus divisé et Djamel Ould Abbas a réussi sa mission de réconciliation ?

Non, le parti n’est pas plus divisé. Djamel Ould Abbas a grandement réussi dans ce sens. J’estime que l’essentiel a été fait. Aujourd’hui, la contestation devient un peu anecdotique. On ne peut pas poser des conditions pour revenir au parti à la veille des élections législatives. Je ne vous cache pas qu’on a la possibilité d’avoir la majorité absolue même dans un système proportionnel. Et cela dépend beaucoup de notre stratégie électorale. C’est-à-dire du choix des bons candidats et des bonnes candidatures.

Djamel Ould Abbas ne cesse de prévenir contre l’utilisation de l’argent sale à la veille des législatives. Cette pratique est-elle finalement bien répandue dans le parti ?

En effet, il s’agit d’une pratique qui a été introduite en 2012. J’étais dans le Bureau politique à l’époque. Je peux vous dire que les choix des candidatures ont été faits dans des conditions épouvantables. C’était la première fois dans l’histoire du FLN que nous constations de façon aussi évidente l’introduction du marchandage avec de l’argent sale. Donc, il est important pour le nouveau secrétaire général d’affirmer et de réaffirmer ce genre de choses. Nous espérons qu’il réussisse à empêcher le blanchiment de cet argent sale au FLN.

Qui est le responsable ? Est-ce que c’est Abdelaziz Belkhadem ?

Je ne veux citer personne. Cela a marqué le début de la crise qui a mené à la destitution de Abdelaziz Belkhadem. Le vote de refus de confiance au secrétaire général à l’époque n’était pas dû au hasard. C’était la conséquence d’un certain nombre de pratiques et de comportements qui ne s’inscrivaient pas dans la ligne et les valeurs traditionnelles du parti. Bien entendu, cela ne concerne pas tous les élus du parti. Aujourd’hui, je souhaite l’établissement de critères avec beaucoup de rigueur et les appliquer.

Un membre du Bureau politique du parti accuse Ould Abbas de vouloir transformer l’actuelle direction en une association d’anciens ministres. Qu’en dites-vous ?

C’est un non-événement ! Ce monsieur ne représente que lui-même. Vous connaissez comme moi les raisons à l’origine de sa démission qui sont personnelles et non politiques.

Y aurait-il d’anciens et d’actuels ministres sur les listes du parti lors des prochaines législatives ?

Je souhaite que la plupart des anciens ministres puissent être candidats mais pas tous. En politique, je crois à l’expérience et aux acquis importants dans la pratique et la gestion qui servent les intérêts de notre pays d’abord et de notre parti ensuite. Donc, cette expérience doit être valorisée et non sacrifiée. Évidemment, leur candidature dépendra de leur poids dans la région où ils comptent se présenter et de leur popularité. Ceux sur lesquels pèsent un certain nombre de soupçons doivent être mis de côté.

Donc, rien n’a été tranché pour l’instant ?

Non, rien n’a été tranché. Ce sont des possibilités. Je pense qu’il est utile pour le parti de présenter les cadres les plus aguerris. Il est nécessaire de chercher à faire émerger les jeunes, mais cela n’empêche pas d’avoir recours aux cadres les plus expérimentés. Et pour aller aux législatives, il faut quand même passer au moins une fois par les élections locales. C’est formateur et cela permet d’avoir une petite expérience à travers la gestion locale.

Le risque de voir des listes dissidentes est-il toujours d’actualité ?

Je leur dis chiche ! C’est impossible. Il n’y aura pas de listes dissidentes. Il y aura peut-être des indépendants. Et ces derniers nous rejoignent souvent par la suite, c’est l’avantage du FLN.

De plus en plus de personnalités évoquent un 5e mandat pour le président Bouteflika. Vous estimez qu’il n’est pas à l’ordre du jour. Le soutiendrez-vous s’il se représente en 2019 ?

Il est clair, net et précis que je soutiendrai le président de la République Abdelaziz Bouteflika s’il se représente pour 2019. D’abord, s’il prend la décision de se représenter, c’est qu’il est en mesure effectivement d’assumer le cinquième mandat. Ensuite, il est normal que je soutienne à la fois le Président de mon parti, le candidat de mon parti et l’homme avec lequel j’ai travaillé durant plusieurs années avec beaucoup de satisfaction. Nos relations ont toujours été excellentes. Je préfère ce qu’on connaît et ce qu’on sait à l’aventure puisque tout le reste est flou.

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Tout le reste est donc flou ?

Comment va émerger un éventuel successeur ? Personnellement, je ne peux pas répondre à cette question. Depuis 2011, j’ai défendu la nécessité de faire du FLN un parti de pouvoir et non un parti du pouvoir, le structurer comme une force de pouvoir capable de proposer des solutions politiques. Cela n’a jamais été le cas.

Selon un rapport parlementaire français, le chef d’État-major « se verrait bien probablement en successeur » de Bouteflika. Partagez-vous cet avis ?

C’est de la pure spéculation liée à l’histoire de notre pays où le militaire a toujours joué un rôle important. Je pense que cette phase est terminée. Dans tous les cas, la liste des potentiels successeurs pourrait être très longue. Si on y ajoute un nom, ça ne changera rien.

Ahmed Gaïd Salah n’a pas cette ambition ?

Non, je ne pense pas. On le lui a attribuée.

Dans leur rapport, les députés français estiment que les changements opérés par le président Bouteflika au sein des services de renseignements sont difficiles à interpréter « tant leur objectif reste opaque ». Et vous, vous arrivez à les interpréter ces changements ?

Oui, absolument. D’abord, la réforme de ces structures était envisagée depuis le début des années 2000. Elle a donc même tardé à voir le jour. L’idée est de recentrer ces activités pour faire en sorte à ce qui appartient au civil reste au civil et ce qui relève du militaire soit géré par les militaires. Il s’agissait aussi de mettre fin aux interférences dans le jeu politique interne. Cela a bien marché. Maintenant, chacun s’occupe de son secteur.

Des rumeurs insistantes font état du retour du général Toufik…

J’en ai entendu parler, mais je n’ai absolument aucune indication là-dessus. Revenir où ? Et pourquoi ? Je ne sais pas. Vous connaissez mon appréciation de la personne. C’est un homme de grande expérience très utile pour le pays.

Sa mise à la retraite est une perte pour le pays ?

Sa mise à la retraite a créé un manque dans la mesure où il était quelqu’un qui apparaissait comme un élément d’équilibre entre les civils et les militaires.

Des violences ont ébranlé la wilaya de Béjaïa au début du mois en cours. Le Premier ministre a évoqué une manipulation. Quel est votre avis ?

En réalité, je n’ai jamais été l’un des grands partisans de la langue de bois et je ne l’ai jamais utilisée. Si le Premier ministre a des éléments avérés pour parler d’une manipulation, il est souhaitable qu’il les montre. Dans ce genre de situation, la transparence est nécessaire. Dans cette affaire, s’il y a bien eu la main de l’étranger, c’est une main avec des gants algériens. Le Premier ministre doit expliquer l’origine de cette manipulation. Sinon, on risque de ne plus être crédibles. Personne ne va nous croire. Les gens se désintéressent.

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L’Algérie est frappée de plein fouet par la crise économique. Vous estimez que les sacrifices doivent nécessairement être bien répartis pour que les gens les acceptent. Comment concrètement ?

Dans un pays comme l’Algérie, le choix est fait pour que l’État continue à assurer sa mission sociale qui est celle de protéger tous les Algériens notamment contre l’alphabétisme et la maladie et pour que l’État soit régulateur. Cela ne justifie pas le gaspillage. Les transferts sociaux doivent être maintenus mais beaucoup mieux ciblés. Dans le domaine des dépenses publiques, il faut voir ce qui mérite d’être sacrifié, ce qui mérite d’être différé ou maintenu à tout prix. C’est là où se feront les arbitrages. Il faut s’assurer que ces sacrifices ne tombent pas de nouveau sur les plus faibles et qui en ont le plus besoin.

Est-ce le cas jusqu’à maintenant ?

Jusque maintenant, on a réussi à maintenir cet équilibre pour que ça ne touche pas les plus démunis.

Le gouvernement a adopté une batterie de mesures pour apporter une solution à cette crise. Est-ce que c’est suffisant ?

Je la trouve insuffisante. Je pense qu’on en est encore loin des réformes économiques nécessaires. Si cette crise est perçue seulement comme une crise financière liée à la baisse des revenus pétroliers, cela veut dire qu’on n’a rien compris. Pourtant, c’est l’occasion pour aller vers des réformes économiques plus profondes justement qui feront que l’Algérie crée des richesses en dehors du pétrole.

Qu’est-ce qui empêche le gouvernement d’aller plus loin ?

C’est le courage qui lui manque. En fait, c’est un gouvernement de hauts fonctionnaires. Cela constitue un facteur limitant. Il est difficile pour lui d’aller plus loin et de lancer des réformes de fond parce qu’il n’a pas le poids et le support politique nécessaire pour aller au-delà et affronter les difficultés.

La plupart des membres de l’actuel gouvernement dont le Premier ministre sont du FLN…

C’est bien qu’ils aient adhéré au FLN. On ne peut pas dire qu’ils font cette politique au nom du FLN.

Vous plaidez pour la nomination d’un gouvernement politique ?

Oui, un gouvernement politique qui permettrait d’aller de l’avant et de prendre des mesures pas toujours populaires mais qui sont absolument nécessaires.

Le FLN ou tout autre parti politique a-t-il aujourd’hui la légitimité nécessaire pour prendre des décisions impopulaires ?

Je pense que pour prendre ce genre de décisions, il faut élargir à tous les partis politiques qui ont des bases réelles, y compris ceux de l’opposition. C’est actuellement qu’il serait utile de trouver un accord avec l’opposition sur une période de temps et autour d’un programme commun pour faire face à la crise économique.

Vous avez vécu la première crise économique en tant que ministre du Travail en (1991-1992). Avez-vous l’impression de revivre la même chose ?

Non, pas du tout. Mais il ne faut pas qu’on arrive à cette situation. Aujourd’hui, je crois  qu’il y a plus de lucidité et que notre marge de manœuvre est plus grande. C’est justement pourquoi il faut profiter de cette période de crise pour essayer de prendre les décisions, les réformes nécessaires et les stratégies de toute nature sur le plan économique.


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