Libye 

la Russie place ses pions



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Les Russes font une entrée remarquée dans l’arène libyenne. Avant tout le monde, les autorités du Kremlin avaient misé sur Haftar. Ils le soutiennent désormais ostensiblement : il y a dix jours, le 11 janvier, il a été reçu en grande pompe sur le porte-avions russe Amiral Kuznetsov, au large de Tobrouk (Libye). Le Maréchal libyen a eu droit à une visioconférence avec le ministre russe de la Défense, Serguei Choïgu. Il a également effectué deux visites en Russie au cours de l’année 2016.

Cette nouvelle médiatisation accrue du soutien russe n’est pourtant pas anodine et répond à deux objectifs. Le premier est lié aux intérêts de la Russie dans la région, qui se rend compte qu’elle a une carte à jouer en termes de contrats d’armements, pétroliers et d’infrastructures dans un pays dévasté par la guerre.

Dans le même temps, des négociations auraient lieu pour l’établissement d’une base navale russe dans la région de Benghazi (Est). Une éventualité qui conférerait à la Russie une position de choix dans l’échiquier géostratégique en Méditerranée. En misant sur Haftar, les russes s’assurent, à peu de frais, un « retour sur investissement » potentiellement conséquent.

« Effectivement les Russes reviennent en force, pour des raisons géopolitiques et avec l’objectif de disposer d’une base navale. Ils soutiennent ouvertement Haftar (tout comme les Français qui disent qu’ils soutiennent le GNA, mais envoient leurs instructeurs et leurs forces spéciales auprès du Maréchal) », explique une source algérienne proche du dossier.

La Russie incontournable : rééditer le scénario syrien

Cela dit, il y a une deuxième raison avancée par les observateurs. La Russie veut se placer comme acteur incontournable de la sortie de crise en Libye. En cela, le Kremlin veut rééditer le scénario syrien, où la Russie occupe une place centrale dans la résolution du conflit.

Les autorités russes n’ont pas digéré la « duplicité » de leurs « partenaires occidentaux ». Au moment des soulèvements populaires du « printemps arabe » – que la Russie considère comme fomentés de l’extérieur – elles avaient joué l’ouverture en s’abstenant lors du vote d’une résolution à l’ONU sur la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Libye.

Or, cette zone d’exclusion aérienne s’est transformée en prétexte pour renverser le régime de Mouammar Kadhafi. Les pays Occidentaux (France et Grande-Bretagne en tête), ont largement outrepassé les termes de la résolution onusienne, selon Moscou. À l’époque, la Russie avait plusieurs milliards de dollars de contrats en cours, partis en fumée avec l’ancien régime de Tripoli.

Montée en puissance de Haftar : la carte gagnante ?

Il est perçu comme le nouvel homme fort de la Libye. Implanté à l’est du pays, le personnage, (auto) proclamé Maréchal, revendique le contrôle de près de 80% du territoire libyen et surtout, des principaux terminaux pétroliers du pays. Un atout stratégique.

« Devenu incontournable, notamment depuis sa prise de contrôle du croissant utile (puits pétroliers) Haftar bénéficiait déjà du soutien des Égyptiens des Jordaniens et des Tchadiens. L’administration Trump devrait suivre », explique notre source. Pour leur part, « les Italiens qui avaient misé sur les milices de Mistrata pour le compte du groupe ENI utilisent désormais le groupe San Egidio pour ouvrir des canaux de négociations entre les Misratis et Tobrouk », poursuit-elle.

En face, le GNA de Sarradj, bien que reconnu par la communauté internationale, semble affaibli. « Tout cela pour dire que Haftar est plus fort que jamais et que les Égyptiens veulent organiser au Caire des négociations directes entre Haftar et Sarradj pour tordre le bras de ce dernier et l’amener à accepter la renégociation de certaines clauses de l’accord de Skhirat (notamment le commandement militaire unifie que Haftar souhaite indépendant de l’autorité et de la tutelle du Conseil présidentiel) », explique notre source.

L’Algérie prudente

Dans ce jeu de « liaisons dangereuses », l’Algérie opte pour la prudence. Une neutralité apparente qui renforce sa position de médiateur potentiel dans la crise libyenne. À ce jour, le gouvernement algérien a reçu les principales parties-prenantes, y compris le Général Haftar et son rival Faiz Sarradj. « Heureusement notre pays a établi des relations équidistantes avec toutes les parties », estime notre source.

Par ailleurs, une forme de coup d’État de Haftar ou de conquête du pouvoir par la force ne semble pas exclue. « Le risque est de voir Haftar, pour qui tout « frère musulman » est un terroriste, lancer ses troupes sur Tripoli après avoir mis au pas les Toubous au sud avec l’aide opérationnelle du Tchad », détaille la même source. Une perspective qui pourrait alors plonger le pays dans le choas.


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