Livraisons de gaz à la France

une affaire qui tombe mal pour Sonatrach et l’Algérie



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La directrice générale de la compagnie énergétique française Engie a affirmé, lundi 23 janvier, que la Sonatrach a rencontré des difficultés dans son processus de liquéfaction de gaz, entraînant une rupture d’approvisionnement vers la France. Quelques jours plus tôt, le directeur général de GRTgaz, filiale d’Engie, parlait de problèmes plus graves, liés à la production de la compagnie pétrolière algérienne.

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Pour sa part, la Sonatrach s’est exprimée de manière anonyme sur l’agence officielle pour dénoncer des pressions européennes, en lien avec les prix du gaz, et démentait toute interruption des livraisons gazières. Au contraire, la compagnie publique laisse entendre que la partie française a réclamé des quantités supplémentaires, que l’Algérie n’était pas en obligation de livrer.

Dans tous les cas, l’image de la Sonatrach est sérieusement écornée. En choisissant l’anonymat, la compagnie nationale donne l’impression d’avoir quelque chose à cacher. En pleine période hivernale et pendant une vague de froid, les accusations formulées contre Sontrach donnent l’impression que l’Algérie n’est pas en mesure d’assurer l’approvisionnement d’un de ces principaux clients, la France.

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La renégociation des contrats en toile de fond

Cette affaire tombe mal pour Sonatrach et l’Algérie, au moment où plusieurs contrats de fournitures de gaz arrivent à terme et sont donc en phase de renégociation. L’Algérie souhaite maintenir des contrats à long terme, indexés sur le niveau des prix du pétrole et garantissant des volumes livrables prédéterminés, tandis que la plupart des partenaires européens veulent plutôt aller vers des contrats à court-terme, plus souples.

Cette perturbation des livraisons fait donc désordre et peut contribuer à un affaiblissement de la force de négociation de la Sonatrach. C’est d’autant plus vrai que l’Algérie fait face à la concurrence de plusieurs pays, qui lorgnent les parts de marché conséquentes du pays en Europe, notamment ceux du bassin méditerranéen (Italie, Espagne et France).

Or, l’Algérie n’a eu de cesse de se poser en partenaire fiable et en recours solide contre la dépendance au gaz en provenance de la Russie. Une dépendance jugée dangereuse, tant les Européens prêtent l’intention aux russes d’utiliser l’arme énergétique à des fins politiques. Plus encore, des acteurs gaziers comme le Qatar, voire même les États-Unis avec leur production de GNL à partir du schiste, posent une sérieuse menace à la position algérienne.

Bien que des manœuvres à visées commerciales ne soient pas à exclure – potentiellement perceptibles dans la différence des versions avancées par Engie et sa filiale GRTgaz – il parait invraisemblable que deux responsables d’un groupe aussi important qu’Engie mentent ouvertement sur une question aussi sensible.

Une communication hasardeuse de la Sonatrach

En face, la communication de la Sonatrach est timide et même très mauvaise. Une simple source anonyme, timidement appuyée par le ministre de l’Énergie Noureddine Bouterfa, est venue démentir les premières affirmations de GRTgaz (filiale d’Engie) et dénoncer des pressions des compagnies européennes pour faire baisser les prix du gaz. Depuis hier, aucune nouvelle source algérienne ne s’est exprimée sur la question.

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