Victimes algériennes, les oubliés de la guerre



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Depuis 1962, un silence radio s'est installé ici et en France. Quarante années plus tard, la question est remise sur le tapis et les langues commencent à se délier.

Le premier essai nucléaire français dans le Sahara algérien a eu lieu le 13 février 1960 à Hammoudia, à cinquante kilomètres de Reggane, et avait pour nom de code « Gerboise Bleue ».

Ce jour-là, à 7h 04, la terre avait tremblé car la déflagration était d'une puissance de 70 kilotonnes, soit trois fois celle de Little Boy, qui avait pulvérisé Hiroshima. Trois autres tirs intitulés « Gerboise blanche », « rouge » et « verte » suivront rapidement tandis que cinquante-sept autres essais seront menés. Après l'indépendance de l'Algérie, en 1962, treize autres essais auront lieu, jusqu'en 1967.

Ils sont cette fois souterrains, parmi lesquels le tir « Beryl » qui échoue et libère le 1er mai 1962 un nuage radioactif sur le site d'In-Eker, à une centaine de kilomètres au sud de Reggane. Les autorités françaises (civiles et militaires) d'alors étaient parfaitement au courant des risques que ces explosions nucléaires faisaient courir aux populations locales mais le niaient.

Les autorités françaises refusent jusqu'à ce jour de reconnaître leurs crimes et encore moins d'indemniser les victimes et la réhabilitation des zones contaminées et de l'environnement pollué.
Alors que les autorités françaises avançaient que cette zone d'essais, pas aussi inhabitée qu'on voudrait le croire, fut décontaminée par l'armée française lors de son départ, la vérité a fini par rattraper le mensonge d'Etat.

Et c'est un document choc publié le 14 février 2014 dans le journal le Parisien qui a mis permis le pot-aux-roses. Il s'agit d'une carte relative aux essais nucléaires français, réalisés en Algérie. Classée « secret-défense » sur décision de l'armée, cette carte a été déclassifiée le 4 avril 2013, dans le cadre d'une enquête pénale déclenchée par des vétérans.

lle montre l'étendue des retombées radioactives du premier essai nucléaire aérien effectué dans le Sahara algérien. Grâce à la publication d'une simple carte, classée « secret-défense » jusqu'en avril 2013 par l'armée, le grand public a commencé à découvrir l'étendue exacte des retombées nucléaires dans la région. De vastes zones de contamination, allant bien au-delà du Sahara, observées jusqu'à deux semaines après le premier tir aérien de février 1960.

Des retombées radioactives au Mali, en Mauritanie, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Niger, en Centrafrique, au Tchad, au Ghana.Une grande partie des victimes algériennes n'est plus de ce monde mais leurs ayants droits continuent de réclamer leurs droits au même titre que ceux de la Polynésie et réclament des comptes.

Une loi française scélérate

Elles continuent d'appeler le Parlement français à la révision de la loi Morin publiée en 2010, relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, révisée en 2013, qui ne permet pas aux victimes algériennes de bénéficier des mêmes avantages que celles des territoires d'outre-mer.

En effet, l'article 53 de la loi n°2013-1168 du 18 décembre 2013 relative à la programmation militaire pour les années 2014-2019, modifiant la composition du comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN) a élargi la zone géographique concernée à toute la Polynésie sans porter aucune modification au niveau des zones géographiques du sahara algérien. Au total, 782 dossiers ont été déposés à ce jour au niveau des services des anciens combattants à Alger.

En 2015, les 32 dossiers qui ont été examinés ont reçu un refus pur et simple au motif que les pathologies évoquées n'entrent pas dans le cadre de la liste des pathologies reconnues par la loi Morin et que la période après 1967 n'est pas concernée par cette même loi. La commission mixte mise en place en 2007 entre les deux gouvernements devrait rendre publiques les conclusions auxquelles elle est arrivée.

Car depuis cette année, aucun compte rendu n'a été rendu public. Une autre commission installée en janvier 2016 par le ministre des Moudjahidine en France n'a également rendu aucun rapport. Car la loi Morin ne reconnaît le statut de victime qu'aux personnes ayant séjourné dans le périmètre géographique où a eu lieu l'explosion, durant les campagnes d'essais du 13 février 1960 au 31 décembre 1967 au centre saharien des expérimentations militaires.

Selon le président de l'association polynésienne Moruroa et Tatou, Roland Oldham, la France n'a aucune volonté d'indemniser les victimes. « La loi Morin n'est que de la poudre aux yeux ; c'est un effet d'annonce qui fait dire au monde que la France indemnise finalement les victimes du nucléaire.

Il est quasiment impossible pour les victimes de rassembler les documents demandés, nous ne les avons pas…. La justice française est incompréhensible pour le commun des mortels ; elle est longue et inaccessible car le coût en est astronomique.

C'est une justice inégale et discriminatoire car le citoyen n'est pas traité de la même façon : les Polynésiens, les métropolitains, les militaires, les civils et les Algériens n'ont pas le même statut devant la justice française », dit-il.


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