Alstom Annaba, symbole d’une politique d’industrialisation douteuse



...

L’usine CITAL d’Annaba, joint-venture entre Alstom et des entreprises publiques algériennes, est en crise. Hier, le directeur du projet Tramways de l’entreprise a tiré la sonnette d’alarme, pointant vers un risque de fermeture pure et simple. « On aura plus de plan de recharge à l’horizon 2018 et notre chiffre d’affaires va baisser de 80% », a affirmé Brahim Bouchrit, directeur du projet Tramways et câbles de Cital. En 2016, Cital a réalisé un chiffre d’affaires de 17 milliards de dinars, selon la même responsable, avec un seul et unique client : l’Etat algérien.

 Une tentative vouée à l’échec

L’incertitude qui plane sur l’avenir de cette installation industrielle est révélatrice d’un mal plus profond : des choix économiques et industriels plus que douteux. Inaugurée en grande pompe, en présence de 4 ministres algériens et français, l’usine CITAL est, un peu plus de 5 ans après sa création, au bord de la faillite.

 Symbole d’un partenariat algéro-français « fructueux », d’une ré-industrialisation volontariste de l’Algérie, ce projet risque de se solder par un échec cuisant mais prévisible. Certes, l’installation d’un projet industriel de tramways est en soi encourageante et une bonne chose. Seulement, la question de la viabilité d’un tel projet sur le long terme était posée, dès le départ.

La crise actuelle était, somme toute, facile à anticiper. Due à une baisse du plan de charge, en raison du gel de plusieurs projets de tramway en Algérie – son unique marché-, l’entreprise voit son carnet de commandes s’amenuiser, avec des perspectives qui ne vont pas au-delà de 2018. En effet, le directeur de CITAL indiquait que le plan de charge est passé de 230 rames à 160, entraînant une baisse de 80% du chiffre d’affaires.

Mais admettons qu’il n’y ait pas eu de gel de ces projets, déjà bancals et largement superflus à l’origine. A ce moment-là, l’usine aurait pu tenir une année de plus, au mieux. Et après ? Une fois tous les projets menés à terme, l’entreprise CITAL se serait retrouvée dans la même situation. L’excuse du « gel des projets » n’est donc qu’un arbre qui cache la forêt. Un simple gain de temps, qui n’exempte pas les autorités et les initiateurs de projets de leur choix économique plus que douteux.

| LIRE AUSSI : Quand la crise révèle l’ampleur du gaspillage des années pétrole

Une production peu compétitive

Les rames produites sont très peu compétitives. Elles ne peuvent pas être exportées. En témoigne l’affaire des tramways de Sétif, au coût exorbitant, ou du moins sensiblement plus élevé que la moyenne et au prix largement supérieur que ceux pratiqués ailleurs.

| LIRE AUSSI : Le tramway de Sétif plus cher que ceux de Casablanca, de Bordeaux et de nombreuses autres villes du monde

Ainsi, la perspective d’exporter une quelconque production parait dès lors utopique. En effet, les éventuels clients se seraient rapidement détournés de CITAL pour leurs commandes, sachant qu’ils peuvent obtenir les même rames (ou similaires) fabriquées ailleurs, à des prix moindres.

A ce jeu de la concurrence, seule l’Algérie semble accepter de payer le prix fort, en échange d’une installation industrielle douteuse. C’est là un révélateur désolant de la gestion économique à la hussarde, des gaspillages de fonds publics et de choix stratégiques industriels peu réfléchis, voire hasardeux.


Lire la suite sur Tout sur l'Algérie.