La colonisation de l’Algérie au cœur de la campagne présidentielle française



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Jusqu’à présent les révélations du Canard enchaîné sur François Fillon rythmaient les élections présidentielles françaises. Mais les déclarations d’Emmanuel Macron sur la colonisation de l’Algérie (qualifiée de « crime contre l’humanité » par le candidat)  ouvrent un nouveau chapitre.

Depuis quelques heures, les réactions de politiques français dans les rangs du Front national (extrême droite) et des Républicains (droite) se multiplient. Bref, plus d’un demi-siècle après l’indépendance de l’Algérie, le spectacle des dernières heures montre que le sujet est toujours aussi clivant.

Surenchère de la droite et de l’extrême-droite

Dès mercredi soir, François Fillon ,en meeting à Compiègne, a fustigé de tels propos : « Cette détestation de notre histoire, cette repentance permanente est indigne d’un candidat à la présidence de la République ».

Sur les plateaux télé ou sur twitter, la droite se mobilise. Pour Bruno Retailleau, le coordinateur de campagne du candidat de la droite et du centre, Emmanuel Macron a commis « une faute politique ».

Mieux : pour le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti (Les Républicains), c’est « une faute politique et historique grave ». Le Front national, de son côté, dit aussi stop à la « repentance ». « Crimes contre l’humanité, M. Macron, les routes, les hôpitaux, la langue française, la culture française ? Stop à cette repentance permanente ! », écrit le vice-président du parti, Florian Philippot. Marine Le Pen, la candidate du FN à l’élection présidentielle, n’a toutefois pas encore réagi.

Si les déclarations d’Emmanuel Macron suscitent l’émoi à droite et à l’extrême-droite, la gauche ne commente pas l’information.

Silence radio du côté de Benoît Hamon, vainqueur de la primaire de gauche et candidat à l’élection présidentielle. Jeudi matin, Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, invitée dans l’émission Télématin sur France 2, valide le fond, moins la forme. « Moi je n’utiliserai pas le terme de crime contre l’humanité parce que c’est une notion juridique très particulière et je pense qu’il faut utiliser les bons mots aux bons endroits », avant de poursuivre : « Mais dire que la colonisation fait partie de notre histoire et que c’est une horreur de notre histoire, je pense qu’il faut le dire ».

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69% de l’électorat de droite contre des excuses officielles 

Au delà des discussions sur la notion de « crime contre l’humanité » qui a, en réalité aussi bien une acception juridique que morale, cette nouvelle polémique révèle que le clivage sur la question de la colonisation est toujours très politique en France.

Certes, une étude réalisée en octobre dernier par TSA avec un institut de sondage français (l’Ifop) indiquait que 52% des Français sont favorables à ce que le gouvernement français présente des excuses officielles pour « les meurtres et exactions commis par l’armée française durant l’occupation de l’Algérie ». Mais le vote est très différent en fonction des orientations politiques.  Ainsi, 74% des sympathisants de gauche se disent favorables à des excuses officielles de la France contre 31% chez les sympathisants de droite. Dans le détail, 62% des sondés sympathisants du parti Les Républicains s’opposaient à des excuses, 75% chez les sympathisants du Front national alors que 69% des sondés proches du PS y étaient favorables.

Bien qu’il ne s’agit que d’un sondage, il est pourtant révélateur du pouls de la société française, et de la différence de perception des générations. Ainsi, 61% des Français de moins de 35 ans se disaient favorables à des excuses officielles contre 38% seulement des plus de 65 ans. Cette différence tient du fait que les « anciens » ont connu la guerre d’Algérie alors que pour les plus jeunes, cette page sombre de l’Histoire ne se résume souvent qu’à quelques lignes dans un manuel scolaire.

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La colonisation, « casse gueule » politique 

Mais en période électorale, le sujet devient un casse-tête politique. En fonction de l’électorat qu’ils souhaitent courtiser, les politiques adaptent leur discours. Il y a cinq ans, Nicolas Sarkozy est candidat à sa propre succession. Il multiplie, en particulier, les gestes en direction des rapatriés d’Algérie, les pieds-noirs. Non sans raison.

Une enquête intitulée « Le vote pied-noir : mythe ou réalité ? » réalisée par l’Ifop en mars 2014 indiquait que « parmi la population française inscrite sur les listes électorales, on recenserait actuellement 1,8% de personnes se définissant comme pied-noir. Elles représentent 800.000 électeurs potentiels ».

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Mais « élargie aux personnes revendiquant une ascendance pied-noire, c’est-à-dire déclarant avoir au moins un parent ou un grand-parent pied-noir, la « communauté » représente cette fois 7% de la population française figurant sur les listes électorales, soit 3,1 millions de votants potentiels aux élections municipales ».

Bref, comme le résume cette étude, « la communauté pied-noire suscite souvent une attention particulière à la veille des échéances électorales importantes ».

Dans une telle configuration – 3,1 millions de votants sur 45 millions (d’après l’Insee)- on comprend mieux pourquoi la droite et l’extrême-droite sont vent debout contre les propos de Macron sur la colonisation. Un tel vivier d’électeurs se courtise. Et même le principal intéressé – le leader d’En marche ! a été contraint de faire …marche-arrière. Dans une vidéo postée ce jeudi après-midi sur son site, il veut mettre fin à la polémique.

L’expression « crime contre l’humanité » a été gommée du discours. Toutefois, le candidat à l’Elysée maintient sa position : « Il faut avoir le courage de dire la vérité […] dire que la colonisation a entraîné la négation du peuple algérien ».

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Mais il cherche surtout à recoller les morceaux en glissant un mot aux Français, acteurs volontaires ou non de cette colonisation. « À tous nos anciens combattants, je veux ici dire, vous êtes nos enfants, les enfants de la France, les enfants d’un État qui doit assumer ses responsabilités. Mes propos n’étaient pas destinés contre vous », dit-il.

Puis, il poursuit son allocution en s’adressant aux pieds-noirs : « Les pieds-noirs ont été les victimes de la politique algérienne de la France avant comme après la guerre. Une colonisation à sens unique ne leur a pas laissé d’autre issue que de quitter brutalement et à jamais les terres sur lesquelles ils étaient nés. C’était une injustice et c’est encore une souffrance ».  Cette mise au point sera-t-elle suffisante pour éteindre l’incendie ? Selon l’enquête Ifop sur les pieds-noirs, 30% d’entre eux avaient voté pour Jean- Marie Le Pen ou Bruno Mégret au premier tour de l’élection présidentielle en 2002.

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