Crise économique 

le scénario égyptien est-il possible en Algérie ?



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Contrainte de laisser flotter sa devise pour obtenir un prêt du FMI il y a trois mois, l’Égypte voit sa monnaie nationale accuser une baisse de près de 50% de sa valeur face au dollar. Vendredi 17 février, le taux de change était en moyenne de 16 livres pour un dollar, selon les données disponibles sur le site internet de la Banque centrale du pays (CBE) contre 8,83 livres début novembre.

C’était l’une des conditions sine qua non imposées par le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un prêt de 12 milliards de dollars sur trois ans. Le 3 novembre, la Banque centrale d’Égypte a dans un premier temps, procédé à une nouvelle dévaluation de la monnaie nationale, à hauteur de 32,3% pour regagner en compétitivité. Puis, elle a été contrainte de libérer le taux de change de la livre égyptienne.

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Au moment où les autorités acceptent (sous la pression du FMI) de prendre une telle mesure, le pays fait déjà face à une grave crise monétaire. En effet, depuis la révolution de 2011 et l’instabilité qui s’est ensuivie dans le pays, les investisseurs ont perdu confiance et ont préféré vendre massivement la monnaie nationale. Bref, la livre égyptienne est devenue nettement moins attractive et sa valeur a chuté. Pour autant, la banque centrale a continué de maintenir le taux de change officiel à 8,80 livres (LE) pour 1 dollar, alors qu’au marché noir, la livre s’échangeait le double. De plus, la banque centrale a imposé des mesures strictes de contrôle des changes pour éviter la fuite des devises étrangères tout en maintenant la livre à un niveau artificiellement élevé.

Cette situation a eu deux conséquences. Afin de soutenir la livre égyptienne face au billet vert, les autorités ont puisé dans les réserves de change (des avoirs libellés en devises étrangères, dans le cas de l’Égypte en dollars, et détenues par une banque centrale). Elles sont ainsi passées de 36 milliards de dollars fin 2010, à 23 milliards de dollars en novembre. De plus, cette stratégie a eu un impact direct sur la population. La pénurie de dollars a rendu les importations extrêmement compliquées et donc engendré un manque de produits alimentaires de première nécessité : sucre, riz, lait par exemple.

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Forte inflation

Au bord de l’asphyxie, l’option dévaluation suivie de l’adoption d’un taux de change flottant, avait donc vocation à faire revenir rapidement des devises étrangères. Elle vise en effet à rendre la monnaie plus compétitive, et donc à stimuler les exportations pour relancer l’économie. Une relance de ces dernières doit permettre en effet d’améliorer la balance commerciale (la différence entre les exportations et les importations), et de renflouer les caisses des réserves de change.

Mais, la dévaluation de la monnaie a aggravé l’inflation. L’inflation globale annuelle est ainsi montée à 28,14% en janvier 2017, selon un communiqué de la Banque centrale égyptienne en date du 16 février. D’après les données du rapport mensuel de l’institut national de la statistique, le CAPMAS, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 38,6% en janvier 2017 par rapport à la même période en 2016. Le pain et les céréales ont augmenté de 65,5%, le riz de 86%, la farine de 75,5% et le café, le thé et le cacao de 82%.

Scénario possible en Algérie ?

Si ces chiffres ne sont pas aussi dramatiques en Algérie, le pays fait également face à une inflation élevée. Les prix au détail de la majorité des produits alimentaires ont fortement augmenté en décembre dernier par rapport au même mois de 2015, selon les données publiées mi-janvier par le ministère du Commerce, via l’agence officielle. Derrière cette hausse des prix, se cache une dévaluation silencieuse du dinar algérien et la hausse générale des taxes notamment sur les produits importés.

Il y a quelques semaines, Djamel Benbelkacem, vice-gouverneur de la Banque d’Algérie (BA) expliquait que la valeur du dinar avait reculé de 20% à 22% en 2015, puis « autour de 3% », en 2016. L’Algérie, dont la monnaie est gérée dans le cadre d’un régime dit de « flottement dirigé », (donc décidé par la Banque centrale et non par les marchés) a notamment déprécié le dinar en raison de la baisse des cours du pétrole amorcée mi-2014.

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Dans un contexte de contre-choc pétrolier et donc d’un effondrement des recettes d’hydrocarbures, le pays a été contraint d’ « adapter les ressources aux dépenses », expliquait Djamel Benbelkacem. Cette dévaluation vise notamment à rendre les importations moins avantageuses pour le pays, au profit des exportations.

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Si officiellement une dévaluation est nécessaire car la valeur du dinar ne reflète pas la réalité de l’économie nationale, elle engendre surtout une forte inflation que les Algériens constatent sur les produits de la vie courante.

De plus, les colossales réserves de change en Algérie, dont les revenus en devises sont issus de l’exportation d’hydrocarbures, ont fondu. Le mécanisme est purement comptable : les recettes ont diminué mais les dépenses (dont les importations de biens et services) se sont maintenues à des niveaux élevés et le pays a été contraint de puiser dans ses placements et dépôts à l’étranger, autrement dit dans ses réserves de change. Résultat : alors qu’elles s’élevaient encore à 178,938 milliards de dollars fin décembre 2014, les réserves de change continuent de chuter, se situant à 114 milliards de dollars fin 2016. Pour juguler cette baisse, il faut absolument que les exportations d’hydrocarbures, qui représentent environ deux tiers des recettes publiques, repartent à la hausse.

Problème : l’Algérie reste dépendante de la hausse des cours du pétrole. Vendredi 17 février à la mi-journée, ils fléchissaient de nouveau en raison des doutes sur la capacité de l’Opep et des autres producteurs à maintenir le niveau de leur engagement sur une réduction de la production. Les cours reculent autour de 55,25 dollars pour le baril de Brent et de 53 dollars pour le baril de brut léger américain.

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