Au Liban, Marine Le Pen transforme sa visite fiasco en coup de com’



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Marine Le Pen, présidente du Front National (FN, extrême droite) et candidate aux prochaines élections présidentielles françaises, a achevé ce mardi 21 février une visite de deux jours effectuée au Liban. Cette visite, la première du genre pour la candidate du FN, avait pour objectif de lui permettre de développer sa stature sur la scène internationale.

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Le Pen n’avait auparavant jamais été reçue officiellement par un pays étranger, et il s’agit là d’un aspect souvent considéré comme un grand point faible de sa candidature. Le souvenir du fiasco de sa visite au Canada en mars 2016, où aucun parti ou élu n’avait accepté de la rencontrer, reste encore présent dans les mémoires. Tout comme celui de son récent déplacement en janvier aux États-Unis, où faute d’être reçue à la Trump Tower par le nouveau président élu, la présidente du FN avait dû se contenter d’un café pris avec son équipe au Trump Bar.

L’impression de fiasco s’est également fait sentir tout au long du voyage au Liban de Marine Le Pen. La candidate d’extrême-droite a beau avoir été reçue par les plus hautes autorités de l’État libanais, aucun honneur particulier ne lui a été réservé.

Aucun représentant de l’ambassade de France à Beyrouth n’a par exemple été présent pour accueillir Le Pen, rapporte Le Monde, alors que celle-ci était venue déposer une gerbe à la résidence même de l’ambassadeur de France devant une stèle érigée « à la mémoire des soldats morts pour la France au Liban depuis 1975 ».

La rencontre de la présidente du FN avec le président libanais, Michel Aoun, pourtant figure de la communauté chrétienne du pays, s’est quant à elle effectuée dans la sobriété. Sa rencontre avec le premier ministre, Saad Hariri, fils du défunt premier ministre Rafiq Hariri, a pour sa part été glaciale. Marine Le Pen évoquant notamment des « divergences d’analyse » tandis que le chef du gouvernement libanais a affirmé que « l’erreur la plus grave serait l’amalgame entre islam et terrorisme ». Message à peine voilé à l’encontre de la candidate aux prochaines présidentielles françaises, connue pour ses positions controversées au sujet de l’islam et de la communauté musulmane.

Alors que la visite de Marine Le Pen allait s’achever sur un indéniable gout d’échec, un épisode inédit a modifié la donne. La présidente du Front National était en effet supposée rencontrer ce mardi le grand mufti de la République libanaise. La rencontre a cependant été annulée à la dernière minute, à la porte d’entrée, par Marine Le Pen. Celle-ci a indiqué son refus catégorique de porter le voile pour rencontrer le mufti libanais, justifiant sa décision par le fait qu’elle a pu rencontrer le grand mufti d’Al Azhar en 2015 sans avoir à se voiler.

D’un point de vue communication, le coup est magistralement joué par Marine Le Pen. La candidate du Front national avait en effet été informée la veille de la nécessité de se couvrir la tête lors de sa rencontre avec le mufti. Plutôt que d’annuler dès ce moment-là la rencontre, la présidente du FN a utilisé cette opportunité offerte sur un plateau par la plus haute autorité sunnite du Liban afin de dénoncer devant les projecteurs des médias, français notamment, les règles rétrogrades appliquées à l’égard des femmes.

Grâce à l’aide involontaire mais salutaire du grand mufti du Liban, Marine Le Pen troque sa faible stature internationale pour s’affirmer en tant que défenseuse de « la liberté et de l’émancipation » des femmes de France et du monde, selon les mots du vice-président du FN, Florian Philippot. Qu’importe que l’instrumentalisation flagrante de la situation par le FN soit dénoncée, le mal a été déjà fait à partir du moment où une « autorité sunnite » a cherché à imposer à une femme, non musulmane de surcroît, une tenue particulière afin de pouvoir rencontrer le mufti.

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Qu’importe non plus le fait qu’aucun texte religieux dans l’islam n’oblige la femme à se couvrir la tête pour parler à un homme, Marine Le Pen et le FN n’hésiteront sans doute pas à user de cette opportunité pour renforcer leur rhétorique anti-islam à l’approche des présidentielles en France.

Sans le vouloir et par ignorance, le grand mufti du Liban a peut-être offert quelques voix supplémentaires à Marine Le Pen en mai prochain.


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