L’UGTA face à la montée en puissance des syndicats autonomes



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Il y a 61 ans, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) était créée à la faveur d’un mouvement national en pleine guerre contre la présence coloniale française.

Le 24 février 1956, la centrale syndicale naissait à l’initiative de Aissat Idir, soutenu, entre autres, par Tahar Gaïd, Hassan Bourouiba, Mohamed Flissi et Atallah Benaissa.

En mobilisant la classe ouvrière, l’UGTA devait appuyer le combat libérateur mené par le FLN qui cherchait à élargir sa base populaire à un moment crucial de la Révolution. Les autorités coloniales n’avaient pas laissé l’UGTA vivre plus de deux mois. Le syndicat fut interdit en mai 1956. Emprisonné,  Aissat Idir mourrait trois ans plus tard en prison dans des conditions troubles.

Après l’indépendance, l’UGTA avait fait partie des « organisations de masse » du FLN-parti unique. Depuis 1963, l’UGTA a connu six secrétaire généraux, Abdelmadjid Sidi Said en est le septième.

Attitude méfiante

Il est présidé aux destinées de la centrale syndicale depuis février 1997. Ces vingt dernières années, l’UGTA, qui revendique 2,6 millions d’adhérents sur un total de 7 millions de travailleurs, a connu plusieurs époques, à commencer par celle des années 1990. Durant cette période trouble, l’Organisation soutenait les choix sécuritaires du gouvernement et fermait les yeux sur les licenciements massifs dans le secteur économique public en raison du plan de réajustement imposé par le FMI.

Depuis la fin des années 1990, l’UGTA a délaissé la confrontation directe, préférant le dialogue à la grève. Abdelmadjid Sidi Said, qui a soutenu le programme du président Abdelaziz Bouteflika, a signé un pacte économique et social avec le gouvernement pour éviter les arrêts de travail dans les entreprises et les établissements où l’UGTA est présente.

La centrale syndicale n’a presque aucune présence dans le secteur privé. Elle semble éprouver beaucoup de difficultés à s’adapter au pluralisme syndical pourtant consacré par la Constitution de 1989. Abdelhak Benhamouda, prédécesseur de Sidi Said, avait une attitude méfiante à l’égard des organisations syndicales naissantes, accusées d’être des relais de partis, notamment de l’ex-FIS.

« Des membres de l’ex-Syndicat islamique du travail (SIT) ont intégré des syndicats autonomes après la dissolution du FIS, remarque un proche de Sidi Said. Ce n’est anodin que les syndicats autonomes soient uniquement présents dans des secteurs stratégiques comme l’éducation, la santé et les collectivités locales ».

Les syndicats autonomes, qui n’ont aucune présence dans le secteur économique public et privé, ont réussi à s’imposer notamment dans la fonction publique : l’éducation, la santé et les collectivités locales. Contrairement à l’UGTA, ces syndicats ont mené plusieurs mouvements de protestation, avec des grèves et des rassemblements.

Les relations entre l’UGTA et les syndicats autonomes n’ont jamais été faciles. Les deux parties s’échangent souvent des accusations. Le 2 février, Sidi Said leur reprochait de collaborer avec le Bureau international du travail (BIT). Il a accusé des syndicats d’être à la solde de parties étrangères. Jeudi, le patron de l’UGTA a assuré  « n’avoir aucun différend avec eux » et qu’il « les respecte tous », soulignant l’importance du dialogue qu’il considère, a-t-il dit, comme un « acquis pour renforcer notre militantisme syndical ».

Les responsables des syndicats autonomes ont répliqué en reprochant à l’UGTA d’avoir abandonné le combat pour la défense des droits socioprofessionnels des travailleurs en « faisant le jeu des pouvoirs publics ». Ils ont rappelé que l’UGTA demeure « l’unique » interlocuteur du gouvernement alors qu’elle ne représente que ses adhérents.

La réunion de la Tripartite, prévue le 6 mars prochain à Annaba, est citée en exemple. Les syndicats autonomes ne sont pas invités à cet espace de concertation qui ne regroupe que l’UGTA, les organisations patronales et le gouvernement.

Les syndicats autonomes évoquent cette exclusion en précisant qu’ils représentent déjà des milliers de salariés dans plusieurs secteurs (santé publique, éducation, fonction publique, enseignement supérieur, etc). Les syndicats autonomes sont admis à la Tripartite à titre d’observateurs, pas de partenaires. Dernièrement, le ministre du Travail, Mohamed Ghazi a promis d’associer les syndicats autonomes aux négociations sociales dans une démarche d’apaisement et de rapprochement.

M.Ghazi a annoncé qu’il allait remettre l’avant-projet du code de travail à ces syndicats aux fins d’enrichir le débat sur ce texte sensible.


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