Groupe Cevital

Une ligne ferroviaire pour l’Afrique



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Au cours d’une conférence animée, hier, devant un parterre de chefs d’entreprise et de décideurs économiques et financiers, présents à l’Africa Ceo Forum, qui s’est tenu les 20 et 21 mars, à Genève, le PDG et fondateur de Cevital, Issad Rebrab, a présenté un mégaprojet de chemin de fer qui relierait tout le continent africain du nord au sud. L’idée est de doter l’Afrique d’une colonne vertébrale ferroviaire qui la traverserait d’Alger au Cap sud pour le transport de biens et marchandises, non pas en partant de zéro, mais en prolongeant les lignes déjà existantes, tout en les uniformisant et en les interconnectant. Selon son concepteur, ce projet transformateur et intégrateur aiderait à désenclaver les pays qui n’ont pas accès à la mer en leur permettant d’exporter leurs produits à moindre coût, ce qui ferait, à long terme, du continent africain, la locomotive de la croissance mondiale pour les prochaines décennies. Le PDG de Cevital a soutenu l’idée qu’un réseau d’une telle envergure permettrait d’asseoir le développement agricole et industriel du continent, d’exploiter de nombreuses terres restées à l’abandon, de réduire les coûts de logistique aujourd’hui trop lourds, de créer des emplois et d’assurer une croissance durable équilibrante pour tous les pays. Issad Rebrab a plaidé pour que les pouvoirs publics et économiques aussi bien africains qu’européens, les entrepreneurs et les institutions financières adhèrent à ce projet structurant afin de donner à l’Afrique «les moyens de conduire de puissantes transformations d’infrastructures qui permettront l’émergence d’une classe moyenne entrepreneuriale, éduquée aux nouvelles opportunités d’emploi». «L’Afrique, c’est 26% de la surface terrestre, mais seulement 3% du PNB mondial. Il faut faire le lit aux investisseurs pour que l’Afrique se développe», indique-t-il. A l’horizon 2050, l’Afrique comptera un peu plus de deux milliards et demi d’habitants avec un besoin de deux millions d’emplois par an. Pour le PDG de Cevital, il faut impérativement créer du développement pour faire face aux défis du futur. «Les piliers du développement de l’Afrique sont l’éducation et la sécurité alimentaire, la santé, le réseau routier et l’électrification. Sans main-d’œuvre qualifiée rien ne peut se faire», explique-t-il. Les atouts qui plaident pour le choix du rail reposent sur une réalisation rapide avec des coûts d’entretien inférieurs et un gain de temps par rapport au transport maritime. Il permet un volume plus grand du fret pour les marchandises comme pour les personnes. «Un kilomètre de rail sur terrain plat revient à un million de dollars. De la Méditerranée jusqu’à la Zambie, il y a 9000 kilomètres qui nécessiteront quelque 36 milliards de dollars. A l’échelle du continent, c’est très peu», développe Rebrab. Pour convaincre son auditoire du bien-fondé de son projet, Issad Rebrab citera l’exemple de la ligne de chemin de fer de 800 km entre Djibouti et Addis-Abeba, en Ethiopie, qui a mobilisé 4 milliards de dollars. «Le prix de transport par camion de la tonne de marchandises entre ces deux villes, qui était de 47 dollars, est tombé à 25 dollars la tonne par train. En moins de deux ans, cette ligne a donc été amortie», dira-t-il. «Il reste à soumettre le projet à l’Union africaine, car nous avons besoin de l’accord politique des autorités de tous les pays concernés», poursuit Issad Rebrab. La bonne opportunité pour soumettre cette idée semble être, selon lui, le prochain sommet Union européenne-Afrique, prévu à Abidjan en novembre prochain. La présidence de l’Allemagne du G20 met également l’Afrique à l’agenda de ses priorités, car la chancelière Angela Merkel a déjà prévu un «Plan Marshall» pour l’Afrique. A la question de savoir comment financer ce projet, Issad Rebrab répond qu’à partir du moment où le projet est bancable et rentable, il faudrait faire appel à la Banque mondiale, à la Banque africaine de développement, à la Banque européenne et à la Banque asiatique. Il reste, cependant, à convaincre les décideurs africains. «Mon ambition est de voir l’Afrique se doter du plus important projet d’infrastructure ferroviaire pour le transport de marchandises de ces 50 dernières années. Un projet porteur d’une vision continentale intégrée de l’Afrique, aussi transformateur que le canal de Suez à son époque ou l’appel à l’électrification de l’Afrique», a déclaré Issad Rebrab, à l’issue de sa conférence.  


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