France

Fillon accuse le président Hollande de diriger « un cabinet noir »



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Bien qu’il soit empêtré depuis plusieurs semaines dans différentes affaires (emplois fictifs présumés, conflits d’intérêts avec sa société de conseil), François Fillon a de nouveau affirmé qu’il était victime d’un complot. Mais cette fois, le candidat Les Républicains à l’élection présidentielle français a franchi une nouvelle étape en affirmant que le chef de l’État aurait œuvré pour alimenter les affaires le concernant.

Il est 21h30 jeudi soir quand François Fillon, invité sur le plateau de « l’Émission politique » sur France 2 indique qu’il va « mettre en cause le président de la République » en réponse à une question sur l’origine de cette « machination » dont il se dit victime.

Le candidat à la présidentielle se réfère très certainement, même s’il ne le cite pas, à un article de Valeurs actuelles, hebdomadaire très à droite, publié le même jour, consacré à l’existence d’un cabinet noir à l’Elysée. L’article fait référence à un livre « Bienvenue Place Beauvau. Police : les secrets inavouables d’un quinquennat » écrit par trois journalistes dont deux du Canard Enchaîné à paraître prochainement. « S’ils révèlent que le chef de l’État ne s’était pas préparé à prendre en main l’appareil policier, ils racontent comment toutefois il se serait servi d’un cabinet noir pour discréditer ses concurrents à la présidentielle de 2017 », peut-on y lire.

Très certainement conscient que le simple fait de citer le journal satirique – qui a révélé les affaires du candidat- va lui attirer toutes les moqueries, François Fillon prend le soin de préciser sur le plateau de l’émission que ces gens, en l’occurrence les journalistes du Canard Enchaîné « sont loin d’être ses amis ».

Le candidat de la droite et du centre à la présidentielle explique alors que cet ouvrage détaille « comment François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l’intéressent à son bureau, ce qui est une illégalité totale », mais aussi « comment il est branché directement sur Bercy, sur Tracfin (NDLR : service de lutte contre les circuits financiers clandestins du ministère), sur des informations qui lui sont apportées en permanence (…) comment il est au courant des moindres faits, filatures ».

Fillon poursuit, et lâche « on cherchait un cabinet noir, on l’a trouvé ce cabinet, en tout cas à travers ces allégations ». Puis, le candidat à la plus haute fonction demande à ce « qu’il y ait une enquête ouverte sur les allégations portées dans ce livre parce que c’est un scandale d’État ».

Hollande condamne sévèrement ces allégations

La réaction de l’Elysée a été quasi immédiate. Dans un communiqué publié avant la fin de l’émission, le président François Hollande  « condamne avec la plus grande fermeté les allégations mensongères de François Fillon ».

La réplique du principal intéressé est encore plus cinglante : « Le seul scandale ne concerne pas l’État, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice », peut-on lire. Le locataire de l’Élysée indique que « les propos de M. Fillon, qui s’ajoutent aux révélations des dernières semaines, n’ont donc aucun fondement et provoquent un trouble insupportable à la campagne présidentielle qui appelle dignité, sérénité et responsabilité ».

L’un des auteurs du livre en question, Didier Hassoux, a démenti les suppositions formulées par Fillon sur Franceinfo dès jeudi soir. « Pas du tout. On n’a jamais écrit ça ». L’auteur dénonce une instrumentalisation des propos tenus dans cet ouvrage, et estime que Fillon est « la seule personne qui croit qu’il y a un cabinet noir à l’Élysée ».

Dans un livre publié en 2014 « Sarko s’est tuer », les auteurs Gérard Davet et Fabrice Lhomme racontaient comment, à l’occasion d’un déjeuner le 24 juin 2014, François Fillon aurait demandé à Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de la présidence (et fidèle ami de François Hollande), que l’Élysée influe sur les juges contre Nicolas Sarkozy, pour contrecarrer son retour en politique.

« Mais tapez vite ! Jean-Pierre, tu as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laisser revenir. Alors agissez !», aurait lancé François Fillon. Des allégations démenties par le principal intéressé qui a poursuivi en diffamation les deux journalistes et l’actuel secrétaire général de l’Élysée. Ces derniers ont ensuite été relaxés par deux fois.


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