Carnet de bord des législatives 7



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Abdelwahab Derbal, président de la très Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) ne retient pas sa joie en annonçant que la radiation de 700 000 noms du fameux fichier électoral (que personne n’a le droit de consulter) est une «une première dans l’histoire de l’Algérie indépendante» !  A partir d’El Oued où il a animé une rencontre avec ses employés de la HIISE, il «hausse le ton» : «La HIISE se dressera contre toute personne qui chercherait à porter atteinte à l’honnêteté des élections, car créée constitutionnellement pour faire face à toute tentative d’altérer leur probité.» On en claque les dents de terreur face au bras séculier de la probité électorale. En parlant de probité, regardons côté FLN version Ould Abbès : ce dernier, au lieu d’expliquer à ses militants et à l’opinion publique le pourquoi du comment de l’affaire de son fils Wafi soupçonné de vendre des places dans les listes, il préfère dire qu’il a «déjoué un complot», qu’il s’agissait de «pressions». Les responsables qui l’ont bombardé à ce poste sont en train de manger leur chapeau. Justement, qui portera le chapeau à la fin ? Eh bien voilà, un bon témoignage sur la fraude électorale banalisée. L’auteur ? Mokdad Sifi, ex-chef de gouvernement, rien de moins ! A Echourrouk, puis à TSA, l’ancien responsable revient sur les législatives de 1997 et la «victoire» du RND : un «scandale en matière de fraude». Assez clair. Non ? «J’avais moi-même des informations sur les walis qui avaient préparé et signé les procès-verbaux des résultats avant les élections locales», et il explique que «les listes RND des candidats pour les élections locales ont été préparées par le gouvernement Ahmed Ouyahia à travers les services du ministère de l’Intérieur, l’administration et les walis», dit-il sans qu’aucune juridiction ne bouge le petit doigt. Ç’aurait été un journaliste, un bloggeur ou un écrivain, le procureur aurait rêvé de lui briser les os ! C’est aujourd’hui que s’achève le délai pour que les tribunaux administratifs tranchent sur les recours introduits par les partis et les indépendants à propos des candidatures ayant fait l’objet d’une décision de rejet. L’occasion de faire le point chiffré sur la base des données du ministère de l’Intérieur (ils adorent ça, les chiffres !). Le nombre  de listes de candidats aux élections législatives est de 1088, réparties comme suit : 797 listes présentées par 63 partis, 163 listes d’indépendants et 128 listes issues d’alliances. Le nombre des magnifiques candidats s’élève à 12 591, soit 8646 hommes (68,67%) et 3945 femmes (31,33%), grosso modo le quota femmes est respecté en perspective macro. L’âge de la majorité des candidats (64,21%) se situe entre 31 et 50 ans (loin de la moyenne d’âge des ministres, 61 ans) et 55,91% ont un niveau universitaire. Le parti du Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND) et  Tajamou Amal El Jazaïr (TAJ) sont les seules formations politiques à avoir présenté des listes dans les 48 wilayas du pays et les 4 circonscriptions électorales à l’étranger. Le TAJ de l’unique Amar Ghoul semble bien préparé pour créer la surprise. Islamisto-affairiste, exprimant l’allégeance et en somme l’Algérie de Bouteflika : ce parti est comme le gendre idéal. Mabrouk d’avance ! Le numéro deux de la liste FNA à Béchar est arrêté pour trafic de drogue. On apprend, chez nos confrères d’El Khabar, qu’on a trouvé sur lui 25 kg de zetla. Il a balancé ses complices au nombre de trois chez qui les services de sécurité ont découvert cinq quintaux de kif traité. Le candidat, enseignant retraité, qui venait de devenir «raqi», était très apprécié pour ses services de «roqia» auprès des dignitaires locaux. Une dizaine de jours avant, deux têtes de liste tombent à Tébessa : l’un, du TAJ, accusé de trafic de chevaux pur-sang arabes à l’étranger ; le second, de la liste indépendante d’El Badil, est poursuivi pour contrebande de carburant. En fait, il ne faut pas organiser des législatives sans monter, en parallèle, des projets de films genre Gomorra ! On fait court le mardi, car aujourd’hui l’ex-wali d’Oran, Bachir Frik, qui a été emprisonné dans des affaires de foncier (des coups montés, selon lui), revient, encore une fois, et c’est tant mieux, sur les mécanismes de la fraude, cette fois sur TSA : «Il y a eu une grande fraude aux législatives et aux locales de 1997. Je témoigne parce que j’étais acteur. En tant que wali (d’Oran), j’ai participé activement à cette mascarade.» L’intérêt de Frik est de détailler ces mécanismes au niveau des wilayas en étapes, où il ne serait que l’exécutant des instructions de l’Intérieur. Etape 1 : les membres des bureaux de vote «doivent être choisis parmi les gens acquis à l’administration. Il y a des enquêtes d’habilitation». Etape 2 : chaque chef de centre de vote reçoit des instructions pour faire passer les élus de tel parti politique. Ajouté à cela le rôle de l’ex-DRS qui fait pression aussi sur les cadres de l’Etat et qui orientent la «société civile» pour adouber le parti qu’on veut bien «aider». L’ex-wali est interrogé sur les prochaines élections du 4 mai : «S’ils veulent frauder, c’est très facile puisqu’il n’y a plus de commission de contrôle composée de représentants de partis politiques. Ils ont mis en place une Haute instance qui ne peut rien faire.» Abdelwahab Derbal appréciera ! Les propositions du RCD (rare parti avec le RND à publier intégralement son programme, sauf si nous n’avons pas bien fait notre job) sur le tourisme font réfléchir. Le parti propose de vendre les résidences d’Etat (ghettos d’apparatchiks, en traduction) Moretti, Club des Pins, nouveau Club des Pins. Faudrait plutôt les raser et préserver ces plages du bétonnage sauvage, en faire des réserves de la biodiversité, un témoin statique du massacre urbain environnant. Le RCD a raison aussi d’appeler à ouvrir le capital au privé des entreprises de gestion touristique (faudrait mettre les mots gestion et touristique entre guillemet). Car c’est une criminelle déperdition que de voir souvent des joyaux du patrimoine architectural (de Sidi Fredj à Timimoun, de Seraïdi à Oran) gâchés par la médiocrité de la gestion bureaucratique. L’administration centrale ne peut vendre du rêve. C’est intrinsèque. Elle veut employer et gérer même les menus du dessert. Par contre, ouvrir au privé, oui, mais nos privés ont déjà démontré leur belle incompétence dans ce domaine. Le kitch et le mauvais service, l’hygiène moyenâgeuse et la chique au plafond, non merci. Peut-être vendre tout cela à nos voisins qui, à défaut de pétrole, ont fait du vrai tourisme ! Marocains et Tunisiens, welcome !  


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