Repenser la coopération algéro-française…



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Repenser le partenariat gagnant-gagnant entre l’Algérie et la France dans la perspective de l’après-pétrole. Telle est la thématique globale traitée par le workshop international intitulé «Economie rentière ou économie pionnière : l’Algérie au carrefour de ses avenirs !», organisé vendredi dernier, à Rennes (Bretagne), par l’association universitaire PRISME. Faisant l’unanimité parmi les conférenciers et les spécialistes participants, la formation et le transfert du savoir-faire sont présentés comme la priorité «absolue» que devraient privilégier les investisseurs français en Algérie s’ils veulent retrouver leur place de partenaires leaders dans un pays en pleine mutation économique : réduction drastique des importations, réindustrialisation locale, construction d’une économie numérique, et création d’une ambitieuse filiale d’énergies renouvelables. «Nous avons fait beaucoup d’efforts pour construire des infrastructures d’envergure, et maintenant nous passons à la phase de la production et la réindustrialisation du pays. C’est certes difficile, car notre économie est rentière, mais nous pouvons compter sur de nombreuses potentialités afin d’en faire dans les quelques années à venir une économie pionnière», a déclaré Hamza Djaber, consul adjoint d’Algérie à Nantes. Pour ce faire, selon l’économiste Mounir Gaouar, «le nouveau plan quinquennal vise à améliorer le climat des affaires, la restructuration des institutions financières (banques publiques, fiscalité, etc.), lutter contre l’importation anarchique et l’informel». Son objectif stratégique final serait de maintenir un taux de croissance à deux chiffres. M. Gaouar précise que cette nouvelle orientation remet clairement en cause la politique rentière basée sur l’exportation des hydrocarbures et l’importation de la quasi-totalité des produits finis destinés à la consommation locale. Cela induit donc logiquement la fermeture progressive de l’importation, mais aussi le requestionnement des besoins algériens en matière d’Investissements directs étrangers (IDE). «L’Algérie, malgré la crise liée à la baisse des prix des hydrocarbures, a encore l’argent nécessaire pour mener à bien sa nouvelle politique économique. Ce qu’elle attend des investisseurs étrangers, c’est surtout des projets innovants, porteurs de savoir-faire et le transfert des technologies», explique M. Gaouar. Soutenant cet avis, l’avocat et responsable de CACI France, Baghdad Hemaz, renchérit : «Notre pays sollicite particulièrement l’expérience de ses partenaires français en matière de management et des nouvelles techniques de gestion entrepreneuriale à l’aune du numérique. Les échanges doivent désormais favoriser des accords qui portent plutôt sur la formation en management multiforme». Devant les inquiétudes exprimées durant le débat par quelques intervenants français, Me Hemaz a rappelé les efforts du gouvernement afin de rassurer les investisseurs étrangers desquels on attend des projets créateurs de richesses et une valeur ajoutée en faveur de la réindustrialisation du pays qui «est en passe de recentrer son économie sur la production après avoir largement investi dans l’infrastructure». C’est pourquoi, d’après lui, «le code de l’investissement a été amendé, la règle 51/49 a été assouplie et des exonérations fiscales avantageuses sont créées. Maintenant, il faut se dire que ce qui importe dans un projet mixte, ce n’est pas le pourcentage du capital que détient chaque partie, mais ce que peut apporter chacune à l’autre.» Investir dans la formation L’Algérie s’intéresse désormais moins aux projets purement commerciaux, mais porte un intérêt grandissant pour les projets économiques ambitieux qui comporteraient des segments de formation et de transfert de la technologie. Dans ce cadre, les universités et les grandes écoles peuvent jouer un rôle de médiateurs qui rapprochent les visions entre les mondes des affaires algérien et français. C’est cela le but par exemple d’un partenariat entre les universités de Tlemcen et de Rennes. «Nous voulons travailler ensemble sur les questions de la formation, la pédagogie et le numérique. Nous avons ici en Bretagne un excellent campus numérique qui peut profiter à nos amis algériens. Et nous souhaitons élargir notre échange vers d’autres thématiques liées au numérique comme la santé», espère Van De Weghe, vice-président des relations internationales de l’Université Rennes 1. Ses compatriotes Jean-Louis Perrault, enseignant-chercheur et coorganisateur du workshop, et Philippe Delaporte, cadre du commerce extérieur de la région Bretagne, constatent qu’en effet l’Algérie est un pays demandeur de partenariats économiques de plus en plus «exigeants». L’ensemble des orateurs, algériens et français, a convenu que la France, pour des raisons culturelles et historiques évidentes, est le pays le mieux placé pour satisfaire cette exigence, mission dans laquelle les autres partenaires de l’Algérie ont jusque-là échoué à cause de plusieurs obstacles : langue, fossé culturel, manque de savoir-faire, absence de vision à long terme, etc. C’est pourquoi les investisseurs français devront adapter leurs projets aux nouvelles donnes de l’économie algérienne. Cela passera forcément, selon Leila Akli, responsable au sein du FCE, par des accords privilégiant les apports en matière de ressources humaines. «Notre richesse n’est plus le pétrole mais la jeunesse. Pour la valoriser, il faut la former et lui inculquer la culture entrepreneuriale. C’est en cela que nous avons besoin des partenaires français», a martelé la directrice de Pi-Relations. Intervenant en visioconférence depuis Oran, Ferhane Fethi, responsable en communication de la chaîne hôtelière Eden Hôtels, a soutenu le fait que «l’économie algérienne, d’une manière générale, souffre d’insuffisances en matière d’offres de formation. Mais les Français peuvent investir dans l’aptitude de nos jeunes diplômés à se recycler facilement.» Mme Akli et M. Ferhane, deux jeunes leaders économiques, sont d’accord pour dire que l’avenir de la coopération entre l’Algérie et la France est prometteur à condition d’opter pour des partenariats d’excellence, mettant les jeunes compétences des deux pays au cœur d’une économie alternative dont les axes principaux sont le numérique et les énergies renouvelables. 


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