Les islamistes marocains mettent genou à terre face au Palais



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Abdelilah Benkirane, le leader islamiste marocain, a été  accueilli sous les vivats et les applaudissements, samedi 18 mars, en arrivant au Conseil national du Parti de la justice et du développement (PJD), la formation politique qu’il dirige. L’homme a mené son parti une nouvelle fois aux élections législatives, le 7 octobre dernier, avec une majorité relativement plus large que cinq ans plus tôt.

Le roi Mohamed VI avait donc chargé Benkirane, 62 ans, le vainqueur, de former un gouvernement. Il n’y était pas arrivé après plus de cinq mois à cause des exigences formulées par Aziz Akhannouch, 56 ans, le deuxième homme plus riche du Maroc, selon la revue Forbes, et surtout un proche du souverain avec qui il est même parti en vacances familiales. Benkirane tenait à ce que cet ami du monarque fasse partie de sa coalition gouvernementale.

Akhannouch, devenu subitement en octobre leader du Rassemblement national des indépendants (RNI), un petit parti fabriqué par le ministère de l’Intérieur dans les années soixante-dix, s’est mis à exiger fin 2016 que rentrent également dans la coalition un parti en déclin, l’Union socialiste des forces populaires (USFP), et un petit parti aussi artificiel que le sien, l’Union constitutionnelle.

Benkirane a refusé. Il n’avait pas besoin de leurs voix pour atteindre la majorité absolue à la Chambre des Représentants à Rabat. Il devait sans doute aussi craindre qu’au plus la coalition serait large, au plus son pouvoir en serait réduit. Il n’a pas cédé aux demandes démesurées d’Akhannouch. « Si l’USFP entre au gouvernement, je ne m’appelle pas Abdelillah Benkirane », avait-il déclaré le 13 mars lors d’une rencontre avec la jeunesse rurale de son parti.

À son retour, le 15 mars, d’une tournée de 45 jours en Afrique, Mohamed VI a constaté « l’immobilisme » et a congédié Benkirane sans même le recevoir pour l’informer de sa décision. Une brimade de plus à son égard. Quarante-huit heures après, le roi a choisi un autre islamiste, Saadeddine el Othmani, de 61 ans, pour mettre en place ce gouvernement.

Le Conseil national, l’organe suprême du PJD, qui s’est tenu le 18 mars, a non seulement acclamé Benkirane, mais il a aussi laissé entendre que le parti maintenait les mêmes conditions : surtout pas les socialistes de l’USFP dans la coalition ! Il chargeait aussi Benkirane de superviser les négociations qu’allait mener Othmani pour former le nouvel Exécutif.

Une semaine après, le samedi 25 mars, Othmani a convoqué une conférence de presse pour annoncer que les négociations qui ont eu lieu, principalement avec Akhannouch, sont arrivées à bon port. Le futur gouvernement sera soutenu par une coalition de six partis politiques dont celui d’Akhannouch, l’Union Constitutionnelle et aussi l’USFP. Le PJD a mis genou à terre face aux exigences de l’ami du monarque. La composition de l’Exécutif sera sans doute annoncée le 28 mars.

Le Palais fait ainsi d’une pierre deux coups. Non seulement il se débarrasse de Benkirane, dont la personnalité extrovertie incommodait le roi, mais il dilue le poids du PJD dans l’Exécutif et ternit son image dans cette frange de l’opinion publique qui lui était acquise. Reste à savoir si, lors d’une prochaine consultation électorale, il en payera un prix.

Déjà en août 2008, Thomas Riley, ambassadeur américain à Rabat, décrivait dans un télégramme envoyé à Washington, et dévoilé par Wikileaks, « la préoccupation du Palais face à la hausse de la popularité de l’islamisme [qui se manifeste] à travers le PJD ». Neuf ans après, elle reste toujours d’actualité. Il cherche donc à contenir cette montée et, si l’occasion s’y prête, à s’en débarrasser.

Le PJD doit être tellement embarrassé par son volte-face que 24 heures après son annonce, il ne l’avait toujours pas expliqué. Ses électeurs et militants n’ont-ils pas droit à quelques éclaircissements ?

Garder le silence sur les raisons de fond, ce brusque changement n’empêche pas certains dirigeants du parti de se plaindre à voix haute de leur sort comme s’ils n’en étaient pas responsables. « Ce gouvernement n’est pas celui auquel aspirait Othmani, mais c’est un moindre mal », déclarait, par exemple, Lahcen Daoudi. « Les circonstances ont changé, nous devons nous adapter », ajoutait-il. Quelles circonstances ? On n’en saura pas plus.

« Je suis triste (…) », écrit sur son mur de Facebook Amina Maelainie, députée du PJD connue pour son franc-parler. « Je félicite ceux qui savent cacher leurs sentiments ; c’est un moment de déception et de faiblesse », conclue-t-elle.  Soumaya, la fille de Benkirane, s’est aussi exprimée sur les réseaux sociaux pour crier son indignation et se réjouir que son oncle, Abdellah Baha, ne soit pas « témoin de cette humiliation ». Baha, ministre d’État, était le grand ami de Benkirane. Il est mort, en décembre 2014, happé par un train près de Bounika, au sud de Rabat.


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