Reportage

au cœur de l’unité de montage Hyundai de Tiaret



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Après la polémique qui a éclaté suite à la publication de photos compromettantes sur les réseaux sociaux, Mahieddine Tahkout a décidé d’ouvrir les portes de son usine à la presse. Ces deux derniers jours, de nombreux journalistes ont pu visiter les ateliers d’où sortent différents modèles de la marque sud-coréenne Hyundai. Le but étant de contrer la « campagne de diffamation » dont le patron du groupe Tahkout Manufacturing Company (TMC) se dit victime.

« 5000 modèles ont été produits depuis le lancement » 

L’usine, située dans la zone industrielle de Zaaroura, s’étend sur 24 hectares et dispose d’un atelier de production où sont assemblés les kits, explique Lazhari Maachou, directeur de l’administration générale. Il est chargé, avec les responsables sud-coréens de nous faire visiter les lieux. L’atelier de production est actuellement doté de « deux lignes qui disposent de plusieurs stations », poursuit le responsable. Chacune des lignes permet d’assembler un véhicule selon les arrivages. « On peut recevoir de 50 à 100 conteneurs par jour en provenance d’Inde et de Corée du Sud », détaille ce dernier, précisant qu’actuellement sept types de véhicules sont assemblés : « l’i10 quatre et cinq portes, l’Accent RB, l’Elantra, Creta, Tucson, et la Santa Fe ».

Plus loin, Kim Sangyoul, directeur sud-coréen de l’usine indique que celle-ci peut « produire 1500 unités par mois, presque 20.000 modèles par an ». Présent sur le site depuis octobre 2016, il précise que « 5000 modèles ont été produits depuis le lancement (en octobre 2016, ndlr) ». Ces chiffres concernent la phase de démarrage, le but étant de doubler cet objectif, tient à ajouter Lazahri Maachou. « Nous sommes en train de former du personnel pour lancer une troisième ligne et deux équipes qui travailleront en deux fois huit », explique-t-il. Selon le directeur algérien de la formation, « une soixantaine de personnes ont intégré le centre de formation interne de l’entreprise pour être formées aux tâches logistiques, de montage, de contrôle qualité ou encore à l’ingénierie et production ».

Le véhicule passe par plusieurs étapes d’assemblage 

« Le véhicule arrive semi-monté, en SKD (Semi Knock Down, soit partiellement assemblé, ndlr) », détaille Lazhari Maachou. Sur les lignes, les opérateurs algériens s’affairent à leurs tâches. Ces derniers veulent montrer qu’ils sont partis prenante de la production. On nous invite à vérifier le processus d’assemblage de l’entrée des kits à la sortie du véhicule et l’essayage sur piste.

Dans cette usine, on constate effectivement que le véhicule arrive désossé et en kit. Impossible de connaître le nombre de kit, puisqu’ils différent selon les modèles, nous explique-t-on. On voit néanmoins que la carrosserie avec les vitres et portières sont disposées séparément dans l’atelier. D’autres kits, comprenant différentes pièces, dont le moteur, la batterie, le filtre à air, l’enjoliveur, la crémaillère, le pot d’échappement, les fusibles et les essieux, sont aussi réceptionnés séparément.

Le directeur de formation détaille le processus d’assemblage, expliquant qu’« au niveau de la première station, il y a une opération logistique qui est le déballage du véhicule de son support métallique SKID, et des supports de fixation ». « Nous faisons un contrôle de réception pour diagnostiquer le véhicule, vérifier s’il y a une défaillance, que ce soit au niveau de la peinture ou des pièces ». Par la suite celui-ci est acheminé « vers la station de pré-montage et de montage. On doit enlever le support métallique du véhicule, puis commencer les opérations de montage. Il y a deux étapes : monter l’essieu arrière, le pot d’échappement et le moteur ».

Durant les étapes suivantes, les opérateurs s’occupent des « fusibles, de certains accessoires qui accompagnent le moteur », puis de « l’électricité automobile ». Plus loin, d’autres agents gèrent le remplissage des liquides avant le montage des roues et les étapes du banc d’essai. Une fois ces opérations terminées, le véhicule passe au service de contrôle de qualité visuelle et physique sous la responsabilité du directeur qualité sud-coréen, insistent les responsables. Avant d’être livrés aux distributeurs Cima Motors, les véhicules passent le « test de piste final pour détecter s’il y a des pannes du point de vue vitesse et freinage », explique le directeur de l’usine.

Tahkout Agâcé

Tout au long de cette visite, les différents responsables ont insisté sur le fait que l’usine soit dirigée par cinq Sud-coréens dépêchés sur place. « Le DG de l’usine, les directeurs logistiques, de production et de qualité sont coréens. Le directeur de formation est algérien car il est expérimenté et il n’a pas de problème de langue », détaille M. Maachou. « TMC Tiaret englobe 407 agents dont 137 dans l’effectif de production. L’effectif opérationnel est algérien. Les chefs de ligne, l’opérateur et les ingénieurs sont également algériens », insiste encore ce dernier.

À l’entrée de l’usine, un attroupement s’est formé tôt le matin. Des hommes et des femmes de la région tentent de déposer un dossier pour un emploi. « En principe tout doit passer par l’Anem. On ne peut pas embaucher comme ça », nous dira le directeur de formation.

À l’intérieur de ses locaux, Mahieddine Tahkout est agacé. « Je suis homme d’affaires, j’ai d’autre missions ». Sur la défensive, le patron du groupe refuse de répondre à certaines questions et nous réfère à son DG coréen. Pour Mahieddine Tahkout, le problème est directement lié à la concurrence. « On ne peut pas accuser les gens mais c’est les concurrents, c’est tout », lâche-t-il.

Selon les responsables de l’usine Hyundai, la part de marché du constructeur aurait de quoi effrayer les autres acteurs du marché. Impossible néanmoins d’avoir des chiffres sur les ventes déjà effectuées. « Nous sommes TMC et c’est Cima qui s’occupe de la vente », explique M. Tahkout. Pourtant le concessionnaire Cima Motors appartient au groupe de l’investisseur.

Le patron de TMC préfère s’étendre sur le transfert de technologie. « Lorsque nous entrerons en CKD avec la fabrication de la tôle, coque du véhicule, et peinture de la carrosserie, Hyundai entrera en 51/49 », promet-il. Le premier véhicule CKD devrait sortir en avril 2018, indique ensuite le DG coréen, précisant qu’il s’agira de la dernière génération de l’Accent.

Concernant, la participation du constructeur au capital du projet actuel, les principaux intéressés bottent en touche. Le responsable coréen indiquera plus tard que l’usine est détenue à 100% par TMC mais que « la qualité est garantie par Hyundai Motors ».

Des sous-traitants en cours d’homologation ? 

Selon le DG coréen, le taux d’intégration actuel est « de 5 à 6%». Celui-ci est d’ailleurs optimiste lorsqu’il évoque l’objectif des 15% prévu d’ici trois ans par le cahier de charge. D’ailleurs, des sous-traitants ont déjà lancé le processus pour être homologués par Hyundai, affirme Mahieddine Tahkout. Ces pièces de fabricants algériens ont été « envoyées en Corée pour que Hyundai les étudie et qu’il donne un accord pour faire un audit de leur usine, afin qu’elles soient produites localement », explique le patron de TMC.


Visite de l’usine Hyundai à Tiaret par algerie-tsa


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