Hanoune veut un front national élargi de l'opposition



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Au troisième jour de cette campagne électorale, l'atmosphère générale n'a pas changé d'un iota.

Les affiches de candidats, mal confectionnées et d'un design à pleurer, qui commencent à noircir les panneaux sont observées dans une indifférence quasi-générale : les citoyens ne sont plus enthousiastes à l'idée d'aller scruter le ou les portraits des candidats.

Depuis l'instauration de la démocratie en 1990, chaque période électorale est vécue comme un moment particulier. Mais celle de cette année a battu tous les records de désaffection et de rejet ; preuve en est l'absence de vivacité dans cette campagne.

Dans les rues, dans les cafés et les marchés, les discussions tournent autour du football et bien sûr, des prix de certains produits agricoles qui volent la vedette à cette élection. La journée d'hier a été marquée par un cas d'école qui mérite une extrême attention de la part des observateurs de la HIISE.

Le ministre des Transports et des Travaux publics, Boudjemaa Talaï, candidat FLN à Annaba mis en congé depuis samedi dernier par le président Bouteflika au même titre que cinq autres ministres, a assisté hier à la présentation du tramway Citadis made in Algeria ainsi que du centre de maintenance et du dépôt des tramways lors de sa visite de travail dans la ville de Sidi Bel-Abbès.

Même s'il n'a fait aucune déclaration, le ministre a peut-être ignoré la décision du président Bouteflika. En quelle qualité et à quel titre le ministre-candidat Talaï a-t-il assisté à cet événement ?
Autre exemple de dépassement qui a marqué cette journée.

Le MSP et le FJD d'Abdallah Djaballah ont utilisé des fourgons flambant neufs sur lesquels sont collées des affiches portant des slogans et les portraits des principales « têtes de listes ». Ces fourgons sillonnent la capitale quartier par quartier lors de leur sortie algéroise.

Ce procédé est-il valide ? La HIISE à décidément du pain sur la planche pour traiter ces cas, surtout si l'on ajoute le pied de nez de certaines candidates qui ont refusé de mettre leur photo sur les affiches.

Dans la liste d'Adrar du Parti de l'équité et de la proclamation (PEP), un parti que préside Naïma Salhi, une certaine Benhamadi Mebrouka, fonctionnaire à la direction des Travaux publics, a décidé tout simplement de masquer son visage sur l'affiche électorale.

Un autre cas, celui de la liste indépendante « Fidélité et Continuité », menée par Abdallah Khiat, président de l'APC d'El Gourara à Ghardaïa, est aussi à signaler : deux femmes, l'une avocate et l'autre infirmière, n'ont tout simplement pas affiché leurs photos. Pire encore, l'une d'elle a juste affiché son nom sans le prénom.

Des cas similaires ont été signalés un peu partout à travers le territoire. Que va faire la HIISE ? Les disqualifier ou leur intimer l'ordre de montrer leur visage ? Et que dit la loi dans pareil cas ?

Enfin un fait saillant qu'il est utile de signaler : le président du mouvement El Islah a révélé que 40% des candidatures ont été réservés à la gent féminine compétente. Une manière de donner une image moderne de son parti, d'obédience islamiste et conservatrice.

Le ministère de l'Intérieur répond au RCD

La SG du PT, Louisa Hanoune, a indiqué que les prochaines élections « peuvent constituer le début d'un processus nouveau » qui unira ceux qui y participent et même ceux qui s'abstiennent pour générer une dynamique politique qui revitalisera la situation du pays.

Mme Hanoune a également évoqué la conjoncture internationale, plaidant pour la formation d'une « force de changement » vers le mieux à travers la volonté de la majorité, qu'elle ne nomme pas, mais qui peut être constituée de partis qui ne gravitent pas autour du pouvoir.

Comme le FLN du temps de Saâdani, Hanoune veut constituer une majorité avec les partis de l'opposition pour contrarier la future majorité qui sera composée indubitablement du FLN, du RND, du TAJ et du MPA.

De ce fait, elle a invité les citoyens à faire campagne par tous les moyens pour « favoriser une participation forte afin de pouvoir sanctionner les partis responsables de l'accablement de la société et de la régression du pouvoir d'achat des Algériens », dit-elle.

A l'opposé de la pasionaria, le RCD a décidé, après avoir refusé les caméras de l'ENTV lors de ses meetings de campagne, de ne pas donner suite à une demande d'audience que lui a formulée une mission d'experts mandatés par l'UE pour évaluer les élections.

Selon le RCD, la mission de l'UE « ne répond pas aux standards appliqués dans les pays d'Europe centrale », indique le parti dans un communiqué publié sur son site internet. Le RCD a révélé avant-hier avoir obtenu des preuves matérielles sur la fraude électorale lors des législatives de 2012.

Se référant aux résultats de ce scrutin publiés par le ministère de l'Intérieur, le président du parti, Mohcine Belabbes, affirme que ces documents confirment, pour la première fois depuis l'indépendance, le trafic électoral. « Nous avons fait le tirage de ces résultats (...).

Il y a des formations politiques qui, sans atteindre les 4%, sont non seulement exemptes de la collecte de signatures mais ont été gratifiées de sièges en 2012 », dit-il lors d'une conférence de presse au siège du parti. « C'est la première fois depuis l'indépendance que le ministère de l'Intérieur publie les preuves écrites de la fraude organisée par son administration », ajoute-t-il.

La réponse du ministère de l'Intérieur est venue moins de vingt-quatre heures après cette déclaration du premier responsable du RCD. Dans un communiqué rendu public hier, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a apporté des précisions concernant les listes électorales en course pour les législatives du 4 mai prochain : « Le nombre de listes de candidatures pour les élections législatives du 4 mai prochain s'élève à 938 listes », indique le communiqué.

Dans le même document, le ministère a précisé que 716 listes sont sous l'égide des partis politiques, 125 sous l'égide des alliances et 97 listes indépendantes, tout en soulignant que deux listes de candidatures ont été annulées après le 4 avril 2017.

L'une de ces deux listes rejetées, selon la même source, a été présentée sous l'égide d'un parti politique dans la wilaya d'Adrar et la seconde, une liste indépendante de la wilaya d'El-Oued pour non remplacement du candidat tête de liste dans les délais réglementaires.

S'agissant du corps électoral, le ministère a précisé que celui-ci, arrêté définitivement (après la période des réclamations et recours judiciaires) le 20 mars 2017, « s'élève à 23 251 503 électeurs (12 597 077 électeurs, soit un taux de 54,18% et 10 654 426 électrices, soit un taux de 45,82%) ».


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