BRC

Chronique d’une affaire classée



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Entre 2001-2005, 41 marchés ont été signés pour un montant total de 204 931 897 milliers de dinars. BRC avait pratiquement le privilège des marchés du ministère de la Défense avec 14 marchés pour un montant total de 131 414 253 milliers de dinars. 27 marchés avec Sonatrach pour 73 517 644 milliers de dinars. Le procès qui n’aura sans doute jamais lieu. Et pour cause ! Les raisons d’Etat, secret défense et/ou intérêts bien compris des parrains et alliés de l’engeance au pouvoir ont étouffé dans l’œuf l’énorme scandale qui éclabousse aussi bien la haute hiérarchie militaire que des hommes proches du président Bouteflika. Pour la justice algérienne, l’affaire BRC n’a plus aucune existence judiciaire. Onze (11) ans après la saisine du tribunal de Bir Mourad Raïs, le dossier judiciaire Brown and Root-Condor (B&R-C), société mixte algéro-américaine d’engineering pétrolier, a été classé. Un classement en catimini. Ordonné en 2007, quelques mois à peine après l’éclatement de cette affaire monstre de surfacturation, malversation et corruption, annonciatrice des grands crus et pots-de-vin mirifiques des affaires Sonatrach, Sonelgaz, autoroute Est-ouest, etc. «L’affaire est tombée dans le triangle des Bermudes», ironise cette grande avocate au barreau d’Alger. «Ce que je sais, c’est que l’affaire n’a, semble-t-il, jamais franchi le cap du procureur général. Aucune instruction n’a été ordonnée, aucun juge d’instruction n’a été désigné, pas de poursuites non plus. L’affaire a été classée», selon Me Lezzar, avocat, spécialiste de l’arbitrage international. De nombreux avocats confirmeront le classement prématuré de cette affaire. Par contre, le ministère de la Justice, contacté nombre de fois, s’est muré dans le silence. Lundi 20 mars. Du solstice d’hiver à l’équinoxe du printemps. Au siège de Sonatrach, scène surréaliste de passation de pouvoir, où les frères Dalton reçoivent de nouveau les clés de la banque à dévaliser. Abdelmoumen Ould Kaddour (AOK), Pdg de la défunte BRC à l’heure du scandale, est catapulté à la tête de Sonatrach, seul bijou de la couronne, 12e compagnie pétrolière mondiale qui assure quelque 95% des ressources du pays. Les photographes de l’agence de presse officielle immortalisent la scène des poignées de main et sourires ravageurs des jours de revanche insolente. Rappelé de son exil à Dubaï et réhabilité par devers toute éthique et justice de profanes, Moumen Ould Kaddour, fils prodige de Hennaya (Tlemcen) et du MIT (Massachusetts institute of technology), pose pour la photo officielle à côté du néo-débarqué Athmane Mazouzi et du ministre de l’Energie Noureddine Boutarfa, lui aussi touché par la grâce des puissants (après avoir été inculpé en juin 2013 et placé sous contrôle judiciaire avec une quinzaine de cadres de Sonelgaz suite à l’enquête sur les contrats de centrales électriques obtenus par l’américain General Electric, Alstom et Snc-Lavalin pour 5,5 milliards de dollars). Après Chabik Khelil, la machine à réhabiliter l’engeance sacrée du pouvoir carbure de nouveau à plein régime. Des «no comment» en rafale. Même les ténors du barreau et monstres sacrés des prétoires s’abstiennent de commenter le retour aux affaires de l’enfant prodigue de BRC. Un «sans commentaire» de rigueur chez Me Miloud Brahimi, l’avocat célèbre. Pas davantage chez Me Mokrane Aït Larbi : «Je ne peux pas me prononcer sur une affaire sur laquelle je ne sais rien, à part ce qui a été dit dans la presse». D’autres comme Maître Noureddine Benissaâd, président de la Laddh, préfère user d’allégories : «N’est-ce pas La Fontaine qui disait : ‘‘Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.’’ Réhabilitation faite ou pas faite, ce qui me désole, c’est ce deux poids, deux mesures : lorsque des Algériens ordinaires postulent à des petits postes dans la Fonction publique, il leur est demandé un casier judiciaire vierge. Pour les puissants, tout est permis dès lors que les critères de désignations aux hautes fonctions n’ont rien de transparent.» L’«espion» condamné à… trente mois Tribunal militaire de Blida. 26 novembre 2007. Un procès à huis clos pour escamoter un scandale grandeur nature. Trois accusés : le Pdg de BRC, un lieutenant du service d’écoute, et un civil, leur ami commun, comparaissent pour «divulgation d’informations classées secret défense nationale». Une vaseuse affaire de «flash disc» contenant un fichier sonore, une «communication téléphonique interceptée entre Ould Kaddour et son correspondant libyen». Les avocats de la défense, cités dans les comptes rendus de presse, évoquaient tous une affaire «banale qui ne méritait pas d’être jugée par un tribunal militaire dans la mesure où les informations livrées n’ont aucune importance». Paradoxalement, pour une affaire dite «d’espionnage», le code militaire — qui prévoit des peine capitales pour les crimes d’espionnage et de trahison— est étrangement mis en veilleuse. Arrêtés par le DRS huit mois auparavant, les mis en cause, deux civils et un militaire, ont été jugés en vertu du code pénal dans ses articles en rapport à la «divulgation de secrets défense sans intention de trahison ou d’espionnage». M. Ould Kaddour écopera de la peine la plus indulgente, 30 mois, dont il ne purgera que les deux tiers. L’affaire BRC passait déjà par pertes et profits. Ould Kaddour, «l’homme de paille des services» «Un enterrement massif», un «étouffement de première classe». Cet ancien haut dirigeant du gouvernement se dit frappé par «l’aspect expéditif» de cette affaire. «Née d’un accord commun entre les gouvernements algérien et américain, BRC qui a été pour ainsi dire le nid du complexe militaro-industriel américain en Algérie, a été étouffée tout aussi d’un accord commun. Et je peux vous assurer qu’ils (Américains) ont été largement indemnisés, et pas qu’ en terme d’argent». Le «comme-back» des yankees se profilant derrière les dernières nominations à la tête de Sonatrach, l’ancien haut dirigeant n’y croit pas. «Les Américains ne sont jamais partis avec le départ de BRC, et leur business n’a jamais été aussi prospère que depuis 1999, et même aujourd’hui l’équilibre entre les intérêts français et américains est largement en faveur de ces derniers.» «Homme de paille des services qui l’ont désigné à ce poste, Ould Kaddour est aussi, précise-t-il, au carrefour d’intérêts sectoriels américains, ceux d’Haliburton entre autres, et qui n’entrent pas forcément en résonance avec les intérêts nationaux des USA.» «Ould Kaddour à Sonatarch, c’est certainement le coup de grâce, celui qui précède le grand dépeçage de la société, de sa privatisation à terme, après l’échec de la loi sur les hydrocarbures.» Chez les partenaires étrangers, c’est le choc, la stupeur. «Sonatrach passe désormais pour une société complètement pourrie. (…) et si le procès Bouteflika-Khelil devait être instruit un jour, il devrait déboucher sur celui des ‘‘services’’ qui n’ont pas su protéger Sonatrach, sur le procès de ce système politique policier qui pourrit tout ce qu’il touche.»


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