Mohamed Benhaddadi, expert en énergie

« L’Algérie doit aller vers le solaire »



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Écoutons celui dont tout financement de projet de recherche au Québec nécessite sa signature. Puisqu’il est conseiller scientifique du Fonds de recherche du Québec.  Rencontré au Carrefour littéraire de Montréal (*) où il a donné une conférence sur les énergies renouvelables à l’occasion de la journée de la terre, le professeur en génie électrique et expert en énergie croit fermement qu’il est temps que l’Algérie se mette au solaire car les sources du futur sont clairement les énergies renouvelables.  Sans être un « environnementaliste fondamentaliste», ce chercheur-associé au Centre interdisciplinaire de recherche en développement durable (Québec) et premier Chevalier algérien et maghrébin de l’Ordre national du Québec, pense que tout ceci doit se faire maintenant, car demain il sera peut-être trop tard.   Écoutons celui dont tout financement de projet de recherche au Québec nécessite sa signature. Puisqu’il est conseiller scientifique du Fonds de recherche du Québec.   Quel scénario énergétique pour l’Algérie pour les prochaines années ? Dans un passé récent, j’ai exposé ce que l’Algérie ne devrait pas faire de façon implicite et également explicite. J’ai dit que chaque pays doit faire valoir ses atouts fondamentaux. Ceux qui ramènent le plus de plus-value, qui créent le plus d’emplois et de richesses. L’Algérie avec son potentiel solaire a une chance inouïe d’être parmi les pionniers. Sauf que c’est maintenant que ca se passe. C’est maintenant que le pays doit faire des actions. Parce qu’il peut être un leader dans ce domaine-là en s’associant avec d’autres leaders qui ont besoin, soit de territoires pour implémenter leurs technologies soit des partenaires avec lesquels ils vont les développer.   Donc, il faut aller vers le solaire et ce même si les ressources en hydrocarbures n’ont pas toutes été exploitées? Absolument. Il faut aller vers le solaire. Et l’un n’empêche pas l’autre.  Parce que c’est une action de longue haleine et étalée dans le temps. Il est fondamental qu’on continue à faire de la prospection conventionnelle de gaz et de pétrole et d’exploiter tout le potentiel qui est économiquement viable. Les ressources dégagées doivent aller partiellement vers les ressources du futur qui sont clairement les énergies renouvelables. Pour un pays comme l’Algérie c’est essentiellement le solaire.   Comment on peut convaincre le gouvernement d’un point de vue économique ? Le gouvernement doit, normalement, s’entourer d’experts qui doivent lui expliquer que ce qui n’est pas rentable aujourd’hui va l’être très bientôt. Dans ma conférence, j’ai donné l’exemple de l’éolien. Au début, Il était subventionné à hauteur d’un dollar le kilowatt-heure. Aujourd’hui, il est compétitif. Il n’a presque plus besoin de subventions dans le monde. L’histoire de l’éolien va se répéter avec le solaire et en plus grand encore.   Vous affirmez que le débat sur l’énergie en Algérie est pollué ? Pour la simple raison que le débat n’est pas suffisamment technique. On fait intervenir des arguments qui ne sont pas censés être là, liés à des personnes, à des politiques de personnes.  Le débat devrait être situé dans un contexte technico-économique.   Mais les scientifiques ne détiennent pas le pouvoir… Les scientifiques n’ont jamais cherché le pouvoir. Ils n’en ont que faire. Ils sont là pour donner des outils aux politiques pour initier des bonnes politiques. Malheureusement en Algérie, on ne voit pas qu’il y a un débat. Les débats qu’il y a, c’est plus des personnes qui interviennent à titre d’individu. Il faut qu’on ait une institution ou un organisme qui puisse à un moment donné dire assez c’est assez! , Il va falloir mettre tout le monde autour d’une table et écouter les différentes opinions et sortir avec une nouvelle politique énergétique pour le pays.   Le ministre de l’énergie a annoncé que l’Algérie n’a pas besoin pour le moment du gaz de schiste . Etes-vous de cet avis? Je ne sais pas quel est le potentiel de l’Algérie en gaz de schiste. Il y a beaucoup de chiffres qui sont avancés mais on ne sait pas sur quoi ils sont basés. Si les réserves sont faramineuses, il faut certainement penser exploiter ces gisements. Mais actuellement, à ma connaissance, il n’y a pas une évaluation qui nous donne le potentiel économiquement fiable du pays dans cette ressource.   Vous avez affirmé que le pire ministre d’énergie qu’a connu l’Algérie est Chakib Khelil. Pourquoi ? Quand je regarde les politiques qui ont été initiées (par Chakib Kheli, NDLR), on voit que la donnée fondamentale est basée sur l’exploitation maximale des ressources naturelles comme si elles allaient s’évaporer si jamais cette personne n’est plus au pouvoir. L’idée que la finalité est d’augmenter, coûte que coûte, la production est un objectif que je ne peux pas partager parce que la production, conformément aux nouvelles orientations qui s’inscrivent dans un cadre de développement durable, doivent tenir compte d’une exploitation qui tienne compte des besoins des générations futures. Si le potentiel du pays est étalé sur 20 ou 25 ans, on ne devrait pas augmenter la production pour abaisser ce potentiel à 10 ans. Un autre exemple. Dans le domaine de l’électricité, un domaine que je connais beaucoup mieux, on a voulu déréglementer très rapidement et même sauvagement, comme ca a été fait en Californie au milieu des années 1990 où ils se sont retrouvés avec un prix du kilowatt-heure d’un demi-dollar. Il y avait de la demande qui avait beaucoup augmenté sans que l’offre n’augmente au même rythme. Les prix ont explosé. C’est ce qui allait se produire en Algérie si on avait été dans cette direction jusqu’au bout. C’est le genre de politiques qui sont à  prohiber.   Pour revenir à vous, est-ce qu’on a fait appel à vous en Algérie ? J’ai fait partie de la délégation des experts algériens qui sont partis en Algérie au mois d’octobre dernier où j’ai donné deux conférences, une au ministère des affaires étrangères et l’autre à l’enseignement supérieur. Dans l’un des conférences, il y avait deux personnes qui m’ont demandé si je voulais rencontrer le ministre de l’énergie. J’étais choqué. Pourquoi irais-je voir le ministre, moi qui milite pour que les institutions ne dépendent pas des hommes. Il faut qu’il mette en place une institution qui puissent entrer en contact avec les personnes qui pourront contribuer peut être à l’avenir du pays. Par ailleurs, je propose une formation sur l’efficacité énergétique, les moteurs et les drives. Je l’ai développée avec Polytechnique de Montréal. Je la donne une fois par année. Elle complète la formation que nous donnons à nos ingénieurs. Ce sont des problèmes pratico-pratiques qu’ils viennent discuter avec moi. Je viens avec une formation qui est ficelée sur la base de laquelle il y a de larges échanges. Elle dure deux journées complètes. Je rêve de le faire en Algérie mais pas à l’université. Elle est destinée aux PME (publique ou privée). Je l’ai donné à une quarantaine d’entreprises dont la moitié sont des PME. 


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