Comment Trump cherche à enterrer l’ère Obama



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Pour son premier déplacement officiel à l’étranger, quatre mois après son investiture, Donald Trump a choisi de se rendre en Arabie saoudite. Si son prédécesseur Barack Obama a cherché à rééquilibrer les relations entre les États-Unis et les deux puissances régionales -l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite-, le nouveau locataire de la Maison Blanche a souhaité envoyer un message très différent.

Le retour des alliances traditionnelles…

Pour la plus grande joie de l’Arabie saoudite, le 45e président des États-Unis a appelé tous les pays musulmans à « isoler » l’Iran, en « attendant que le régime iranien montre sa volonté d’être un partenaire dans la paix ». « Nous devons travailler ensemble pour isoler l’Iran aux fins de l’empêcher d’avoir de nouvelles occasions de financer le terrorisme. L’Iran soutient, entraîne et finance les milices terroristes », a ainsi déclaré Donald Trump dimanche, à Riyad, devant une cinquantaine de dirigeants du monde arabo-musulman.

En reliant avec son allié traditionnel, le nouveau locataire de la Maison Blanche cherche à faire oublier l’ère Obama. Riyad, très contrarié du rapprochement entre Washington et Téhéran en 2015 avec l’accord sur le nucléaire iranien, respire de nouveau.

… De circonstance 

Ce changement de ton de la nouvelle administration américaine et ce ré-alignement des États-Unis sur la politique anti-iranienne de Riyad a d’ailleurs a été généreusement récompensé, avec la signature de gros contrats commerciaux : 380 milliards de dollars, dont 110 milliards de contrats d’armement qui devraient permettre de renforcer notamment les opérations militaires saoudiennes au Yémen (un conflit qui a fait au moins 10.000 morts depuis deux ans, selon l’ONU). Ce qui place les États-Unis dans une position précaire, selon plusieurs associations de défense des droits de l’Homme.

En outre, il faut noter que l’Arabie saoudite n’a, semble t-il, pas tenu rigueur à Trump de ses nombreuses déclarations assassines au sujet du Royaume. « Pour parler franchement, l’Arabie saoudite ne nous a pas traités de manière équitable, parce que nous perdons énormément d’argent dans la défense de l’Arabie saoudite », disait-il encore le 28 avril dans une interview accordée à l’agence Reuters.

Qu’importe, car l’alliance entre les deux partenaires rabibochés satisfait Washington, qui repart avec un chèque, et Riyad, qui a maintenant une piste concrète pour espérer mettre en oeuvre son plan Vision 2030 pour sortir du tout pétrole et diversifier l’économie. Reste à savoir toutefois si l’Arabie saoudite, chahutée par la baisse des cours du brut, pourra tenir ses engagements.

| LIRE AUSSI : Un nouvel « axe du Mal » 

Outre ses diatribes anti-Iran, Donald Trump –dont le discours livré aux représentants de pays musulmans était très attendu– a exhorté les musulmans à s’unir contre le radicalisme et la menace terroriste. Le locataire de la Maison Blanche a tenu à modérer ses propos habituels, reconnaissant que 95% des victimes de Daech et d’Al-Qaïda sont des musulmans, et appelant à l’union. « Nous ne pouvons vaincre ce mal que si les forces du bien sont unies et fortes », a-t-il lancé devant son auditoire. Mais pas question de vexer son hôte saoudien : Trump ne dira pas un mot sur le rôle des Saoudiens dans la promotion du fondamentalisme religieux.

Si ce discours contraste fortement avec celui du candidat Trump qui s’est, tout au long de la campagne présidentielle en 2016, évertué à proférer des invectives contre le monde musulman, il délivre aussi une lecture très schématique du Moyen-Orient où l’Iran est accusé de répandre le terrorisme. D’un côté, il existerait donc les partisans d’un islam raisonnable et modéré (le bloc sunnite), de l’autre un nouvel « axe du Mal ». L’ennemi commun serait donc l’Iran chiite.

Une rhétorique qui n’est évidemment pas étrangère à celle développée par George W. Bush il y a quinze ans. À une différence près, et de taille : Trump, contrairement à l’ancien président républicain, se fiche d’exporter les valeurs occidentales. « Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux gens comment ils doivent vivre, ce qu’ils doivent faire, qui ils doivent être ou comment prier », prévient-il.

Toutefois, en dépit de cette prudence verbale aux antipodes de l’agressivité de Trump candidat, sa vision géopolitique ne fait qu’encourager les tensions confessionnelles dans la région.

LIRE AUSSI : À Riyad, Trump appelle les musulmans à s’opposer à l’Iran

Israël (aussi) se frotte les mains 

Après cette première étape en Arabie saoudite, Donald Trump s’est rendu lundi en Israël où il a de nouveau exprimé sa défiance vis-à-vis de Téhéran. Le président américain veut ainsi ouvrir un nouveau chapitre, et revenir à un réseau d’alliances traditionnelles. En désignant l’Iran comme l’ennemi numéro un, il trouve une oreille attentive en Israël. Mieux, en assimilant le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais à des organisations terroristes similaires à Daech, il ne peut que réjouir Benjamin Netanyahu.

« À quelques (petites) nuances près, le discours aurait pu être prononcé par Benjamin Netanyahu. La diatribe anti-iranienne, la désignation du Hamas et du Hezbollah comme groupes terroristes, l’obsession de la menace sécuritaire au détriment du respect des droits de l’Homme, ou encore la distinction, quasi métaphysique, entre le clan du bien et le clan du mal constituent le cœur du discours diplomatique du Premier ministre israélien depuis plusieurs années déjà », écrit ce mardi le quotidien francophone libanais L’Orient Le Jour.  Donald Trump a, là aussi, décidé de tirer un trait sur les années Obama. Il n’est plus question de se montrer critique à l’égard de la politique de Netanyahu.

Quant au processus de paix, Donald Trump -qui s’est entretenu mardi avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas- a réaffirmé sa détermination à tout faire pour y parvenir, sans pour autant avancer de piste concrète. Il n’a pas non plus mentionné sa promesse de campagne de déménager l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Mais son initiative d’aller prier devant le mur des Lamentations à Jérusalem, haut lieu du judaïsme (une première pour un président américain en fonction), devrait lui permettre de marquer des points. Symboliquement.

Trump lâché ? 

Si cette tournée diplomatique « spectacle » de neuf jours est présentée par de nombreux médias comme une trêve pour Donald Trump -actuellement dans la tourmente en raison de ses liens supposés avec la Russie et d’accusations d’obstruction à la justice-, elle pourrait aussi lui porter préjudice sur son territoire.

En modérant ses propos, une partie de son électorat très conservateur -séduit par son discours de campagne anti-musulmans- pourrait se sentir trahi.

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