Le plan d’action du gouvernement s’annonce dans la continuité



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C’est avec une équipe amputée du ministre du Tourisme que le Premier ministre, Abdelamdjid Tebboune, présentera le 18 juin prochain sa feuille de route pour les deux prochaines années devant  les députés de la huitième législature. L’ancien ministre de l’Habitat, qui a déjà eu à donner la couleur de son plan d’action lors de la cérémonie de passation de pouvoirs avec son prédécesseur, Abdelmalek Sellal, insistant sur l’urgence d’une  reconversion économique. Une reconversion déjà prônée sans que le changement intervienne. Mais aussi sans que le bilan de l’équipe sortant soit établi et sans que le flou soit levé sur l’avenir du nouveau modèle de croissance économique adopté en 2016 à l’ère de Sellal. C’est à dire à l’ère des grandes annonces hâtives  sans lendemain.  Une situation qui illustre le grand décalage entre les discours et les réalisations, notamment en ce qui concerne les réformes structurelles qui restent, de l’avis des experts, l’ultime recours face à la crise. Cela pour dire que l’ajustement budgétaire sans réformes reste sans résultats. Ce qu’il y a lieu d’éviter justement, préviennent les économistes. Pour la mission qui attend Teboun à la tête d’un Exécutif installé au lendemain de l’élection législative du 4 mai et à la veille des élections locales, les conditions ne s’annoncent guère faciles, avec des équilibres budgétaires à assurer dans un contexte financier difficile, une politique sociale à maintenir et des réformes urgentes à mettre en œuvre. Mais que prévoit justement le plan d’action du gouvernement Tebboune ? Pour l’heure, à une semaine de la première rencontre entre le nouvel Exécutif et les nouveaux locataires de la Chambre basse du Parlement, c’est toujours l’attente quant aux détails dudit plan. Un plan dont l’élaboration n’aura duré que trois semaines (depuis l’installation de la nouvelle équipe gouvernementale). Juste le temps pour certains ministres de se fixer sur les actions à entreprendre et de consulter leurs partenaires. C’est le cas du ministre de l’Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, qui a eu à tenir des réunions de concertation avec les organisations patronales. L’occasion pour lui de s’engager à solutionner le problème du foncier après les moult ajournements de ces dernières années, comme le montre le retard criant accusé dans la réalisation des parcs industriels. De son côté, le ministre des Finances, Abderahmane Raouia, a indiqué miser sur l’augmentation des recettes de la fiscalité ordinaire, précisant qu’une feuille de route y afférente est prévue par le programme économique en vigueur. «Nous devons poursuivre le développement de la fiscalité ordinaire sans que cela pèse sur le citoyen», a-t-il assuré. Autre exemple, du côté du ministère de l’Environnement et des Energies renouvelables, l’on parle déjà d’une nouvelle stratégie, au moment où les attentes sont focalisées autour des moyens d’accélérer l’exécution du programme d’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Continuité Durant cette période, il y a eu également la mise en place des groupes de travail multisectoriels pour se pencher sur les priorités. Lesquelles se résument en quelques points, à savoir l’amélioration du pouvoir d’achat, la protection de l’économie nationale, la rationalisation des importations, la lutte contre le chômage, le logement, la justice sociale et la promotion de l’investissement dans une conjoncture où l’appui aux grandes entreprises pour faire émerger des champions industriels et tirer les PME, ainsi que la mise en œuvre d’une politique financière et monétaire qui puisse contenir l’inflation galopante de ces derniers mois se font attendre. D’emblée, ces axes n’ont rien de nouveau par rapport à ce qui a été prôné dans les discours de l’ex-Premier ministre et lors de la campagne électorale pour les législatives de mai dernier. Des points également soulevés par Tebboune juste après sa nomination. Ce dernier a, en effet, évoqué, à l’issue de la cérémonie de passation de consignes avec Abdelmalek Sellal, la nécessité et l’urgence d’aller vers la reconversion économique. «Il s’agit de construire une économie plus saine et plus équilibrée, dans laquelle le secteur privé aura toute sa place, peut-être même une place prioritaire, avec toute la régulation et le contrôle que doit faire le gouvernement», a-t-il précisé dans ce cadre. Interrogés sur leurs attentes de ce plan d’action, de nombreux députés ont préféré temporiser, préférant voir d’abord ce programme pour pouvoir se prononcer. Ceci dit, les attentes portent essentiellement sur «la nécessité de trouver une issue à la crise que traverse le pays», ont répondu sur ce sujet les députés que nous avons pu joindre. L’administration, le cœur des réformes Du côté des experts, l’on ne manque pas de souligner l’urgence des réformes. Mohamed Chérif Belmihoub, expert en développement, qui fera remarquer le retard pris dans les réformes, nous dira : «La priorité c’est la réforme structurelle, c’est-à-dire aller au-delà de l’ajustement budgétaire qui est certes nécessaire et je pense qu’il y a encore de la réserve pour avancer dans la réforme.» Et de rappeler: «Le gouvernement sortant n’a pas fait bouger d’un iota la situation. Sellal a travaillé pendant deux ans sur l’ajustement budgétaire dans une démarche statique, alors que la réforme doit être dynamique. Donc, il y a lieu d’allier les deux réformes simultanément.» Il résumera encore : «La gouvernance et l’administration devraient être le cœur des réformes futures, en plus du système financier. Cela va ensemble. Si on ne réforme pas, l’argent qu’on met n’arrivera jamais à bon escient. Il s’agit donc de mener de front les deux réformes (ajustement et réforme structurelle) et travailleur sur la transformation économique.» L’autre problème, de l’avis de notre expert, est comment financer l’investissement. Il s’agit, selon ses propositions, de trouver, entre autres, des solutions alternatives au budget en montant avec des institutions internationales un fonds d’investissements en assurant la garantie de l’Etat à travers une contribution financière. Toujours selon notre expert, il y a lieu d’aller plus loin dans les solutions à l’épargne informelle en pensant par exemple à la finance islamique. Allant dans les détails des changements nécessaires à opérer, l’économiste Karim Si Lekhal a mis l’exergue sur les moyens de la diversification économique. Miser sur une stratégie de l’offre «Le défi des quelques années à venir consistera, pour l’Algérie, à poser les bases d’un modèle économique nouveau dont l’objectif principal sera de diversifier et de transformer la structure de l’économie nationale, pour espérer atteindre une croissance durable de la richesse (PIB) de 7% par an au cours des quinze, vingt prochaines années, un préalable à l’émergence», notera-t-il. Et de recommander dans ce sillage un modèle qui donnerait la priorité au développement d’une véritable industrie de transformation, à l’agriculture, à l’agro-industrie, au secteur du tourisme et surtout au capital humain. Il rejoindra M. Belmihoub dans son analyse plaidant pour la réforme. «Il faut réformer en profondeur tout en faisant la pédagogie de la réforme», préconisera-t-il, énumérant quelques pistes pour une stratégie dite de l’offre, c’est-à-dire de relance de croissance économique par l’investissement productif. Il s’agit, entre autres, de l’accélération de la simplification du parcours de l’entrepreneur. «Ce sont toutes les questions foncières, financières, administratives et fiscales qui restent complexes et pénalisent de fait l’initiative privée et l’investissement productif créateur de richesses et d’emplois», rappellera-t-il. Car, expliquera-t-il : «L’impératif aujourd’hui est d’accroître le nombre relatif d’entrepreneurs.» Mais faudrait-il assurer les moyens pour mener cette politique de l’offre. «Or, dans un Etat comme l’Algérie, qui se trouve dans une situation contraignante à la fois sur les plans financier et  de l’économie réelle, l’Etat doit investir lui-même grâce à un budget propre». Comment ? Cela implique, selon M. Si Lekhal, la mise en place d’une agence nationale d’investissement, qui va définir la façon dont l’Etat peut cibler ses investissements : un ciblage vertical, où le gouvernement fixe les secteurs qu’il considère particulièrement créateurs de richesses, au point qu’il leur accorde des priorités et un ciblage horizontal, par lequel l’Etat produit les services publics, l’éducation, l’université et la recherche scientifique, la formation professionnelle et le soutien aux entreprises. Autant de changements nécessaires pour une économie qui cherche à sortir du giron de la rente.   


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