Décryptage/ Plan d’action du gouvernement Tebboune

Le patron c’est Bouteflika



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Les orientations présidentielles, rappelées par le dernier Conseil des ministres en présence du Chef de l’Etat, laissent peu de marge de manœuvre au gouvernement Tebboune en lui imposant des objectifs relevant, quelques fois, de la quadrature du cercle.

Après la réunion du Conseil des ministres de mercredi, on ne connait pas encore le détail du plan d’action du gouvernement Tebboune qui a été «débattu et adopté» hier. On en saura plus à l’occasion de sa présentation devant les députés qui interviendra probablement après l’aïd. En revanche, on connait les orientations et les lignes rouges tracées par le Président Boutéflika et le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne laissent pas beaucoup de marges de manœuvre au nouvel exécutif, en particulier dans le domaine très sensible de la politique économique.

«La crise des prix du pétrole s’installe dans la durée»

On doit relever qu’il y a dans les orientations «présidentielles», précisées hier, beaucoup d’éléments de continuité par rapport à la politique mise en œuvre par le gouvernement Sellal, mais également quelques nouveautés.

Au chapitre de la continuité et ainsi qu’il le fait désormais régulièrement depuis décembre 2014, le Président Bouteflika plante le décor : «La crise des prix du pétrole s’installe dans la durée et nous impose des défis majeurs exigeant notamment la dynamisation des réformes à mettre en place». Ce sont les grandes lignes d’une politique d’austérité économique qui sont ainsi rappelées. Au menu: rationalisation budgétaire, réduction des importations et refus réitéré du recours à l’endettement extérieur recommandé récemment par le FMI à notre pays.

Le budget de l’Etat face au défi des prix du baril

Le président Bouteflika a souligné hier «la nécessité de poursuivre la mise en œuvre de la politique de rationalisation budgétaire adoptée l’année dernière pour redresser les finances publiques à l’horizon 2019». Il fait ici allusion à la «trajectoire budgétaire 2016-2019» qui prévoit une élimination progressive de l’énorme déficit budgétaire dans lequel la chute brutale des prix du baril a plongé les finances de l’Etat. Estimé à plus de 15% du PIB en 2015, le déficit du budget de l’Etat doit être ramené à moins de 2% du PIB en 2019, selon les dispositions contenues dans la loi de finances 2017.

Ces orientations, qui impliquent notamment une forte réduction et un plafonnement pendant trois ans des dépenses d’équipement de l’Etat, sont donc ainsi confirmées. La chute toute récente des prix pétroliers, qui sont actuellement à un niveau proche de 47 dollars, risque cependant de mettre à mal ces prévisions qui sont basées sur  un prix de référence de 50 dollars en moyenne en 2017, et sur une prévision qui apparait désormais très optimiste de 55 dollars en 2018.

Une nouveauté : les «financements internes non conventionnels»

C’est ici qu’intervient une nouveauté. Dans le but de « ne pas trop impacter les programmes publics d’investissements, le président Abdelaziz Bouteflika a invité le gouvernement à promouvoir des financements internes non conventionnels qui pourraient être mobilisés pendant quelques années de transition financière». Manifestement la chute actuelle des prix du baril rend les dirigeants algériens plus prudents dans leurs prévisions. Les «financements internes non conventionnels» sont le nouveau nom attribué pudiquement au recours à l’endettement interne. Il pourra prendre la forme soit de financements alternatifs comme «l’emprunt hallal» qui avait déjà été envisagé au début de l’année et dont le projet sera probablement relancé au cours des prochains mois. Comme le rendement de ce dernier devrait néanmoins rester assez modeste, selon la plupart des spécialistes, c’est le gonflement de la dette du Trésor à l’égard du système financier, déjà en cours depuis l’année dernière, qui devrait être le moyen d’ajustement  privilégié. Notons que dans ce domaine, on considère généralement que  notre pays dispose encore de marges de manœuvre  importantes avec un endettement de l’Etat qui ne dépasse pas actuellement les 20 % du PIB.

Le recours à l’endettement extérieur écarté

Si pour les finances publiques internes la tâche ne sera déjà pas facile, dans le cas des équilibres financiers extérieurs, l’exercice imposé au gouvernement Tebboune relève carrément de la quadrature du cercle. Face à la chute des revenus extérieurs qui devraient diminuer de plus de 50% en 2017 par rapport à leur niveau de 2104, le Président Bouteflika écarte clairement l’option du recours à l’endettement extérieur recommandée, au mois d’avril dernier, à la fois par le FMI et la Banque Mondiale.  «Pas question», semble répondre le président Bouteflika. Le communiqué publié hier est très clair. Insistant sur «la nécessité de préserver la souveraineté économique du pays, le président de la République a instruit le Gouvernement d’éviter le recours à l’endettement extérieur». La première opération d’endettement auprès de la Banque africaine de développement (BAD) pour un montant de près d’un milliard de dollars réalisée en décembre 2016, qui avait pu faire croire à une remise en cause du «tabou» de l’endettement extérieur  risque donc de rester sans lendemains. En tout cas, pour l’instant.

Les réserves de change sous pression

Le problème est qu’en même temps, le président invite fermement le gouvernement  à «préserver les  réserves de change du pays». Comment faire ? En «contenant encore  d’avantage  le volume des importations de biens et de services du pays», indique le communiqué officiel rendu public hier. Le gouvernement Tebboune se retrouve ainsi face à un véritable dilemme. Les licences d’importation, mises en place depuis près d’une année, n’ont pas permis de réduire significativement les importations qui sont stabilisées, depuis l’année dernière, sur une pente de l’ordre  de 45 à 46 milliards de dollars en rythme annuel. Les «contenir encore d’avantage», c’est élargir et durcir  le dispositif actuel  en prenant le risque de pénaliser fortement la croissance et l’emploi. Un risque contre lequel ont prévenu le FMI et la BM en avril dernier, en révisant déjà en forte baisse leurs prévisions de croissance pour notre pays, ramenées à moins de 2 % en 2017, et moins de 1% pour l’année prochaine, avec à la clé une forte augmentation du taux de chômage.

La seule solution «raisonnable» actuellement disponible pour le gouvernement est donc de continuer à puiser dans les réserves de change. Selon la plupart des spécialistes, elles devraient passer sous la barre des 100 milliards de dollars dès la fin 2017, et se situer aux alentours de 80 milliards de dollars» à fin 2018-début 2019, c’est-à-dire à la fin du 4ème mandat du président Bouteflika. Un tel scénario entre-t-il dans la définition de la «préservation des réserves de change» et sera-t-il accepté par le Chef  de l’Etat ? L’option concurrente serait celle d’une réduction drastique des importations et du saut dans l’inconnu dans ce qui s’apparenterait  à une «économie de guerre» comparable à la version prônée, heureusement sans succès, par Belaid Abdesselem au milieu des années 90.

 Hassan Haddouche


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