Soupçons de surfacturation dans un partenariat algéro-français



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Pour le comité de soutien aux travailleurs de ce groupe et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa (CSTCIEWB), il n’y a pas l’ombre d’un doute, Cevital est ciblé et, plus grave, «les prédateurs surfacturent nos déchets». C’est ainsi qu’il titre sa déclaration qu’il joint à un dossier ficelé remis à la presse à l’occasion d’une conférence tenue hier, par Mourad Bouzidi, pour dénoncer «une scandaleuse opération de parasitage et de détournement d’un projet». Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au 4 mars dernier, lorsque le patron de Cevital a pris part à une rencontre organisée par un ensemble d’associations, soucieuses de l’environnement et de la santé publique, à la maison de la culture Taos Amrouche. Rebrab s’était engagé à mobiliser 100 milliards de centimes pour la réalisation d’une usine de traitement et de valorisation de déchets pour toute la wilaya de Béjaïa ainsi que d’une station d’épuration ultramoderne pour la ville de Bgayet. Une offre généreuse et alléchante, en ces temps de disette, qui tient toujours aux côtés de celle qui consiste à couvrir et aménager, sur les fonds propres du groupe agro-industriel, l’oued Seghir, un canal d’eaux pluviales et usées qui traverse la ville avec sa laideur et ses puanteurs. La proposition de Rebrab est restée sans suite, superbement ignorée. Le comité constate, cependant, qu’elle a été derrière le coup d’accélérateur donné, subitement, au projet de partenariat avec le Club 92. Une course contre la montre a été engagée, non sans précipitation. Le 26 mars 2017, la commission hygiène, santé et environnement de la commune a examiné et retenu les propositions du Club 92, en recommandant d’obtenir de la tutelle «l’autorisation légale d’une telle opération, à savoir confier, en dehors des règles des marchés publics, la gestion des déchets à cette future SPA», soit une opération de gré à gré. Une membre de cette commission avait soulevé, alors, «l’aspect relativement excessif des coûts et le caractère associatif du Club 92».   Grands écarts Le 6 avril, l’APC a délibéré en faveur d’un partenariat à travers la création d’une SPA nommée Béjaïa Environnement, avec un capital social de 120 millions de dinars. Club 92 sera l’actionnaire majoritaire, avec 49% des parts, le reste partagé entre la commune (34%), des investisseurs privés (16%) et l’Agence nationale de déchets (1%). L’opération consiste en la collecte et le traitement des déchets pour un montant annuel de 70 milliards de centimes. L’opération porte sur trois volets : pré-collecte, collecte, nettoyage. La daïra a validé la délibération en la considérant conforme «aux décisions du wali concernant la protection de l’environnement». Ce partenariat a été engagé pour être «fait sans aucune prospection, ni consultation ni avis d’appel d’offres, sans aucun respect des règles de la concurrence des marchés publics», constate le CSTCIEWB, qui a poussé ses investigations jusqu’à comparer ses chiffres avec ceux pratiqués dans la ville d’Oran par l’Epic Oran Propreté, les mêmes que donne R20 Med, l’organisation d’Arnold Schwarzenegger. Les écarts sont énormes et les soupçons de surfacturation s’alourdissent. La tonne de déchets collectés coûte à la commune d’Oran 5638 DA contre 11 670, 20 DA pour ce projet à Béjaïa, soit un écart d’un peu plus de 6000 DA la tonne. Pour la même prestation de la collecte de 60 000 tonnes, l’APC d’Oran débourse donc 36,2 milliards de centimes. Comparé aux 70 milliards du projet bougiote, on passe du simple au double. L’APC de Béjaïa allait débourser 33,8 milliards de centimes de plus chaque année pour le même volume de déchets. Rien que ça. «338 milliards de surfacturation en dix ans que notre APC s’apprêtait à faire subir à la population de Béjaïa», conclut le comité qui accuse l’APC de «faux et usage de faux», pour avoir «modifié la délibération (Réf B/07 du 6 avril 2017), pour y ajouter, lors de sa publication, ‘‘le traitement des déchets’’». Pour le comité, qui garde en sa «possession les preuves de cette malversation», «ce faux et usage de faux est dicté, selon notre analyse des faits, par le souci des forces occultes d’écarter à tout prix l’offre de Cevital». «Ce blocage doublé d’une escroquerie financière, qui allait impacter pendant dix ans le budget de notre APC, doit être dénoncé avec force et par tous les citoyens de notre wilaya», considère le comité dans lequel émargent des représentants de la société civile. «Nous sommes conscients des intérêts occultes que nous remettons en cause et nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de notre combat. Nous interpellons le président de l’APC à rendre des comptes à la population sur la surfacturation des opérations envisagées avec ses partenaires et sur la modification de la délibération du 6 avril 2017. Le wali doit s’exprimer publiquement sur ce scandale administratif, économique et financier commis par une institution de la République activant sous sa responsabilité directe. Nous l’invitons également à répondre favorablement à l’offre de Cevital. Devant la gravité de ces agissements, nous appelons enfin le Premier ministre à agir vite et de manière ferme contre ces cercles maffieux qui gangrènent notre région», interpellent-ils. L’association Club 92 est venue avec une proposition de partenariat qui ne se limite pas à la seule ville de Béjaïa. Sa mission «a commencé ses travaux depuis octobre 2015 sous l’égide du Premier ministre et dans le cadre d’un comité interministériel regroupant le ministère de l’Intérieur, le ministre des Ressources en eau et de l’Environnement et le ministère des Finances», rappelle Allaoua Mihoubi, élu à l’APC de Béjaïa, dans un «rapport d’appréciation» sur le projet. Béjaïa n’a été prise que comme ville-pilote, dans un programme qui devait concerner d’autres régions du pays. Est-il en vigueur ? L’a-t-on remis en cause ? Si c’est le cas, s’est-on rendu compte de quelque anomalie ? Faire le parallèle avec la proposition du patron de Cevital tente, en tout cas, de plus en plus de monde à Béjaïa. «D’aucuns ont même tenté de lier cette précipitation du moment à la seule volonté de faire barrage à l’offre écologique du patron de Cevital (…). Une offre qui ne peut se refuser à l’heure de l’austérité des financements publics. L’approximation dans la question des déchets ménagers à Béjaïa a décidément la peau dure. Pis, elle devient même une règle établie», écrit Allaoua Mihoubi, dans une contribution dans la presse. «Sinon, s’interroge l’élu, comment expliquer l’abandon, en catimini, du projet de partenariat avec le Club 92 engagé depuis plus d’une année sur instruction gouvernementale (…) ?» Le projet est-il vraiment abandonné ?


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