Abdelhakim Bettache, maire d’Alger-Centre

« Amara Benyounes est vomi par les Algéroises et les Algérois »



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ENTRETIEN. Président de l’APC d’Alger-Centre et ex-responsable de la fédération d’Alger au Mouvement populaire algérien (MPA), Abdelhakim Bettache revient dans cet entretien sur son désaccord avec Amara Benyounes et les promesses faites aux Algérois cinq ans auparavant pour améliorer leur cadre de vie.

Vous avez décidé de prendre part aux élections locales. Sous quelle étiquette politique comptez-vous vous représenter ?

Pour l’instant, j’ai l’intention d’y prendre part en tant que candidat libre. Mais peut-être qu’il y aura des changements avant le scrutin. J’ai eu des discussions avec des partis politiques, dont TAJ, qui m’ont proposé de les rejoindre pour devenir cadre et me présenter comme tête de liste lors des prochaines locales.

D’autres cadres du parti ont démissionné après votre départ. Est-ce qu’il y a un mouvement de redressement en préparation ?

Pour l’instant, il n’y a pas de mouvement de redressement. Des démissions ont été effectivement déposées dans plusieurs wilayas. Il s’agit notamment d’une quarantaine de membres du conseil national et des membres fondateurs. Une rencontre nationale des démissionnaires se tiendra néanmoins dans les vingt jours à venir.

Dans votre lettre de démission, vous avez dénoncé des pratiques malsaines au MPA. De quoi s’agit-il ?

À ce jour, le secrétaire général du parti n’a pas installé par exemple la commission nationale de candidature (pour les prochaines municipales) qui est chargée d’installer les commissions de wilayas. C’est Cheikh Barbara qui s’est déplacé dans les wilayas pour installer les commissions en contradiction avec les textes du parti. Depuis la tenue du dernier congrès, il y a huit mois, nous n’avons tenu aucune réunion du conseil national alors qu’il devrait y avoir deux selon les textes. J’ajoute que les listes des membres du conseil national issus du congrès ont été modifiées après le congrès. Les noms de certaines personnes ont remplacé d’autres qui étaient issues du congrès. Ce sont des manœuvres diaboliques que Amara Benyounes utilise à chaque fois. Je n’ai cessé de l’interpeller sur des problèmes depuis 2012.

Quels sont ces problèmes ?

Je peux vous assurer par exemple que nous n’avons jamais eu une information concernant le bilan financier du parti. Depuis 2012 jusqu’à ma démission, je n’ai jamais vu, entendu ou assister à une réunion sur le bilan financier du parti. C’est pour cela que j’interpelle le ministre de l’Intérieur pour ouvrir une enquête sur le bilan financier du parti. Depuis 2012, il n’y a pas eu de comptabilité. On se déplace, on héberge des militants dans des hôtels, on loue des salles et tout est totalement pris en charge. On ne sait pas combien d’argent a été versé et combien d’argent a été dépensé. Quelque part, Amara Benyounes utilise le parti ou l’agrément comme un registre de commerce. Si le ministère de l’Intérieur déclenche une enquête sur le dossier, il va geler les activités du parti.

Donc, vous dénoncez une opacité totale dans la gestion des finances du parti ?

Bien sûr ! À ce jour, il n’y a pas de commission ou de secrétaire national chargé des finances.

La direction du parti vous a accusé de mauvaise gestion de la fédération d’Alger. Que lui répondez-vous ?

En 2012, on avait seulement quatre maires dans la capitale. Après mon arrivée, on a eu huit maires puisque j’ai pu convaincre quatre élus de rejoindre le parti. On a eu également sept élus APW. À mon arrivée, j’ai trouvé qu’il y avait seulement six communes structurées. Après ma démission, le parti était structuré dans les 57 communes. J’ai travaillé en respectant les textes du parti !

La direction vous attribue désormais la responsabilité de l’échec du parti à Alger lors des dernières élections législatives…

D’abord, je crois qu’il faut poser la question relative à l’échec aux dernières législatives à M. Amara Benyounes puisqu’il s’agit d’un échec national et pas seulement à Alger. Il faut également adresser cette même question à son frère qui est une personne complètement inconnue. Ensuite, il ne faut pas oublier que Amara Benyounes est vomi par les Algéroises et les Algérois. Le jour où j’ai démissionné, tout le monde a suivi.

Vous avez cautionné le choix de Idir Benyounes en tant que tête de liste. Cela a même fait l’objet d’une conférence de presse et vous avez même fait campagne pour lui…

Bien sûr ! Je suis un militant discipliné. Ce sont aussi des manœuvres pour essayer de redresser la barre sur le plan organique. Je vous rappelle que j’ai failli démissionner durant cette période. J’ai reculé pour les intérêts du parti et pour sauvegarder l’unité des militants du parti. À Alger, la liste a été imposée, surtout le numéro 1, Idir Benyounes, et le numéro 2, Mme Khiar. Donc, on a eu Idir Benyounes comme tête de liste. C’est quelqu’un qui s’autoproclame militant de la démocratie et qui est directeur d’un journal, La dépêche de Kabylie. Dans sa circonscription, il n’a même pas dépassé 128 voix. Dans la commune d’Alger-Centre, on a eu plus de 800 voix.

Vous accusez Amara Benyounes de manœuvres diaboliques et de considérer le parti comme un registre de commerce. Pourtant, vous l’aviez toujours soutenu. Qu’est-ce qui a changé ?

J’ai soutenu un programme et une idéologie auxquels je croyais, pas lui. J’avais espoir de redresser la barre en discutant avec lui. Mais malheureusement c’est quelqu’un qui se nourrit des mensonges.

Sur quelle base vous dites que Amara Benyounes est vomi par les Algérois et les Algéroises  ?

Il est vomi pour ses déclarations notamment en ce qui concerne la religion. Il n’est pas très apprécié non plus au niveau de l’administration. À chaque fois qu’il a occupé le poste de ministre, on a assisté à des licenciements et à des démissions des cadres. Prenons le cas du ministère du Commerce où on a évincé les cadres de l’administration et on les a remplacés par des militants du parti. Cette mission avait été d’ailleurs donnée à son conseiller et actuel porte-parole du parti, Cheikh Barbara. C’était toujours lui qui recrutait, qui décidait du sort des cadres de l’administration.

Juste avant votre démission, le parti a été consulté pour la formation du nouveau gouvernement. Vous étiez vous aussi sur la liste présentée par Amara Benyounes. Comment M. Benaggoune a été choisi et comment expliquez-vous son limogeage ?

D’abord, je n’ai jamais demandé à Amara Benyounes de me mettre sur cette liste. Il m’a appelé dans la soirée pour me demander de lui proposer des noms. J’ai avancé celui de Nadir Benramdane (actuel député de Guelma) et celui de Mme Belahcene, élue de l’APW et avocate. Il m’a envoyé un message pour me demander si j’étais partant pour être sur la liste. J’ai répondu en disant : si vous le voulez. C’était une liste de cinq noms et il était à sa tête. Amara Benyounes s’est rendu deux fois au Premier ministère. Il m’avait dit que c’était le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait choisi Benaggoune. En réalité, le choix lui a été donné, c’était Benaggoune, militant du parti depuis un an et demi. Il était très proche de Amara Benyounes. Pourquoi il a été limogé ? Je ne saurais vous répondre.

Avez-vous discuté avec Amara Benyounes sur le cas Benaggoune ?

Quand je posais la question à Amara Benyounes, il avançait à chaque fois des mensonges en disant tantôt que c’est un cercle du pouvoir qu’il l’a enlevé, que c’est en prévision de 2019, et tantôt que c’est la DGSN. Il donnait à chaque fois des raisons qui ne tenaient pas. Il ment comme il respire. Pour ce qui est de la personne de M. Benaggoune, je sais qu’il se disait étudiant et président d’un mouvement estudiantin. Je n’ai pas d’informations sur son limogeage ou sur ses capacités de gestion.

En 2012, vous aviez fait beaucoup de promesses notamment en ce qui concerne la vie nocturne dans la ville. Cinq ans plus tard, les Algérois ne constatent pas de grands changements. Pourquoi ?

Nous avons fait tout notre possible. Prenons le cas des magasins fermés, le maire n’a pas les prérogatives nécessaires (pour les contraindre à ouvrir). Ce n’est pas le cas des terrasses par exemple qui travaillent jusqu’à 22h30 même le vendredi. Nous avons des jardins réhabilités à 100%. Huit stades de proximité ont également été réhabilités. Sur le plan culturel, on a mis le paquet avec la réhabilitation des quatre salles de cinéma : ABC Débussy, Algéria et le Casino.

 Est-ce que le maire aujourd’hui n’a pas le pouvoir pour agir dans sa commune ?

On exige beaucoup de choses du maire mais il n’a effectivement et malheureusement pas beaucoup de prérogatives. Pour l’instant, le contrôleur financier demeure un super maire par exemple. Il est membre de la commission des marchés dont le président est le maire. Mais s’il donne un avis négatif sur un projet, ce dernier est rejeté. C’est lui qui décide réellement du ressort des projets. Cela dit, un amendement du code communal est en préparation. Selon mes informations, il y aura plus de prérogatives pour le maire.

Qu’est-ce que vous auriez pu faire si vous aviez un peu plus de prorogatives ?

Éradiquer les ordures ménagères et verbaliser les pollueurs. Pour l’instant, on ne peut pas le verbaliser. On peut seulement les attaquer en justice. Mais là encore, si on s’y met, on va attaquer tous les Algériens.

 Donc pour l’instant, il n’y aucune solution pour les ordures ménagères ?

La solution réside dans un statut particulier pour Alger.

Le projet du statut particulier a été discuté lors d’une réunion entre le Premier ministre, quinze membres du gouvernement, le wali d’Alger, le président de l’Assemblée populaire de la wilaya et les maires en 2014. Depuis, rien n’a été fait. Pourquoi ?

Des projets sont en préparation pour le statut particulier de la ville d’Alger qui va régler tous les problèmes posés lors de la réunion (de 2014).

Alger-Centre ressemble aujourd’hui à un grand chantier avec les échafaudages installés depuis plusieurs mois et des trottoirs complètement défoncés. Pourquoi les travaux n’avancent pas ?

La réfection des trottoirs par exemple sur les grands boulevards ne relève pas de l’APC. Mais nous avons un problème qu’il faudrait assumer, le manque de main d’œuvre qualifiée. Et malgré un taux de chômage très élevé, personne ne veut travailler.


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