Recadrage de Tebboune par Bouteflika

les hypothèses inquiétantes de Noureddine Boukrouh



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Nourredine Boukrouh a commenté, ce jeudi, le recadrage sévère de Tebboune par le président Abdelaziz Bouteflika. L’ancien ministre et fondateur du PRA n’est pas rassuré par l’intervention du chef de l’État et pose des hypothèses inquiétantes.

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D’abord, il s’interroge sur le rôle d’Ennahar TV, qui a hérité de la mission officielle “d’information du public et d’orientation des esprits“, qui était, depuis l’indépendance, “dévolue à l’APS et, dans le domaine de la télévision, à l’ENTV.”

“Pourquoi cette chaîne de statut étranger a-t-elle pris la place de l’agence officielle de presse et de la chaîne publique de télévision ? C’est un des mystères de la communication de l’État sous le quatrième mandat“, lance Boukrouh, avant de revenir aux faits. “Que nous a appris cette fois la source autorisée ? Qu’une émeute a éclaté au sommet de l’État et qu’on ne peut compter sur aucune police anti-émeutes pour restaurer l’ordre car l’émeutier en chef, selon des informations qu’il est interdit de chercher à vérifier, serait le chef de l’État lui-même“, écrit Boukrouh dans sa contribution intitulée “émeute au sommet de l’État“, publiée sur sa page Facebook.

Pour lui, ce qui se passe entre Tebboune est Bouteflika est inédit. “De mémoire d’Algérien indépendant (si les informations distillées par « Ennahartv » se confirment), on n’a jamais vu un président de la République se plaindre publiquement de son Premier ministre et pousser à l’émeute les membres de son équipe en leur enjoignant d’agir en s’affranchissant des directives issues d’un plan d’action adopté en conseil des ministres puis par le Parlement“, assure l’ancien ministre du Commerce.

Boukrouh pose des questions pratiques sur l’application des instructions du président Abdelaziz Bouteflika. “Mais comment procéder dans la pratique pour mettre fin à l’anarchie supposée avoir été créée par le Premier ministre sans un coordinateur des actions des différents départements ministériels ? A-t-on désigné un intérimaire pour ce faire ? Ou bien les ministres vont-ils devoir improviser chacun de leur côté ?”

Pour lui, “il aurait été plus indiqué de convoquer le Premier ministre ou de l’instruire par téléphone en attendant de le limoger le cas échéant sans ameuter l’univers, le Président a parlé de lui en public comme d’un délinquant qui ne tardera pas à être écroué.”

Nourredine Boukrouh pose ensuite des hypothèses inquiétantes et insiste sur le caractère inédit de la façon avec laquelle Tebboune a été recadré  par le Président de la République. “Avec cet énième épisode fantasque du quatrième mandat, nous aurons franchi le mur du son. Avant, on n’entendait pas le « bang » assourdissant quand un Premier ministre remplaçait un autre ; tout se faisait en douceur, à la vitesse subsonique, voire celle des ultra-sons. Mais cette fois-ci, c’est vraiment le « big bang », la débandade générale et bientôt peut-être le sauve-qui-peut“, s’inquiète-t-il.

“Si l’erreur de casting concernant Benaggoun a laissé les observateurs pantois, celle s’appliquant à Tebboune pose par les invraisemblances qui l’entourent un très grave problème, celui de l’exercice des pouvoirs présidentiels“, assène le fondateur du PRA, convaincu que Tebboune n’a rien d’un rebelle.

“Car ce monsieur est un très ancien ami du Président ; il n’a pas un tempérament d’aventurier et n’est pas un gaffeur ; il est dans les rouages du pouvoir depuis des décennies et ne peut pas jouer ce qu’il lui reste à vivre à la roulette ; rappelons-nous aussi qu’il a été désigné il n’y a pas longtemps à l’Ordre national du mérite“, développe Boukrouh.

Faute de disposer d’informations fiables, Bouteflika prend la précaution d’utiliser le conditionnel au cas où les informations d’Ennahar TV seraient fausses.  Mais si c’est le cas, il pense que le Président souffre d’une “déficience mentale“. “Si ce qui est imputé au président Abdelaziz Bouteflika par « Ennahartv » émane réellement de lui, cela voudrait dire que nous ne sommes plus en présence d’un homme affligé d’une défaillance physique mais aussi, depuis peu, d’une déficience mentale“, affirme M. Boukrouh.

Dans ce cas,  la « destitution immédiate” du Président “s’imposerait alors comme une nécessité devant l’apparition de signes de démence, de confusion mentale ou de perte du discernement chez lui, risquant de placer le pays dans une situation de “péril imminent” ».

Boukrouh évoque ensuite le cas où c’est Saïd Bouteflika qui a agi, ce qui signifierait une “usurpation de pouvoir“. “S’il n’émane pas de lui c’est donc de son frère comme dirait Jean de La Fontaine, mais cela rendrait les choses encore plus compliquées : cela signifierait une éclipse totale du président légal, la vacance de la fonction présidentielle et une usurpation de pouvoir.”

Pour lui, “de quelque façon qu’on retourne le problème, on retombe toujours dans l’absurde, un absurde dérivant de l’absurdité du quatrième mandat. Qu’en sera-t-il d’un cinquième ?”

Recadrage de Tebboune par Bouteflika : les hypothèses inquiétantes de Noureddine Boukrouh


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