Ouyahia, l'option salutaire



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C'est un homme rompu aux étourdissants rouages du pouvoir qui revient à la tête de l'exécutif. Ahmed Ouyahia, le chef de cabinet de la Présidence et plusieurs fois patron de l'exécutif, accumule une carrière de près de 30 ans dans les plus hautes sphères de décision.

Sa nomination hier intervient dans un contexte de crise qui aurait pu fragiliser l'exercice du pouvoir en Algérie. Le tollé qui a marqué les récentes décisions d'Abdelmadjid Tebboune dans le registre du commerce extérieur ont donné à penser qu'un changement était imminent, voire réclamé par des pans entiers du milieu économique.

Ainsi, l'arbitrage du président Bouteflika pour mettre fin à ce dramatique feuilleton semble répondre à un besoin de prémunir les institutions de l'Etat et ses relais d'une crise dangereuse, quitte à sacrifier un commis de l'Etat qui lui a été jusqu'alors loyal et a bénéficié de sa reconnaissance, dont une haute décoration.

Dans ce cas de figure, la raison d'Etat ne pouvait composer avec la loyauté. La crise était trop aiguë et les doléances trop pesantes pour qu'elles passent sans casse pour le Premier ministre, qui aura ainsi été le plus éphémère à la tête de d'un exécutif.

Tout d'abord, Tebboune a péché par son entêtement à s'attirer les foudres de deux des principales forces qui composent l'assise de soutien indéfectible au chef de l'Etat,le patronat et l'UGTA. L'intention affichée de Tebboune de séparer l'argent de la politique était perçue comme une attaque frontale contre le Forum des chefs d'entreprise (FCE) dirigé par Ali Haddad.

Tebboune a laissé entendre, devant les parlementaires, qu'il ambitionnait d'éloigner toute immixtion de ce conglomérat dans la gestion de la chose économique, alors que beaucoup considèrent le FCE comme l'une des colonnes vertébrales de la croissance et de la création de richesses dans le pays et qu'il constitue un partenaire indissociable et nécessaire à la démarche de développement du pays .

Cela d'autant que l'action de Tebboune avait jeté la suspicion sur le FCE et mis mal à l'aise de nombreux patrons dont les craintes se sont amplifiées avec la décision du ministre du Commerce, sur instruction de Tebbounbe, de geler une nomenclature de produits importés.

La démarche de Tebboune avait conduit à la montée au créneau de la centrale syndicale qui y voyait une menace contre un outil de production et, par ricochet, contre les travailleurs du secteur privé, d'ores et déjà affaibli par la crise financière que traverse le pays depuis 2014.

Censé appliquer le programme du président de la République et de suivre à la lettre ses orientations sans menacer les équilibres, Tebboune a fini par creuser sa propre tombe en s'attaquant à deux ossatures dont il n'a pas mesuré, à l'évidence, le poids et l'influence.

C'est l'atout qui ne manque pas à Ouyahia, lequel, au-delà d'être un pur produit de la pépinière du pouvoir, a su construire une manière de gestion, parfois impopulaire, mais qui l'a sauvé de toutes les crises depuis 1995. En tant que politicien chevronné, il a su s'accommoder des forces qui gravitaient autour du pouvoir sans les heurter ni en faire des ennemis.

Des lors, sa mission initiale serait de rétablir la confiance en apaisant la tension provoquée par Tebboune, et surtout préparer une feuille de route et une nouvelle équipe qui rassureraient sur le devenir du pays tel que le commande le chef de l'Etat.


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