« Je serai toujours au service du pays à chaque fois qu'on me sollicite »



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« Je suis un homme d'Etat et je serai toujours au service du pays à chaque fois qu'on me sollicite », disait-il souvent lorsqu'on lui posait la question.

Celui qui avait perdu tout espoir en 2013 de revenir sur la scène politique - il fut éjecté de son poste de SG du RND et de celui de Premier ministre, revient aujourd'hui par la grande porte.

Le président Bouteflika vient de nommer son directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, en remplacement de Abdelmadjid Tebboune au poste de Premier ministre après une période marquée par une forte campagne médiatique menée tambour battant contre celui-ci.

Ce sera la quatrième fois que Ouyahia accepte de diriger l'Exécutif depuis qu'il est apparu en public en 1995, lors d'une conférence de presse alors qu'il était encore juste un conseiller politique du président Liamine Zeroual avant de devenir par la suite son chef du gouvernement.

Depuis, à chaque fois que le pouvoir fait appel à lui (2003, 2008 et 2017) Ahmed Ouyahia, en vrai « commis de l'Etat » comme il se définit lui-même, accepte la mission qui lui est assignée de réparer les « dégâts » causés par les autres et colmater les brèches béantes provoquées par les dernières dissensions apparues entre Tebboune et le FCE et l'UGTA réunis, et menaçant la stabilité du pays.

Il faut dire que Ouyahia joue à merveille son rôle de « pompier en chef » pour éteindre le feu qui couvait entre l'ex-Premier ministre et le président de la République accentué, il est vrai, par les dernières décisions économiques controversées de Tebboune, qui n'ont pas plu en « haut lieu ».

Décidé à combattre l'argent sale et séparer l'argent du pouvoir-comprendre pas de proximité avec les hommes d'affaires-, Tebboune s'est attiré les foudres de certains chefs d'entreprises qui ont mal accepté cette situation.

La bourde monumentale commise par l'ex-Premier ministre de renvoyer le président du FCE, Ali Haddad, lors de l'inauguration de l'Ecole supérieure de la Sécurité sociale de Ben Aknoun a fait accélérer sa descente aux enfers. Le retour aux affaires de Ouyahia, même si il est qualifié par certains de « salutaire », n'en pose pas moins un certain nombre de questions.

Pourquoi le président Bouteflika a-t-il fait appel à Ouyahia à quelques jours de la rentrée sociale et à trois mois des élections locales de novembre ?

Même si Ouyahia est connu pour être l'homme des « missions impossibles » et rompu aux rouages de l'Etat, la situation exigeait un minimum de souplesse, car la période de règne (2 mois et demi) de l'ex-Premier ministre est la plus courte dans l'histoire contemporaine du pays.

Ahmed Ouyahia, tribun hors pair et polémiste avéré, est un inconditionnel de la légalité institutionnelle reprochant parfois à la presse de politiser des questions qui ne le sont pas.
Selon lui, l'Etat a besoin de toutes ses potentialités publiques et privées, et des « autres partenaires disposés à travailler avec nous », disait-il souvent.

Rappelant avoir dit, lors d'une conférence de presse en juin 2012 que l'argent commandait en Algérie, il affirme aujourd'hui que « l'argent sale arrive avec la sale marchandise ».

Contre l'endettement extérieur

Ahmed Ouyahia, au plus fort de la chute du prix du pétrole et des ressources financières générées par les hydrocarbures, se refusait toujours de tomber dans la fatalité. Il répétait souvent que l'Algérie devait trouver des ressources de substitution. Il ne cachait plus ses inquiétudes quant à la situation économique du pays et le faisait savoir.

Depuis son retour aux commandes du RND, Ouyahia a dégainé et a critiqué la politique économique du gouvernement Sellal. Il a sorti la grosse artillerie en critiquant le « populisme » et « l'incapacité » du gouvernement Sellal à assumer les décisions pour faire face à la crise économique.

Une cure d'austérité s'impose, a-t-il dit, pour équilibrer une économie totalement plombée par la crise pétrolière. Et de poursuivre les critiques : « Les populistes sont aussi ceux qui refusent les mutations et l'implication des privés dans le développement du secteur économique du pays. »

Et comme pour enfoncer le clou, il n'a pas hésité à faire le parallèle avec la situation qui prévalait en Algérie dans les années 1980, lorsque le responsable de l'Exécutif d'alors rassurait les Algériens sur la capacité du pays à affronter la crise.

Pour faire face à la crise, Ouyahia exige d'engager des réformes, d'encourager davantage l'investissement et de revoir la politique des subventions sans affecter le principe de la solidarité.


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