L’Opep a de la peine à convaincre



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La tentative de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de reprendre en main le marché pour stabiliser les prix — en chute libre depuis juin 2014 — est de plus en plus critiquée par les analystes qui s’inspirent notamment du dernier rapport mensuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Les analyses en question mettent en doute notamment la capacité de l’OPEP à rééquilibrer le marché et à endiguer rapidement la situation de déprime qui caractérise le marché pétrolier, estimant que le rééquilibrage promis par les accords de l’OPEP et de ses partenaires est difficilement réalisable sur le court terme et prendrait au contraire de nombreuses années encore. Ainsi, l’agence Bloomberg estime que l’OPEP et la Russie, qui ont mis en place une stratégie pour éliminer la surabondance de l’offre mondiale de pétrole, dans une perspective de six mois, devront livrer bataille pendant des années encore pour arriver au rééquilibrage souhaité. L’agence de presse américaine souligne que l’OPEP et ses partenaires prévoient de reconduire leurs réductions de production jusqu’au printemps prochain, soit «neuf mois plus tard que prévu initialement». L’agence fait observer que dans ce contexte «les prix du pétrole retombent à nouveau, rappelant que les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) montrent que les stocks mondiaux pourraient rester trop approvisionnés même après la fin de 2018». L’AIE a en effet pointé du doigt, dans son rapport du mois d’août, une faible résolution de l’OPEP à limiter sa production, revoyant légèrement à la hausse sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2017, après un solide 2e trimestre. L’AIE anticipe ainsi une progression de la demande de 1,5 million de barils par jour (mbj) pour atteindre 97,6 mbj en 2017, soit 0,1 mbj de plus que lors de la précédente estimation en juillet. La demande a en effet été solide au deuxième trimestre, selon les chiffres préliminaires dont dispose l’AIE, note l’organisation dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier. Pour 2018, la croissance devrait légèrement ralentir à 1,4 mbj pour atteindre 99 mbj. «Les producteurs devraient être encouragés par la demande, qui progresse sur un an plus vite que ce qui avait été estimé initialement», souligne l’agence, qui regroupe 29 pays développés, également membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Selon l’AIE, «Il y aurait plus de confiance dans la pérennité du rééquilibrage du marché si certains producteurs participant aux accords de production ne montraient pas des signes d’affaiblissement de leur résolution.» L’agence Bloomberg note, pour sa part, le scepticisme de certains chefs de l’industrie pétrolière quant à une remontée des prix du brut. Ainsi, le président-directeur général de Total SA, Patrick Pouyanne, et Mark McCollum, président de Weatherford International Plc, ont déclaré, lors d’une conférence à Istanbul le mois dernier, que «de meilleurs moments pourraient ne pas revenir jusqu’à la fin de la décennie», en référence à une solide remontée des prix du pétrole. L’agence de presse américaine se demande, au vu des données actuelles du marché, si l’OPEP, qui fait face désormais à un défi s’étendant sur des années, pourra compter sur la discipline de ses membres. L’adhésion des pays membres de l’organisation a en effet baissé à 75% en juillet, la plus faible depuis le début de l’accord. Par ailleurs, la Libye et dans une moindre mesure le Nigeria — deux pays de l’OPEP pour l’instant exemptés de restriction de leur production en raison de problèmes géopolitiques qui les affectent — ont ouvert un peu plus les vannes. «Pour que le rééquilibrage se maintienne, les pays qui se sont engagés à limiter leur production jusqu’en mars 2018 doivent convaincre le marché qu’ils sont tous dans le même bateau», souligne l’AIE. «Il n’apparaît pas tout à fait clairement que ce soit le cas aujourd’hui», ajoute-t-elle.      


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