« Avez-vous connu les cantines scolaires avant Bouteflika ? »

au Parlement, Ouyahia sort ses armes



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Ahmed Ouyahia a surpris les présents à l’APN, ce jeudi 21 septembre, par un ton offensif inhabituel et des mots durs. Il s’est attaqué, dès le début de ses réponses aux députés, à l’opposition. Une opposition accusée de faire de « l’hypocrisie politique ».

Le FFS, le RCD et le MSP comme cibles

« Les professionnels de l’opposition parlent de l’État voyou. À la faveur de la démocratie, je m’exprime moi aussi. Ils nous disent de dégager. Eh bien, on va parler avant de dégager !  Les militants de l’Amazighité n’oublieront pas votre absence lors de l’officialisation de tamazight par le président de la République. Vos militants vous lâchent et fuient votre radicalisme (…) Certains sont perdus ne savent pas s’il faut aller vers une révolution ou vers un dialogue ou une participation. Ils ne savent plus où ils sont ! », a-t-il déclaré. Ses attaques ciblaient principalement le RCD, le FFS et le MSP.

Ouyahia, qui est également chef du RND, a encensé « l’opposition civilisée », seule qui trouve grâce à ses yeux. « Nous allons prendre en compte vos remarques et propositions », s’est-il adressé à cette opposition.

Comment alors expliquer que le Premier ministre appelle au dialogue et à la sérénité et lance en même temps des flèches enflammées contre ses opposants ? « L’opposition nous a traités de Mafia. Je n’ai pas l’habitude, quand je prends une gifle sur ma joue droite, de tendre la joue gauche », s’est-il justifié lors d’un point de presse dans le hall bruyant de l’APN. Le Premier ministre a limité les questions des journalistes à quatre avant de quitter les lieux à pas cadencés.

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Ouyahia a parlé « d’un marché en feu » (Souk hami) en évoquant – sans le citer- Noureddine Boukrouh, ancien ministre et ancien chef du Parti du renouveau algérien (PRA) qui a reproché au président Bouteflika de n’avoir plus ses capacités pour diriger le pays.

« Il y a une opposition qui se limite à une seule personne. D’autres prennent plaisir à dire que le régime n’a plus d’argent et ne peut plus acheter la paix sociale. Ils sont comme le chacal qui attend sous un arbre qu’une figue tombe. L’un d’eux apparaît comme l’éclipse solaire. Il disparaît pendant six mois, revient et appelle à une révolution populaire. Le Peuple ne l’écoutera pas parce qu’il le qualifiait de ghâchi. Il veut que le régime le sanctionne pour qu’il devienne un zaïm. Le régime ne s’intéresse pas à lui », a-t-il dit.

À l’intérieur de l’hémicycle, Ouyahia s’est accroché avec des députés du RCD après des déclarations sur l’état actuel des finances de l’État. « Allah ghaleb, on va passer par une période d’enfer. Je vous ai dit que nous ne pouvions pas payer les salaires en novembre 2017. Au 31 août, nous avions 50 milliards de dinars dans les caisses alors que l’État a besoin de 200 milliards mensuellement pour pouvoir fonctionner. Nous vous avons ramené une solution (financement non conventionnel) pour que nous restons debout et souverains », a-t-il proclamé.

Le « nous vous avons ramené » (Djebnalkoum) a suscité la réaction des parlementaires du RCD. « Vous êtes en retard ! », a lancé la députée Hadj Arab. « Oui, nous sommes en retard car lorsqu’il s’agit de demander la dépense, vous êtes en tête ! », a-t-il répliqué. « Dites-nous où sont partis les 1000 milliards de dollars ! », a repris un député du même parti. « Nous avons dit où ont été dépensés ces milliards. Le peuple ne vous écoute pas, il nous écoute », a répondu le Premier ministre en regardant le micro (ses réponses étaient retransmises en direct à la télévision d’État).  

Par le passé, Ouyahia, quatre fois Premier ministre depuis 1995, évitait d’entrer dans l’affrontement direct avec ses opposants surtout au Parlement. A-t-il changé de méthode ? Ou a-t-il choisi la tactique de l’attaque pour ne pas se défendre ? Ou est-ce l’expression d’une certaine panique ? « Ouyahia connaîtra le même sort que par le passé parce qu’il adopte le même style. Il apporte des quantités de chiffres sans convaincre les Algériens. Il partira comme il est venu », a prévu Slimane Chenine, député de l’Alliance Ennahda-El Bina-El Adala.

Benghabrit victime d’« inquisition »

Défendant Nouria Benghabrit, ministre de l’Éducation, Ouyahia a accusé ses détracteurs de faire de « l’inquisition ». Dans la foulée, Ahmed Ouyahia a justifié la suppression de la « Basmala » de certains manuels scolaires par… « une erreur d’imprimerie ».

Ceci implique que la ministre va « rectifier » l’erreur en rétablissant la « Basmala » alors qu’elle-même n’a pas démenti totalement sa suppression en appelant ceux qui polémiquent à « laisser l’école tranquille ».

« Bissemi Allah est écrit d’une manière obligatoire dans le manuel scolaire de l’éducation islamique, mais très honnêtement je ne voudrais pas polémiquer sur cette question et je préfère laisser les réponses aux spécialistes et pédagogues », a répondu la ministre lors d’une émission radio.  

Alors s’agit-il d’un choix personnel de la ministre ou une décision d’État ? Les milieux islamistes ont dénoncé la mesure prise, selon eux, par Mme Benghabrit sans consulter les parents d’élèves ou les syndicats. La ministre est accusée de vouloir porter atteinte aux valeurs de la Nation. « Ils ont même attaqué ses convictions religieuses », s’est offusqué Ouyahia.

« Avez-vous connu les cantines scolaires avant Bouteflika ? »  

Après avoir communiqué plusieurs chiffres sur le secteur de l’éducation, Ouyahia s’est adressé aux députés en des termes curieux, presque provocateurs : « Avez-vous connu les cantines scolaires avant Bouteflika ? ».

Sa question a suscité l’étonnement parmi les députés et les journalistes. Les cantines scolaires existent depuis les années 1980 en Algérie. « Ils parlent de l’échec du Président. L’échec du Président, c’est le sourire retrouvé parmi les Algériens après le retour de la paix, c’est les neuf millions d’élèves qui rejoignent les écoles et les 1.700.000 étudiants », a argué le Premier ministre.

Ouyahia a, plus loin, qualifié de « solution illusoire » la récupération de l’argent avec le remboursement des crédits bancaires, la collecte des impôts non recouverts et les fonds qui sont dans l’informel.

L’État a-t-il définitivement abandonné ces milliards de dinars restés en dehors du circuit légal de l’économie ? Ouyahia ne l’a pas dit clairement, préférant l’ironie à la précision. « Beaucoup a été dit sur l’argent de l’informel. Certains l’ont présenté comme un trésor qui va régler tous les problèmes si on le récupère », a-t-il souligné. 

« On va faire en sorte de réduire un peu la consommation… »

Les députés de l’opposition ont proposé au gouvernement de demander aux opérateurs économiques de payer leurs impôts et de rembourser les crédits bancaires. Curieusement, les opérateurs économiques et les hommes d’affaires ont échappé aux piques du Premier ministre.

Mieux : l’État va « tout faire » pour les aider à réussir leurs projets en leur créant « un climat d’investissement ». Par contre, les Algériens, « qui voyagent beaucoup », vont devoir payer « une forte taxe ». « Mais, rassurez-vous, ça ne sera pas en 2018 », a promis Ouyahia. Il a reproché aux Algériens également d’être de « grands consommateurs ». « On va faire en sorte de réduire un peu la consommation… », a promis Ouyahia. Comment va-t-il faire ? Mystère.

« Avez-vous connu les cantines scolaires avant Bouteflika ? » : au Parlement, Ouyahia sort ses armes


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