France -Algérie/ Macron tourne le dos au régime Bouteflika



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L’Algérie semble ne plus figurer dans l’agenda international des hauts dirigeants français qui n’ont effectué ni annoncé la moindre visite dans notre pays depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Par contre, des visites sont prévues en Tunisie et au Maroc ce mois-ci et le mois prochain. La France tournerait-elle le dos au régime algérien ?       

Après Emmanuel Macron, c’est au tour du Premier ministre français, Édouard Philippe, d’éjecter l’Algérie de son agenda international. Pourtant, le locataire de Matignon a effectué plusieurs visites ces derniers temps notamment en Allemagne, en Estonie. Puis il y a celles programmées à partir de ce mois d’octobre en Tunisie, au Maroc. S’en suivront d’autres déplacements dans des pays du Golfe, l’Inde, la Chine, l’Italie, l’Espagne. Bizarrement, l’Algérie ne semble pas susciter l’intérêt de la France bien que dans le passé, elle constituait un enjeu de taille pour les gouvernements français successifs.

Serait-ce un retournement de situation ? Le président français et son gouvernement sont-ils en train de lâcher le régime algérien ? Pour certains observateurs, c’est le cas d’autant plus que les signaux envoyés sont sans équivoques. Les présidents français entamaient toujours dans le passé, leur visite maghrébine en se rendant en Algérie. L’ancienne colonie représentait pour eux un enjeu stratégique.

Mis à part les propos tenus par le président Macron durant sa campagne électorale, qualifiant les crimes coloniaux de crimes contre l’humanité, le président français n’a pas joint l’acte à la parole. M. Macron a évoqué à maintes reprises une intensification des relations entre les deux pays. Des propos qui semblent aujourd’hui totalement oubliés.

Un lâchage aussi brutal de la part de la France serait une véritable catastrophe pour le régime algérien. Pour se garantir l’appui de l’ex-puissance coloniale, le régime algérien misait sur la coopération, notamment en ce qui concerne la lutte antiterroriste, le contrôle des flux migratoires ainsi que le partenariat économique garantissant une domination des entreprises françaises à travers des contrats juteux. Cette hypothèque aux privilégies dont bénéficie la France est-t-il motivé par un changement radical d’orientation ou est-ce une prise de distance momentanée par rapport à un régime en perte totale de crédibilité ?

Pour expliquer ce changement, une autre lecture tout aussi plausible est présentée. Ses défenseurs soutiennent que la France ne veut pas s’encombrer d’un régime archaïque dont l’interface est un président malade et invisible. Le constat sur l’état de santé du président Bouteflika est incompatible avec la programmation d’une visite officielle. Le report de la visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, en février dernier, alors qu’elle s’apprêtait à atterrir à Alger, est un malheureux incident que tous les dirigeants étrangers veulent éviter.

Il faut rappeler également qu’en mars 2017, un autre chef d’État, l’Iranien Hassan Rohani a également dû renoncer à un voyage en Algérie. Le report a été justifié par la nécessité de se «donner le temps nécessaire à la finalisation des modalités et formalités protocolaires», un prétexte pour éviter d’évoquer l’incapacité du président à recevoir des hôtes.

M.M.


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