Tiguentourine

Qui a financé les terroristes ?



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 La chambre d’accusation près la cour d’Alger examinera aujourd’hui l’affaire liée à l’attaque sanglante menée par un groupe de terroristes, en janvier 2013, contre le complexe gazier de Tiguentourine. Les avocats des quatre accusés poursuivis dans le cadre de l’attaque contre le complexe gazier de Tiguentourine, en janvier 2013, qui avait fait 27 morts parmi les otages, auront du mal à plaider la cause de leurs mandants devant la chambre d’accusation près la cour d’Alger, qui va statuer aujourd’hui sur leur sort. L’affaire, rappelons-le, remonte à la matinée du mercredi 16 janvier 2013, où une colonne de quatre véhicules tout-terrain, transportant une trentaine de terroristes puissamment armés, a traversé la frontière algéro-libyenne, et s’est s’emparée du complexe gazier de Tiguentourine, situé à 40 km de In Amenas, et a pris en otage les 800 travailleurs, dont 130 Occidentaux, qui s’y trouvaient. Mise au pied du mur, l’Algérie subit d’énormes pressions pour empêcher toute intervention militaire de ses troupes. Elle ouvre les négociations avec le groupe Al Moulathamoune (les enturbannés) que dirige Mokhtar Belmokhtar. Quarante-huit heures plus tard, les forces spéciales de l’ANP donnent l’assaut qui se solde par l’élimination de 29 membres du commando, l’arrestation de trois autres (un quatrième plusieurs mois après) et la mort de 37 otages. L’enquête judiciaire est confiée au pôle pénal spécialisé d’Alger qui clôture le dossier plus de quatre ans plus tard, en retenant plusieurs chefs d’accusation contre les quatre présumés terroristes en détention et une dizaine d’autres en fuite, dont l’émir de la phalange Al Moulathamoune, Mokhtar Belmokhtar, reconnu comme le planificateur et l’organisateur de l’opération. La préparation de cet acte terroriste a duré, selon l’enquête, près de 5 mois durant lesquels de nombreux chefs terroristes activant aussi bien au nord du Mali qu’en Libye ont été consultés pour avoir leur avis et, parmi eux, Abdelhakim Belhadj, membre du conseil militaire libyen. Abdelkader Derouiche, un des membres du commando en détention, révèle avoir été choisi pour son profil de «combattant» mais aussi pour ses connaissances en langue anglaise. Universitaire oranais âgé de 33 ans, connu sous le pseudonyme d’Abou Al Barra, il raconte les détails de l’opération. En 2010, il abandonne son commerce à Bordj Badji Mokhtar, pour rejoindre Belmokhtar, dans les monts de Tigharghar, au nord du Mali. Après des mois d’entraînement militaire, Belmokhtar l’envoie à Oran, pour constituer une cellule, chargée d’enlever des employés étrangers travaillant pour une société de transport. Avec son frère Lahcène, le groupe est vite créé, avec sept éléments, mais il ne fait pas long feu. Les membres de cette cellule sont arrêtés, y compris Lahcène, mais Abdelkader échappe au coup de filet des services de sécurité. Il retourne au nord du Mali. En tant que «cadre» du groupe de Belmokhtar, il assiste à la plupart des réunions qu’organise son émir. Selon lui, l’idée d’un assaut contre une usine de gaz a été soufflée à l’oreille de Belmokhtar, alors qu’il se trouvait en Libye, par un de ses proches éléments, un certain Bouamama. Ce dernier était en contact permanent avec un chauffeur du complexe gazier, qui lui fournissait toutes les informations sur la base de vie et les travailleurs étrangers qui y exerçaient. Durant trois mois, Belmokhtar entouré par des terroristes de plusieurs nationalités, notamment des Tunisiens et des Egyptiens, étudie l’opération dont l’objectif principal était d’enlever les travailleurs européens et d’en faire une monnaie d’échange. Pour mieux mûrir l’opération, il se rend au nord du Mali. La situation n’est plus ce qu’elle était depuis son départ en Libye. Tigharghar, Gao et Tombouctou tombent entre les mains du groupe terroriste Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), connu par les plus avertis comme étant une création des services marocains. Ses actions sont dirigées exclusivement contre l’Algérie. Belmokhtar fait état de son projet aux chefs du groupe et l’idée les intéresse. Ils mettent à sa disposition des armes et une section d’une quinzaine d’éléments des plus aguerris qui vont l’accompagner en Libye pour terminer l’organisation de l’attaque. Sur place, dans son campement non loin de Tripoli, Belmokhtar ne va pas tarder à clôturer la liste du commando. Le Nigérien Abderrahmane Toudji, et l’Egyptien Abou Loubaba, dit aussi Abou Bakr Al Misri, quelques-uns de ses proches collaborateurs, lui proposent une liste de 45 membres de différentes nationalités, dont des Egyptiens, des Tunisiens, des Libyens appartenant au groupe Ançar Acharia, et deux Canadiens, bien entraînés et prêts à l’action. Il n’en retient que 14, pour compléter le groupe, constitué désormais de 30 éléments (9 Tunisiens, 8 Egyptiens, 5 Algériens, 2 Canadiens, 2 Nigériens, 2 Libyens, 1 Malien et 1 Mauritanien), bien armés, auxquels s’est joint le guide, un certain Zeid, fils du terroriste Bouamama. Le commandement de l’opération est confié à Abderrahmane Toudji, Abdellah Al Canadi (le Canadien) et Abdelkader Ettounsi (Tunisien), et Tahar Bencheneb (Algérien), tous tués lors de l’assaut. Le mystère de Abdelkrim Belhadj A bord de 4 véhicules de type 4x4, le commando prend la route de Tiguentourine, le 14 janvier 2013, pour arriver au complexe gazier à l’aube du 16 janvier. Au cours des trois jours de voyage, le contact avec Belmokhtar n’a pas cessé, grâce aux téléphones satellitaires dont disposent de nombreux membres du groupe. Cette version des faits est confirmée par Kerroumi Bouziane, dit Redouane, arrêté lors de l’opération, alors âgé d’à peine 22 ans. Natif d’Adrar, il a rallié Belmokhtar, sur insistance d’un de ses amis, un certain Moussa, avant de se retrouver dans les camps d’entraînement de Belmokhtar, dans la région de Gao, puis en Libye. Il avait été désigné pour faire partie du commando, alors qu’il était au nord du Mali, sans pour autant être  mis au courant de la cible ni de la date de l’exécution de l’opération. Le troisième terroriste arrêté est un ressortissant tunisien, âgé de 32 ans, du nom de Laaroussi Edarbali. Natif de Seriana en Tunisie, il a séjourné plusieurs fois en Libye avant de tenter de rejoindre ses compatriotes en Syrie, enrôlés dans les rangs des «djihadistes». Les réseaux devant concrétiser son projet, l’ont abandonné en cours de route. Il décide alors de retourner en Libye et de rejoindre le groupe de Belmokhtar. Dans le camp, il s’entraîne durant deux mois à l’art de la guérilla, sous la direction d’un certain Abou Bakr Al Masri (un ressortissant égyptien), avant de faire partie du commando. De nombreuses commissions rogatoires délivrées par l’Algérie sont revenues avec des réponses superficielles. L’enquête judiciaire est restée cependant muette sur l’implication du Qatar dans le financement de cette opération, révélée en juin dernier par les médias émiratis. Citant des documents du renseignement américain datant de 2014 et des sources tunisiennes, la presse émiratie a affirmé que Doha a remis des fonds au Libyen Abdelkrim Belhadj, qui contrôlait plusieurs groupes terroristes de la région, pour préparer le terrain à l’attaque contre le site gazier. Belhadj avait été chargé, selon les mêmes sources, de sécuriser la ville de Ghadamès, transformée en base arrière des éléments d’Al Qaîda au Maghreb islamique, dont l’objectif, souligne la chaîne émiratie Sky News Arabia, «était de provoquer le chaos en Algérie et de mettre la main sur les pays du Maghreb». Crédible ou pas, cette information aurait dû susciter l’intérêt du juge d’instruction d’autant plus que dans le dossier un des accusés a bel et bien révélé que, lors de son séjour en Libye, Mokhtar Belmokhtar s’est rendu au domicile de Abdelkrim Belhadj, pour lui demander son avis sur l’opération et que ce dernier a cautionné l’attaque et proposé une aide financière. Comment se fait-il que la justice n’a pas jugé utile de transmettre des commissions rogatoires à la Libye, pour interroger Abdelkrim Belhadj, et à Doha, pour avoir des explications sur les graves accusations portées contre elle ? Des questions que se posent beaucoup d’observateurs et qui pourraient susciter le doute, notamment chez les Etats qui ont perdu leurs ressortissants dans l’attaque. Une telle zone d’ombre risque d’ouvrir une brèche à ceux qui veulent internationaliser l’affaire comme cela a été le cas pour le dossier de l’assassinat des moines de Tibhirine. En tout état de cause, pour l’instant, seule la Grande-Bretagne s’est constituée partie civile dans le dossier, au nom de ses ressortissants morts lors de l’attaque. L’enquête qu’elle a menée a mis en accusation les terroristes, tenus pour responsables de la mort des otages. Aujourd’hui, la chambre d’accusation peut avaliser les conclusions du juge d’instruction, tout comme elle peut demander un complément d’information pour enquêter sur les pourvoyeurs de fonds qui ont financé l’opération meurtrière, mais aussi pour élucider le mystère de ce terroriste qui était en prison et qui s’est retrouvé parmi les auteurs de l’attaque, disparus dans la nature.


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