«L’Algérie souffre d’un déficit chronique d’image à l’international»



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Quelles sont les motivations de votre retour en Algérie ? Je voulais me sentir utile. L’Algérie a besoin de nouvelles énergies et offre beaucoup d’opportunités. C’était aussi le rêve de mon grand-père que nous apportions notre expérience au profit du pays. Lui est rentré définitivement en 1989 avec 7 de ses enfants, les 8 plus âgés sont restés en France, dont mon père. Dans un premier temps, j’ai voulu apporter une nouvelle façon de faire de l’information indépendante, en m’attaquant aux tabous, en faisant davantage de pédagogie. J’ai donc racheté un blog de 500 000 visiteurs par mois pour en faire un site d’information influent de deux millions de visiteurs : algerie-focus.com. Après avoir vendu algerie-focus.com en 2015, je me suis attaqué à un nouveau grand défi : l’ éducation. J’ai ainsi lancé le premier site de soutien scolaire du monde arabe (www.iMadrassa.com). Aujourd’hui, cela représente plus de 250 000 élèves qui révisent et progressent sur le site, et c’est une fierté pour toute mon équipe. Nous avons également lancé le premier jeu de société qui teste vos connaissances sur la culture algérienne : Icosium. Ma motivation principale est d’apporter des solutions durables à la population de mon pays. Que pensez-vous des appels lancés à la diaspora pour contribuer à la construction de l’économie ? Personnellement, je ne vois aucun appel. Nous aurions besoin d’actions concrètes, telles qu’un ministère de la diaspora, de mesures d’accompagnement (fiscalité, augmentation des revenus, etc.). Les pays qui ont décollé depuis 20 ans ont tous -sans exception- mis en place des politiques très concrètes pour leur diaspora, à l’image de la Chine, la Corée du Sud, Singapour, le Maroc, Dubaï, le Vietnam, etc. Nous sommes à la disposition du gouvernement pour partager nos convictions. Nous avons des pistes d’action très concrètes pour nous reconnecter avec notre diaspora. Il est urgent d’agir, en particulier en temps de crise. Quelles sont les difficultés sur le terrain ? L’Algérie souffre d’un déficit chronique d’image à l’international, en particulier envers notre diaspora. C’est à nous de faire la promotion de notre pays et de mettre en avant les avantages comparatifs de l’Algérie, et ils sont nombreux. Aucun pays dans le monde ne peut connaître la prospérité s’il n’est pas ouvert aux autres. La plus grande difficulté, ce n’est pas l’administration, ce n’est pas la réglementation, l’unique enjeu, c’est la ressource humaine. Ce n’ est pas mon opinion personnelle, c’ est celle de tous les chefs d’entreprise que je connais, et ils sont nombreux. Nous avons besoin d’écoles de standard international, de centres de formation répondant à la demande des entreprises. Je suis ravi de voir que les premières universités privées sont ouvertes. Maintenant il faut être plus ambitieux et convaincre les meilleurs de s’installer en Algérie, à l’image de ce que fait la Chine avec Harvard, le Maroc avec l’Essec et Central Paris, le Qatar avec le MIT, Dubaï avec La Sorbonne, Singapour avec l’Insead. Dans ce secteur, la diaspora joue un rôle-clé. Il y a tant de projets à mener pour améliorer le quotidien des Algériens, tant de projets à mener pour faire rayonner l’Algérie en Afrique et dans le monde. L’Algérie est une terre fertile pour tous ceux qui souhaitent avoir une vie professionnelle épanouissante et un meilleur confort de vie que là où ils se trouvent. Ce confort est en amélioration continue avec des investissements dans les infrastructures, le divertissement, l’éducation et la santé. Existe-t-il encore des marges d’amélioration ? Oui. C’est la raison pour laquelle la diaspora doit jouer un rôle majeur dans la transformation du pays. Quid du climat des affaires en Algérie, notamment pour la diaspora ? La limitation des importations constitue une réelle opportunité pour tous les entrepreneurs qui souhaitent investir dans les services, la formation et l’industrie dans tous les secteurs. C’est une opportunité unique. J’invite chacune et chacun ayant l’envie de l’entrepreneuriat à lancer son projet ici en Algérie. Toutes celles et  ceux qui souhaitent contribuer à la nouvelle économie algérienne peuvent rejoindre des entreprises modernes et dynamiques du pays, et il y en a de plus en plus. Ces entreprises ont investi énormément dans leur capacité de production, exportent en Afrique, en Europe et ont besoin de cadres pour accompagner leur croissance. Elles sont prêtes à rémunérer les talents à la hauteur de leur contribution. Quel rôle pour l’association Atlas ? Atlas est une association créée il y a 7 ans, qui regroupe des entrepreneurs, des cadres et des étudiants de grandes écoles d’origine algérienne ou liées à l’Algérie et tous issus de parcours d’excellence. Tous les membres passent par un processus de recrutement exigeant et sélectif visant à garantir l’adhésion aux valeurs de l’association, i.e. l’ excellence, l’entraide et le professionnalisme. En France comme en Algérie, l’association anime le programme «Talent ! Up» (réveilles le talent qui est en toi). En Algérie, le programme vise à coacher les jeunes Algériens pour leur permettre d’intégrer les grandes écoles internationales. Depuis 2011, une centaine ont intégré les meilleures écoles en France, Angleterre, Etats-Unis et Espagne. En France, le programme s’adresse à tous les jeunes issus de milieux modestes et vise tout d’abord à leur redonner confiance en eux et en leur avenir et ensuite à accompagner les plus motivés dans le développement et la réalisation de leur potentiel. Le programme Talent ! Up est adossé à un fonds créé par l’association et financé par les membres de l’association et des campagnes de fund raising. En plus du programme Talent ! Up, l’association organise des rencontres à travers de dîners de leaders mensuels ainsi que des conférences concernant les affaires et la société, notamment sur la promotion de l’égalité des chances. Toutes ces activités visent à favoriser l’entraide et l’échange entre «Atlassiens». Elle travaille aussi à améliorer l’insertion de la diaspora souhaitant se reconnecter avec le pays. Il s’agit d’offrir aux talents professionnels d’origine algérienne établis à l’étranger une meilleure visibilité sur les opportunités du marché algérien pour favoriser des projets de retour ou de reconnexion avec l’Algérie. A travers son réseau, l’association a déjà permis des projets de retour réussis pour plusieurs dizaines de talents professionnels.   L’association est présidée, en France, par Mme Aïcha Mokdahi, présidente de la fondation Essilor, et en Algérie par Adel Haddoud, directeur général d’une filiale locale de LafargeHolcim.


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