Pollution automobile

La cote d’alerte



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Au moment où l’Algérie tarde à contrôler le taux de pollution généré par cet immense parc, en Europe et dans d’autres parties du monde, une réflexion sérieuse, voire un programme de bannissement des carburants polluants, dont essentiellement le diesel, au profit des voitures hybrides, est en cours d’exécution. Selon les chiffres de 2016, le parc automobile en Algérie compte 8,4 millions de véhicules, dont 62% sont des véhicules touristiques. Malgré la contradiction qu’il y a entre les déclarations du ministère des Transports et l’Office national des statistiques (ONS), sur le nombre exact de véhicules en Algérie, leur participation très forte à la pollution de l’air est, quant à elle, loin d’être démentie. Il en est de même pour son impact sur la santé humaine, végétale et l’environnement de manière générale. Au moment où l’Algérie tarde à contrôler le taux de pollution généré par cet immense parc, en Europe et d’autres parties du monde, une réflexion sérieuse, voire un programme de bannissement des carburants polluants, dont essentiellement le diesel, au profit des voitures hybrides, est en cours d’exécution. Et si respirer pouvait être fatal ? Rien que d’y penser, cela donne des frissons. En effet, si la qualité de tous les autres éléments de la vie, dont essentiellement l’eau, peut être vérifiée, celle de l’air est quasi impossible. Il ne prend ni odeur ni couleur lorsqu’il est contaminé par des polluants, quelle que soit leur provenance. Même s’il en existe beaucoup d’autres, en tête de liste des polluants de l’air les plus visibles et plus courants, reste l’automobile. Un problème de santé publique Avec une moyenne d’un véhicule pour 7 personnes et un parc automobile âgé entre 10 et 20 ans, la quantité de particules fines générées par ces moteurs fatigués est simplement inimaginable et effroyable. Les effets sur la santé humaine, notamment celle des enfants, ne sont plus à prouver, tels que le cancer et les maladies respiratoires, dont la pneumonie, première cause de mortalité chez les enfants dans le monde. En effet, inhalées, les particules fines rejetées par les véhicules via le tuyau d’échappement, notamment ceux roulant avec un moteur diesel, pénètrent dans les poumons et peuvent être à l’origine d’inflammations et de l’aggravation de l’état de santé des personnes atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires. Elles peuvent transporter des composés cancérigènes qui peuvent arriver jusque dans les poumons. En plus de toucher le cœur et les poumons, ces particules peuvent également troubler le fonctionnement du cerveau et des hormones. Pour ne prendre que le cas de la ville d’Alger et son parc qui dépasse de loin les 1,5 million de voitures, la prévalence de l’asthme chez les enfants a quasiment triplé, voire quadruplé, depuis les années 1980. Elle se situe aujourd’hui autour de 12 à 15%. Ceci sans compter les autres maladies respiratoires et les différents types de cancers dus essentiellement à l’inhalation de ces particules. Ces dernières ne sont pas les seules à être inhalées. Un véhicule dégage différents polluants dont l’intensité varie, entre autres, selon l’âge du véhicule, donc de son moteur et du carburant qu’il utilise. Sur la liste des carburants utilisés, le diesel est le plus polluant. Le meilleur reste le sans-plomb et le GPL. En Europe, le diesel est en fin de vie. Les normes sont de plus en plus strictes au point où aujourd’hui à Paris, à titre d’exemple, les véhicules diesel seront interdit de circuler en ville à partir de 2025. La maire de Paris, s’inscrivant dans une logique environnementale et sanitaire, veut remplacer ces véhicules par les voitures électriques et surtout les transports en commun. Plusieurs autres villes suivent ce chemin, telles que Madrid, Londres, Milan, Rome et Berlin en choisissant chacune des dispositifs adaptés pour réduire le nombre de véhicules diesel, entre autres, et ainsi le taux de pollution. Suite à ces dispositions, les ventes de voitures roulant au diesel ont chuté, augmentant l’appétit des grandes firmes automobiles à investir de nouveaux marchés, notamment en Afrique, dont l’Algérie. L’Algérie à la traîne Selon des chiffres donnés par des sites spécialisés, 66,01% du parc automobile algérien roule avec le carburant essence, contre 33,99% seulement au gasoil. 81,57% des véhicules de tourisme utilisent l’essence et 18,43% le gasoil. Très économique malgré la révision des prix, le diesel est le préféré des Algériens, surtout ceux des transports en commun et du poids lourd où le taux d’utilisation du mazout s’élève à 94,47%. En plus des bouchons, qui représentent une concentration des rejets automobiles toxiques et du parc automobile ancien non interdit à la circulation, plusieurs phénomènes accentuent la pollution automobile en milieu urbain. A titre d’exemple et non d’accusation, plusieurs bus de transport en commun, notamment ceux de l’Etusa, font marcher leur moteur même en état de stationnement. Ceci sans compter le non-contrôle du taux de rejet de polluants dans le contrôle technique. Autre anomalie : selon un concessionnaire automobile, le gasoil importé est très riche en soufre, donc très polluant. Le rapport de 2014 du Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) a classé la teneur en soufre du gasoil en Algérie entre 500 et 2000 ppm (une partie par million). L’Algérie est également l’unique pays qui utilise encore l’essence avec plomb. Il faut savoir que le pays consomme près de 15 millions de tonnes de carburants routiers, dont trois millions de tonnes d’essence et de gasoil sont importées. La facture de cette importation, dont la qualité n’est pas exempte de doutes, s’élève à un milliard de dollars. Pour les normes, un seul texte existe. Le décret exécutif de 2003 n°03/410, fixant les seuils limites des émissions des fumées, des gaz toxiques et des bruits pour les véhicules automobiles. Il limite les rejets pour les moteurs essence (ou GPL – GNV) à  2300 mg/km pour le monoxyde de carbone, 200 mg/km pour les hydrocarbures imbrûlés, 150 mg/km pour les oxydes d’azote. Pour les moteurs diesel, les seuils sont de 1000 mg/km pour le CO, 500 mg/km pour les oxydes d’azote et 50 mg/km pour les particules. Même si ce texte oblige les véhicules importés ou déjà en circulation à répondre aux normes euro 2 et euro 3, ce dernier n’a pas évolué depuis. En Europe, les normes sont à euro 5 et euro 6. Toutefois, dans le concret, selon le professeur Boughedaoui, expert en pollution automobil , les véhicules importés ne sont pas contrôlés et certains, notamment ceux importés d’Asie, répondent dans le meilleur des cas à la norme euro 0, pour ne pas dire qu’ils ne répondent à presque aucune norme. Un immense effort reste à fournir dans ce sens.


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