L’OPEP et la Russie affichent leur cohésion



...

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé, jeudi à Vienne, d’un commun accord avec les pays non OPEP, menés par la Russie, de prolonger l’accord de réduction de la production jusqu’à la fin de l’année 2018, tout en prévoyant, si nécessaire, une reformulation de l’accord en juin prochain, au cas où la situation du marché l’exigerait. La mésentente entre l’Opep et la Russie n’a finalement pas eu lieu. Les deux alliés se sont montrés unis dans la prise de décision consistant à reconduire les coupes de quotas de production de brut. En décidant de prolonger de neuf mois leur action de rééquilibrage du marché entamée il y a une année, les deux alliés font montre d’une entente sans faille. «Vous ne pouvez pas trouver de désaccord entre nous. Nous avons été unis épaule contre épaule», a déclaré à la presse le ministre saoudien de l’Energie, Al Falih, se référant à son homologue russe, Alexander Novak. L’Arabie Saoudite et la Russie ont démenti ainsi les prédictions des banques de Wall Street, telles que Goldman Sachs Group Inc. et Citigroup Inc., qui avaient parié que Moscou se débarrasserait de l’accord. L’Opep, pour sa part, a, une fois de plus, réussi à garder sa cohésion interne — qu’elle s’est réappropriée lors de son passage à Alger en septembre 2016 — avec en prime une force de proposition qu’elle a su créer avec les principaux producteurs non Opep, ce qui ne manquera pas d’envoyer des signaux positifs au marché. Il reste l’inconnue du schiste américain, qui peut constituer un handicap pour l’OPEP dans sa quête de diminution des stocks mondiaux de brut et de relance du prix de l’or noir. Une remontée continue des cours du pétrole pourrait, en effet, encourager les producteurs de schiste américain à augmenter encore davantage leur production, ce qui menacerait les parts de marché des pays de l’Opep, Arabie Saoudite en tête, et de la Russie notamment. Les deux alliés ont d’ailleurs exprimé leur souhait de prix acceptables pour leurs économies, tout en veillant à ne pas déclencher un déluge de schiste américain sur le marché. Selon les analyses répercutées par l’agence Bloomberg, avec la croissance de l’économie mondiale, les réductions de production ont contribué à la hausse des prix du pétrole. Mais cela laisse l’OPEP et ses alliés face à un dilemme : comment maintenir les prix élevés sans stimuler la croissance de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis ? L’inconnue du schiste américain Khalid Al Falih, ministre de l’Energie de l’Arabie Saoudite et membre le plus puissant de l’OPEP, a reconnu qu’il y avait «un certain nombre de variables que nous ne pouvons pas fixer avec certitude avant la nouvelle année». En poussant les prix à leur niveau le plus élevé en plus de deux ans, avec un indice de référence du brent s’échangeant à plus de 63 dollars le baril, les réductions ont permis aux producteurs de schiste de verrouiller leurs marges et de planifier de nouveaux investissements. Signe des défis auxquels l’OPEP doit faire face, le gouvernement américain a annoncé une forte augmentation de la production intérieure en septembre, portant le total à 9,48 millions de barils par jour, soit le quatrième niveau mensuel le plus élevé depuis le début des années 1970. La production pétrolière a explosé au Texas et au Nouveau-Mexique, où se trouve le prolifique bassin schisteux du Permien. Malgré ces données, Al Falih s’est montré assez confiant en déclarant que «la contribution du schiste américain en 2017 sera très gérable», ajoutant : «Mon attente est que 2018 ne sera pas significativement différente de 2017.» Tout en disant qu’il était «très optimiste» sur la demande de pétrole pour l’année prochaine, Al Falih a déclaré à la presse que le groupe n’avait pas encore défini exactement quand il commencerait à stopper les coupes, ni comment il procéderait. Le ministre russe, Alexander Novak, a, pour sa part, suggéré que la prochaine réunion de l’OPEP, en juin, pourrait être un moment où le groupe envisagerait des ajustements à l’accord si nécessaire. Les ministres russe et saoudien ont indiqué que le niveau des stocks était un indicateur-clé pour le groupe des producteurs mais ils n’ont pas précisé quelles données ils utiliseraient comme point de référence, ni quelle serait exactement leur cible. Pour le ministre saoudien, il est trop tôt pour concevoir la stratégie de sortie. «Nous avons plus de 150 millions de barils d’inventaires à dessiner.» Pour les analystes interviewés par Bloomberg, l’année 2018 sera probablement décisive pour l’alliance Opep-Russie, qui «connaîtra un succès retentissant ou sera mise à l’épreuve». L’accord conclu à Vienne semble, quoi qu’il en soit, bien entamé, d’autant plus que la Libye et le Nigeria, qui avaient été exemptés de l’accord, ont convenu de ne pas augmenter la production au-dessus de leur niveau record de 2017.  


Lire la suite sur El Watan.