Projet de loi sur la santé

Le volet du service civil éludé par les députés



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Le débat sur le nouveau projet de loi de la santé bat son plein à l'Assemblée populaire nationale, au moment où les hôpitaux observent des débrayages cycliques.

Le service civil, pourtant la principale cause de ces mouvements de protestations récurrentes, n'a pas été profondément traité par la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle de l'APN.

Certains intervenants se sont contentés de demander de façon laconique que « les médecins résidents exercent leur fonction dans de meilleures conditions ».

Des représentants de syndicats à l'assemblée ont insisté sur le fait que le service civil imposé aux médecins spécialistes au terme de leur cursus « n'a pas résolu le problème pour lequel il a été instauré », à savoir le déficit en encadrement médical au niveau des établissements hospitaliers dans les zones enclavées. Les professionnels de la santé admettent que le service civil cache un malaise plus profond.

Une défaillance en formation pédagogique des médecins, un manque cruel d'infrastructures et parfois de moyens les plus élémentaires pour soigner les malades au sein même des plus grand hôpitaux des grandes villes, sans parler des régions enclavées où les structures de santé sont quasi inexistantes.

La conjoncture des hôpitaux en témoigne. Les gens font des économies pour se faire opérer chez les privés et les plus chanceux optent pour le Maroc, la Tunisie ou même la Turquie. « Nous sommes pratiquement des autodidactes livrés à nous-même au niveau des services.

Nous ne bénéficions pas d'une formation de qualité, ni de moyens pédagogiques adéquats. Cette situation va mener inévitablement à une perte progressive des compétences », s'inquiète un résident exerçant dans les services de cardiologie du CHU Nafissa-Hamoud (ex-Parnet).

Ce futur médecin spécialiste a appelé carrément à une révision du système d'évaluation des médecins résidants qui devrait se faire au cours de toute l'année, aussi bien sur le plan théorique que pratique, en affirmant que le ministère de l'Enseignement supérieur à également sa part de responsabilité dans la dégradation du système de formation des étudiants en sciences biomédicales.

« Nous devrons prendre exemple de nos voisins maghrébins qui sont bien plus en avance que nous dans ce domaine », a-t-il jugé. Un avis partagé par sa consœur qui considère que le système de formation en Algérie est loin des normes, tant sur le plan pédagogique que pratique.

Quant au caractère obligatoire du service civil pour parer au manque de médecins spécialistes dans les régions, cette jeune résidente, soutient que c'est un système qui a prouvé son échec pour la bonne raison que le médecin se retrouve souvent dans des structures sanitaires déplorables, sans plateau technique adéquat.

Ce sont souvent des hôpitaux ou des cliniques dépourvus de salle d'opération équipée, en plus de l'absence d'anesthésistes », a-t-elle fait observer.

Les résidents approchés par les médias estiment que le personnel médical n'a pas été vraiment associé à l'élaboration de ce projet de loi. « Ce qui est bien dommage pour le système de santé algérien, car ayant une meilleure connaissance du terrain, ils auraient présenté des solutions plus concrètes aux maux dont souffre le secteur, loin de toute démagogie », estime-t-on.


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