«Il n’y a ni cabinet noir ni pouvoir occulte à Alger»



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Instruit de l’échec de deux initiatives qui ont été rejetées par la communauté, l’Etat algérien se gardera de toute intervention en ce sens, a avancé Ahmed Ouyahia. «Vous êtes Algériens à part entière, même si vous avez une autre nationalité», a affirmé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lors de cette rencontre à l’ambassade d’Algérie à Paris, à la suite de la 4e session du Comité intergouvernemental de haut niveau qu’il a coprésidé avec son homologue français, Edouard Philippe, dans la même journée. Et d’annoncer à son auditoire… que ceux parmi eux qui souhaitent investir en Algérie, bénéficieront des mêmes dispositifs que leurs compatriotes d’Algérie, l’acquisition de logements leur est ouverte à partir des mêmes facilités, qu’ils soient publics ou privés. En préambule, le chef du gouvernement a commencé par donner des «nouvelles» du pays natal à son auditoire — composé de chefs d’entreprise, de responsables associatifs, d’universitaires, de médecins, d’avocats, etc.— à savoir que le président Bouteflika «se porte bien» et qu’«il dirige bien le pays». «Certes, notre Président n’a plus tout le dynamisme que vous lui avez connu lorsque vous l’avez rencontré en 2000 et en 2004 ici en France. Cependant, et contrairement à toutes les rumeurs et propagandes véhiculées par certains à partir de l’Algérie ou à partir de l’étranger, notre Président dirige bien le pays dans tous les domaines, et il n’y a ni cabinet noir ni pouvoir occulte à Alger.» Il a aussi indiqué que l’Algérie «vit son expérience démocratique qui s’améliore sans cesse. Nos institutions sont élues régulièrement toutes les cinq années, et ce sera le cas pour la prochaine élection présidentielle en 2019». Et d’ajouter que la sécurité a été rétablie à travers le pays, soulignant qu’il «reste quelques terroristes qui activent encore», avec la promesse que le pays «triomphera, soit avec la main tendue de la réconciliation nationale, soit par la puissance de notre Armée nationale populaire». Ahmed Ouyahia est revenu sur la polémique née lors de la révision constitutionnelle, relative à l’accès aux hautes responsabilités de l’Etat et aux fonctions politiques aux seuls détenteurs de la nationalité algérienne exclusive, en affirmant que «c’est une règle qui existe dans tous les pays. Mais ceux qui ont créé la polémique n’ont pas dit que tous les emplois, à part une petite liste, sont ouverts à tous nos compatriotes, même binationaux, et la loi est venue confirmer cela». Aussi, «l’Etat algérien veille au respect de votre dignité et de vos droits en France. L’Etat veille à votre représentation dans les institutions nationales. Vous serez représentés dans les prochains Conseil de la jeunesse et Conseil économique et social». Le Premier ministre a annoncé que les jeunes issus de la communauté algérienne à l’étranger qui souhaitent s’installer en Algérie bénéficieront des dispositifs nationaux d’aide à la création de microentreprises ; ceux qui souhaitent investir en Algérie bénéficieront des mêmes avantages que les résidents nationaux ; en matière d’acquisition de logement, les différents dispositifs de promotion publics et privés leur seront ouverts. Une filiale de la Banque extérieure d’Algérie sera créée en France. Les procédures de sa mise en œuvre sont en cours. «Chacun a le droit de ses opinions, mais n’oublions pas que l’Algérie doit demeurer au-dessus des différences et des divergences. Ne restez pas indifférents devant toute tentative de porter atteinte à l’unité de l’Algérie.» «L’Algérie a besoin de vous pour investir chez elle ; de vos compétences y compris par des contrats à distance ; de têtes de pont», a avancé le Premier ministre Ouyahia. Et de plaider pour la constitution d’un lobby «pour vous-mêmes et pour votre pays d’origine», convaincu que c’est possible, eu égard à l’histoire millénaire de l’Algérie qui a connu très tôt les «djemaa». «L’Etat ne veut pas s’immiscer mais vous encourage. Ce sera un acquis pour vous, pour faire entendre votre voix.» La diaspora veut de la considération et des actes  «Aux discours on adhère, mais il y a un pas entre les discours et la pratique», a observé le président de l’espace France-Algérie et élu municipal, Akli Mellouli, traduisant un sentiment largement partagé. «Ce que nous attendons, c’est la mise en œuvre. Le lobbiying ne nous fait pas peur. On est en mesure d’agir. Pour être respecté ici, il faut qu’on le soit là-bas» a-t-il ajouté. Dans les échanges, la salle a fait remonter le peu d’écoute et l’absence d’interlocuteurs en Algérie, des projets qui n’aboutissent pas du fait de lourdeurs bureaucratiques à différents niveaux, des changements de responsables. «Concrètement, comment travailler ensemble ?» est-il demandé. Un chercheur aux Etats-Unis et en France fait part lui aussi de ses difficultés : «En neuf ans, j’ai vu cinq directeurs de l’Institut Pasteur.» On investit un temps énorme, chaque nouveau responsable efface le travail qu’on a fait avec son prédécesseur, il faut sans cesse recommencer. On a du mal à accueillir des étudiants.» Un autre propose qu’on laisse les professionnels travailler entre eux. Autre question : l’Algérie est-elle disposée à demander officiellement une réparation politique et financière concernant les méfaits de la colonisation ? Au chapitre de l’histoire, «nous devons, nous Algériens, transcender une de nos faiblesses, l’émotion. Nous avons obtenu notre indépendance, elle ne nous a pas été donnée. Votre pays a soulevé la question, non pas de la repentance mais de la question de la mise à jour de la conscience de la communauté française avec ce qui s’est passé», a répondu Ahmed Ouyahia. «Nous devons négocier ce dossier la tête haute. Dans les relations internationales, il n’y a pas de cadeaux, il n’y a pas d’amis, il y a des intérêts.» «Donnons le temps au temps. Votre pays a besoin de se construire dans la sérénité. Il n’a pas besoin d’être indemnisé. On va nous indemniser des 8 millions de morts de la colonisation ? Nous avançons sur ce dossier.» Et à titre d’exemple, il cite le dossier de la restitution des crânes de martyrs de la conquête coloniale. «C’est un dossier qui était ignoré jusqu’à ce qu’un chercheur algérien le mette au grand jour. Comme geste d’apaisement, le président Macron s’est engagé à proposer une loi au Parlement français pour que les crânes des martyrs soient rendus à leur pays.» L’autre dossier, celui des archives, un accord pour leur duplication a été conclu, a indiqué M. Ouyahia. «C’est un premier pas, le travail continue sur ce dossier.» Et «la mémoire ça finira par aboutir». Et comme une pique à l’encontre de la société civile en Algérie : «J’espère qu’à l’étranger, l’élite algérienne saura être la locomotive de son pays, ce que n’arrive pas à être l’élite nationale à l’intérieur du pays.» Ahmed Ouyahia a reconnu les difficultés du pouvoir algérien à communiquer avec les citoyens. «Ce sont des mutations qu’il faut faire.» «Votre pays n’est pas un pays d’égorgeurs ni de mendiants. Il a besoin d’être mieux connu.» «Nous n’avons pas les relais qu’ont certains pays frères», référence à la communauté juive marocaine très active en France. «C’est pourquoi vous êtes des relais très sûrs.»


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