Le nomadisme politique refait parler de lui



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Isolé ou pas, le nomadisme politique n’a jamais autant fait parler de lui que durant les dernières élections locales. Depuis la proclamation des résultats, de nombreux élus  ont rejoint le FLN, après avoir conquis les voix des électeurs en tant qu’indépendants ou sous la casquette d’un autre parti. Ce qui a permis à la formation de Djamel Ould Abbès de rafler la grande majorité des assemblées communales et de wilayas. Contacté, ce dernier ne voit pas cette pratique comme immorale ou contre l’éthique, mais plutôt comme une nécessité pour beaucoup d’assemblées d’être sous la bannière d’un parti comme le FLN, pour pouvoir gérer les assemblées locales. «Depuis la proclamation des résultats, 70 listes d’assemblées communales ont demandé à rallier les rangs du FLN et nous avons accepté. Nous passons donc de 635 APC, à plus de 700 et nous contrôlons 33 assemblées de wilayas», explique le secrétaire général du FLN. Pour beaucoup, cette transhumance est l’illustration parfaite de l’immoralité qui pollue l’espace politique. Elle traduit une rupture avec les convictions partisanes. Les candidats qui ont rallié le FLN ne viennent pas tous des listes indépendantes. Hier, une grande partie de la liste FFS, élue à Koléa, dans la wilaya de Tipasa, a rejoint l’ex-parti unique, alors que de nombreuses autres listes, des assemblées communales à Alger, Ghardaïa et à Batna, ont connu le même sort. Pour quelle raison, tous ces candidats se mettent sous la bannière du FLN ? Des élus évoquent, comme réponse, des pressions exercées par l’administration. De nombreux secrétaires généraux de daïra et de wilaya, ainsi que des walis auraient été instruits pour faire en sorte que l’écrasante majorité des assemblées locales soit entre les mains du FLN. «Les walis ont pesé de tout leur poids pour rallier au FLN les indépendants et les candidats des formations politiques de l’opposition, minoritaires dans les assemblées. Un travail de coulisses a été fait au niveau des assemblées de wilaya pour isoler, par exemple, le RND, y compris dans les localités où ce parti a pu obtenir la majorité. Des alliances ont été arrangées pour permettre au FLN de raffler la majorité», révèle un élu d’une assemblée de wilaya. Pour lui, l’administration «a joué un grand rôle» dans ce qu’il qualifie de «rééquilibrage politique» au «détriment des bonnes pratiques de la démocratie». En effet, passer d’un parti à un autre, après un mandat, et vers un autre, pour se présenter aux élections, importe peu, mais changer de casquette politique dès la proclamation des résultats s’apparente à de l’opportunisme. Les électeurs y voient une sorte de rupture du contrat moral avec l’élu et une remise en cause de ses engagements. Le chargé de la communication du FLN nie toute intervention de l’administration en faveur de son parti. «Nous n’avons exercé aucune pression sur aucun des 70 membres des assemblées qui nous ont rejoint. Ils ont fait le choix de revenir à une force politique qui les accompagne pour concrétiser les engagements vis-à-vis de leurs électeurs. Il n’y a rien d’immoral ou de contraire à l’éthique. Ce qu’ils ont promis, ils le retrouvent au FLN, qu’ils estiment être un grand parti», dit-il. Pour lui, de nombreux élus «étaient d’anciens militants du parti, qui sont partis ailleurs, mais qui, à la fin, sont revenus à leur formation d’origine». Il cite le cas de la liste indépendante d’Alger-Centre, dirigée par Abdelhakim Bettache, en soulignant : «Après les résultats, il est venu nous voir, en nous disant qu’il est fils d’un moudjahid, et que le FLN est le plus approprié pour soutenir ses efforts de développement de la commune.» M. Bouguettaya note, par ailleurs, que dans beaucoup de communes, comme celle de Bab Ezzouar, ou de Batna, des listes du FFS ont rallié le FLN. Ce que Hacene Ferli, directeur de la communication du FFS, conteste : «C’est la liste de l’assemblée communale de Koléa, qui a rejoint le FLN, mais pas avec tous les membres. Dans les APW, nous sommes obligés de passer par des alliances, même si nous avons une majorité. Lorsque celle-ci est entre les mains d’un autre parti, nous respectons et s’il y a lieu de passer par des alliances, nous le faisons.» Pour Ferli, la transhumance traduit un problème «d’éthique, de morale et de dépolitisation. Elle existe partout dans le monde. Le mandat n’incarne plus cette volonté de se mettre au service de la collectivité, mais plutôt d’aller à la recherche des privilèges et du pouvoir». Pour sa part, le RND, par la voix de son chargé de communication, Seddik Chiheb, se présente comme «la grande victime» de ce scrutin, même si au sein de l’opposition, on l’accuse d’avoir joué le même rôle que le FLN. «Ces opérations de parrainage sont nécessaires pour créer des alliances et gérer les assemblées notamment de wilaya. Dans de nombreuses assemblées, nous avons été privés de notre position majoritaire. Beaucoup se sont ligués contre nous. Nous avons obtenu 460 communes et 7 assemblées de wilaya. Cependant, nous pouvons dire que le RND progresse lentement mais sûrement. A chaque élection, notre score augmente. Cela démontre que le parti a une vision politique sérieuse. Nous nous inscrivons dans une démarche constructive. Nous ne faisons pas dans le parasitage», déclare Chiheb, avant d’annoncer, «avec regret», tard dans la journée d’hier, la perte de l’APW de Djelfa, et le report, au 21 décembre, des élections pour celle de Chlef, où les tractations ont été très difficiles. Force est de constater qu’en l’absence d’une loi qui interdit «le nomadisme politique», les listes électorales locales continueront à faire l’objet de chantage et de marchandage pour faire apparaître une nouvelle carte municipale à l’approche de 2019.  


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