Les médecins résidents menacent d'une grève illimitée



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Les médecins résidents ont entamé hier leur cinquième semaine de grève cyclique en organisant un rassemblement au CHU de Mustapha, tout en menaçant d'une grève illimitée face à la tutelle qui « ignore » leurs revendications ».


Les contestataires prévoient même de saisir le Bureau international du travail pour amener le gouvernement à abolir le service civil imposé aux médecins spécialistes au terme de leurs études.


« On peut porter plainte auprès des instances internationales et nous obtiendrons gain de cause, car il n'existe aucune loi dans le monde qui oblige une personne d'aller travailler dans un endroit contre son gré », a lancé à la presse un jeune résident anesthésiste-réanimateur de l'EHS Zemirli. Le service civil, en vigueur depuis 1984, est censé parer au manque de médecins spécialistes dans les régions reculées.


Mais pour les résidents, cette option a prouvé ses limites car elle n'a pas amélioré les conditions déplorables du système de santé dans le Sud et les Hauts Plateaux. « A la fin de ses études de spécialité, le médecin est affecté dans une structure sanitaire qui n'a d'hôpital que le nom. Il se retrouve seul face à des malades en détresse pour lesquels il ne peut rien », déplore une résidente en 2e année.


Les structures et les moyens de prise en charge sont déjà défaillants dans les grandes villes ; dans le Sud et les Hauts Plateaux ils sont quasi inexistants, selon les protestataires qui s'exprimaient en connaissance de la réalité du terrain.


« Comment soigner les gens quand nous manquons de médicaments, quand nous n'avons pas la possibilité de leur faire des radiographies et des analyses sur place ? Parfois nous n'avons même pas de valium pour soulager un malade qui convulse.


Il y a souvent des malades qui meurent alors qu'ils auraient pu survivre à leur maladie si on avait les moyens pour les sauver », a ajouté cette même résidente. L'état sinistre des hôpitaux parle de lui-même, estime A. Attmane, résident anesthésiste-réanimateur à l'EHS Zemerli.


« Allez au service de réanimation du CHU de Mustapha et vous allez voir une longue liste de demande d'outils et de moyens indispensables au fonctionnement du service mais qui n'existent pas », a-t-il lancé à l'adresse de la presse. Pour les protestataires, les gens ignorent la réalité des choses en raison « des contrevérités » des pouvoir publics qui diffusent, via les médias, des images et des discours très positifs sur l'investissement de l'Etat dans le secteur.


« Souvent les malades ou leurs familles s'acharnent contre nous en pensant à tort que nous ne les soignons pas par négligence ou incompétence », a-t-il regretté. Pour lui, les gens doivent savoir une chose : « Le médecin n'a pas de baguette magique et de ce fait nous relançons notre revendication auprès des pouvoirs publics en leur demandant de hisser les hôpitaux algériens aux normes internationales ou de prendre exemple sur nos voisins maghrébins en matière de réformes de la santé ».


Le docteur Bouferadj Zineb, déléguée des médecins résidents réanimateurs, a évoqué sa mauvaise expérience avec les parents des malades lorsqu'elle exerçait au service psychiatrique .


« J'ai été tabassée à deux reprises par des parents de malades », a-t-elle témoigné. Cet incident l'a marquée au point de changer de spécialité. « Après deux ans d'exercice dans ce service, j'ai abandonné mon poste et j'ai repassé le concours pour faire ma spécialité d'anesthésiste-réanimatrice », a-t-elle raconté.


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