Le pétrole à son plus haut niveau depuis deux ans



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Les cours de l'or noir ont franchi la barre des 65 dollars, le plus haut niveau depuis deux ans en raison de la fermeture provisoire d'un pipeline en mer du Nord et des replis des stocks américains.

Ce rebond a poussé les analystes à revoir leurs prévisions à la hausse pour 2018. Après avoir pris 2 % lundi, le baril de Brent, référence européenne pour le pétrole, a gagné plus de 1 % hier pour dépasser la barre des 65 dollars. Il est à son plus haut depuis près de deux ans et demi.

Cette remontée des cours s'explique par la fermeture de l'oléoduc Forties, qui achemine plus du quart de la production en mer du Nord, par l'opérateur Ineos.

Ce dernier a découvert lors d'un contrôle de routine une fêlure en Ecosse, dans la partie terrestre du pipeline. Un pipeline qui peut transporter jusqu'à 450.000 barils par jour ainsi que le gaz associé. La réparation pourrait durer plusieurs semaines, restreignant l'offre et poussant les prix à la hausse.

« Même temporaire, cette fermeture aura de vastes implications pour le secteur pétrolier et gazier britannique », commente Fiona Legate, analyste chez Wood Mackenzie.

Le pipeline achemine plus de 40 % des hydrocarbures du Royaume-Uni. Les prix du gaz naturel ont bondi outre-Manche mardi alors qu'approche le pic de la demande hivernale. Les pétroliers les plus affectés sont, dans l'ordre, BP, Total, Chevron et Exxon, estiment les analystes de Jefferies.

Tous verront leur production reculer au cours des prochains jours ce qui ne manquera pas d'influer sur les prix du baril. L'incident va aussi pénaliser les marges des raffineries d'Europe du Nord, à commencer par celle de Grangemouth, en Ecosse.

« Cela va tendre un peu plus un marché du Brent déjà tendu, notamment en raison des réductions de production décidées par l'Opep (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole) et par la demande croissante en Europe et en Asie », a souligné Phil Flynn de Price Futures Group.

Le pétrole qui ne sera pas transporté par l'oléoduc de Forties « ne peut pas être facilement remplacé car d'autres producteurs de ce même type de brut sont déjà tout près de leurs capacités limites », a-t-il ajouté.

« Le pétrole de schiste américain peut aider mais les producteurs ne peuvent pas accélérer la cadence d'un seul coup ni transporter le brut assez rapidement pour compenser tout de suite les pertes », a remarqué le spécialiste en prédisant que les conséquences de cette fermeture allaient d'abord se faire sentir en Asie et en Europe puis aura des ramifications sur les prix des produits raffinés sur l'ensemble du marché mondial.

Parmi les autres éléments faisant monter les cours du WTI figurent, selon M. Flynn, « un rapport de Genscape indiquant que l'approvisionnement en brut à Cushing en Oklahoma (où est stocké le pétrole servant de référence au WTI, NDLR) a chuté de 3,1 millions de barils ».

« Les problèmes qui frappent actuellement l'oléoduc de Keystone », qui relie les exploitations de pétrole canadiennes aux Etats-Unis, ainsi que « la cadence proche de niveaux records des raffineries », participent aussi à la montée des cours, a-t-il ajouté. Analyse technique L'Opep avait la semaine dernière avait maintenu le quota de production pour neuf mois.

L'alliance entre la Russie et l'Arabie Saoudite en terme fixation des prix a largement contribué à instaurer une discipline jamais observée au sein au sein de l'organisation. Ces pays sont respectivement premier et deuxième producteurs de pétrole dans le monde. Réunies, la Russie et l'Arabie saoudite produisent 21 millions de barils par jour soit environ 25% de la production de pétrole mondiale.


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