Prévisions contradictoires sur l’évolution du marché en 2018



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Dans son rapport mensuel, l’AIE estime que la progression prévue du schiste américain «menace l’équilibre en 2018» et  «enraye les efforts de l’OPEP et de ses alliés pour continuer à contenir l‘offre jusqu’à la fin de l‘an prochain». L’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avancent des estimations contradictoires quant à l’évolution de l’offre et de la demande de pétrole en 2018, en évaluant différemment notamment l’impact de la progression de la production de schiste aux Etats-Unis. Si pour l’AIE, le marché mondial du pétrole devrait afficher un excédent au premier semestre 2018, en raison de la hausse de la production américaine, et en dépit de l’accord de reconduction de la réduction de l’offre de l’OPEP et de ses alliés, l’OPEP s’attend au contraire à ce que le marché pétrolier parvienne à l’équilibre d’ici la fin 2018, grâce à l’extension, jusqu’à la fin de l’année prochaine, de son accord d’encadrement de la production, en dépit de la hausse des extractions aux Etats-Unis en particulier. Dans son rapport mensuel publié jeudi, l’AIE, bras économique de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), estime en effet, que la progression prévue du schiste américain «menace l’équilibre en 2018» et «enraye ainsi les efforts de l’OPEP et de ses alliés pour continuer à contenir l’offre jusqu’à la fin de l’an prochain», selon le compte rendu de l’agence Reuters. Par contre, l’OPEP estime que l’accord signé le 30 novembre dernier, en faveur d’une reconduction des coupes de production «devrait conduire à une nouvelle réduction des excédents des stocks mondiaux et déboucher sur un marché équilibré d’ici la fin de l’année». Il est à rappeler que l’OPEP et des pays extérieurs à l’organisation, emmenés par la Russie, ont convenu de prolonger, jusqu’à fin 2018, leur accord de réduction de la production dans le cadre de leurs efforts pour résorber complètement l’excédent de l’offre sur le marché, tout en se laissant la possibilité d’y mettre fin plus tôt, en cas de flambée des cours. Dans son rapport mensuel publié mercredi, l’OPEP indique qu’elle a en outre réduit sa prévision de demande mondiale pour sa production de 270 000 barils par jour à 33,15 millions de barils par jour, en 2018, en raison notamment d’extractions plus soutenues aux Etats-Unis. La production de l’ OPEP en recul L’OPEP indique également que sa production au mois de novembre a baissé de 133 000 barils par jour par rapport au mois d’octobre, à 32,45 millions de barils par jour, suivant l’estimation de sources secondaires. L’Organisation ajoute que les stocks dans les pays développés ont baissé de 37 millions de barils par jour en octobre à 2,95 milliards de barils, soit 137 millions de barils par jour de plus que la moyenne des cinq dernières années. L’optimisme du marché constaté suite à ces chiffres a été, cependant, quelque peu contrarié par les estimations de l’AIE focalisée sur la progression de la production américaine. Pour l’AIE, proche des pays consommateurs, «la croissance de l’offre totale pourrait être plus rapide que la croissance de la demande : de ce fait l’excédent au premier semestre pourrait être de 200 000 barils par jour avant de se transformer en déficit d’environ 200 000 barils par jour, au second semestre, ce qui donne pour l’année 2018 un marché tout juste équilibré». L’agence parisienne souligne en outre, dans son rapport mensuel, que «beaucoup de choses pourraient changer dans les mois à venir, mais il semble que les espoirs des producteurs d’une bonne nouvelle année, avec la poursuite du déstockage en 2018 au même rythme de 500 000 barils par jour, qu’en 2017, pourraient ne pas être comblés.» L’AIE qui minimise ainsi fortement les efforts de l’OPEP a laissé par ailleurs sa prévision de croissance de la demande mondiale inchangée pour 2017, à 1,5 million de barils par jour, en hausse de 1,6%, et pour 2018, à 1,3 million de barils par jour, en hausse de 1,3%. La production des pays en dehors de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole devrait avoir augmenté de 600 000 barils par jour cette année, et être en hausse de 1,6 million de barils par jour en 2018. L’AIE prédisait le mois dernier une augmentation de l’offre hors OPEP de 1,3 million de barils par jour en 2018, mais l’accélération de la production américaine de pétrole de schiste a poussé l’agence à relever sa prévision de croissance de la production totale de pétrole aux Etats-Unis, à 870 000 barils par jour pour l‘an prochain, en hausse par rapport au chiffre de 790 000 barils par jour avancé en novembre. Pour sa part, l’OPEP tente de donner des indications positives au marché, en insistant notamment sur le taux de conformité à l’accord de ses onze pays membres. Le taux en question a atteint, selon l’ OPEP, 121%, un chiffre supérieur à celui d’octobre, d’après les calculs répercutés par l’agence Reuters. Mais au vu des chiffres publiés par certains pays membres de l’OPEP eux-mêmes, la production a connu par endroits de fortes et inattendues contractions. Ainsi, les Emirats arabes unis, qui s’apprêtent à prendre la présidence de l’OPEP, ont annoncé un repli de 50 000 barils/j de leurs extractions. L’Arabie Saoudite a fait état d’un recul de 165 000 barils par jour, ramenant sa production encore un peu plus en deçà du quota qui lui était fixé. De son côté, le Venezuela a annoncé une baisse de 118 000 barils par jour de sa production. Des chiffres qui sont autant d’indicateurs positifs au marché. Celui-ci est cependant soumis à l’influence des chiffres relatifs à la production américaine, mais il y a aussi les tensions géopolitiques et les incidents techniques et d’interruption de production intervenus ces derniers jours, ce qui maintient les prix dans une fourchette assez fluctuante, même si la moyenne des 60 dollars pourrait, selon certains experts, être retenue pour l’année 2018.  


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