Le secteur public entame la transition vers le carton



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C’est fait. Après exactement quatre longues années d’hésitations, le groupe public Giplait a finalement décidé d’étrenner le processus de «transition» en passant à l’emballage en carton. Ce mode de conditionnement a, en effet, été lancé depuis peu par la plupart des 15 filiales, avons-nous appris de sources proches du groupe. L’instruction de janvier 2014 de l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, visant à remplacer le lait en sachet par celui en carton, à laquelle, faut-il le rappeler, s’étaient opposés nombre d’opérateurs intervenant dans la filière de transformation du lait en raison du surcroît des coûts de revient, commence à s’appliquer progressivement. «Le coup de starter a été donné au niveau de notre filiale, la Laiterie de l’Edough, par le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, lors de sa visite effectuée à Annaba il y a plus d’une semaine. Dans un premier temps, nous allons mettre sur le marché quelque 6000 litres/jour de lait de vache en carton pour passer, à moyen terme, à 30 000 l/j. Ce lait qui coûtera 70 DA, peut être conservé pendant une dizaine de jours. Par cette transition progressive qui a nécessité la mise en place de 11 nouvelles machines, nous visons à réguler le marché. Aussi, notre réseau de distribution vient d’être doté de 25 nouveaux points de vente répartis entre Annaba, Guelma, Souk Ahras, El Tarf et Skikda», a indiqué dans une déclaration à El Watan-Economie, Nabil Necib, directeur général de la Laiterie de l’Edough. Ainsi, le marché national devrait être pourvu de 75% de lait en sachet et 25% en carton. Au total, pas moins de 200 000 litres de lait pasteurisé sortent quotidiennement de la filiale régionale du groupe Giplait. 70 000 litres destinés à la seule région de Annaba, 30 000 l à chacune des wilayas de Guelma, Skikda et El Tard et 40 000 à Souk Ahras. Des besoins de consommation toujours en hausse S’agissant de la matière première, la filière absorbe pas moins de 9000 tonnes/mois de poudre de lait, soit une facture s’élevant, bon an mal an, à 1,5 et 2 milliards de dollars (1,4 milliard en 2017). Pour mieux maîtriser ces importations massives  (180 000 à 200 000 tonnes/an) et permettre l’édification d’une véritable filière intégrée, associant les différents acteurs intervenant en amont ou en aval, il a été décidé de la mise en place de dispositifs d’encouragement à la production de lait de vache ainsi que du déploiement, fin 2015, d’un plan quinquennal de réforme ayant nécessité la mobilisation d’une enveloppe de 200 milliards de dinars. Malheureusement, ces grands efforts financiers et législatifs ne s’avéreront que très peu payants. Et dire que le pays sera en mesure de se passer du recours au marché extérieur à l’horizon 2020 est une ambition démesurée. En témoigne, de 145 000 t en 2010, les importations de la poudre de lait ont bondi de 30 000 t en 2010. Et pas que. D’une dizaine il y a quelques années, le nombre de laiteries et mini-laiteries privées a été certes porté à 154 unités auxquelles s’ajoutent plusieurs autres en passe d’entrer en service, mais, avec leur 10% de parts de marché et en dépit de la hausse de la production au niveau des 15 filiales du groupe public Giplait ; 2,5 millions litres/j en 2014 contre 5 millions en 2017 (90% des parts), la tendance des besoins et de la consommation annuels réels est toujours à la hausse avec respectivement 5 milliards et 3 milliards de litres dont 1,7 milliard de litres de lait pasteurisé (sachet), d’après les chiffres officiels que nous avons pu obtenir. Autre singularité algérienne ! Avec 115 litres, parfois 135 l/an contre des moyennes de 66 litres au Maroc et 85 à 90 litres en Tunisie, l’Algérien consomme presque le double du seuil indispensable fixé par l’OMS qui est de l’ordre de 90 litres annuel/habitant. «Les effets de l’urbanisation accélérée sont de plus en plus ressentis et la consommation par habitant commence à atteindre des niveaux classables. Malgré cela, il n’y a jamais eu de crise de lait en Algérie. Les récurrents dysfonctionnements dont se distingue le marché peuvent s’expliquer par les pratiques spéculatives auxquelles ont souvent recours certains intervenants de la filière, le manque de professionnalisme d’autres, le gaspillage et le comportement curieux du consommateur algérien. A Annaba par exemple, nous avons constaté que la consommation par personne dépasse parfois les 5 litres/j. Ce qui relève de la folle aberration. C’est pourquoi, nous avons décidé de lancer une enquête exhaustive de proximité pour tenter de comprendre le comportement du consommateur et le pourquoi de cette surconsommation de masse. La transition vers le lait de vache en carton s’inscrit d’ailleurs dans cette perspective», a souligné M. Necib. Du succès, ce nouveau produit Giplait en connaîtrait-il ? Car, et ce n’est un secret pour personne, le consommateur algérien semble fortement attaché au lait en sachet, le considérant bon marché. Aucune pénurie ne se profile à l’horizon Autre facteur qui risque de freiner l’élan du groupe public, la production laitière qui demeure toujours très en deçà de ce sur quoi misent les pouvoirs publics. A Annaba, par exemple, à peine 20 000 à 25 000 litres/j, avec une moyenne de 17 à 22 litres par vache, sont collectés pour les besoins de transformation de la laiterie Edough, et ce, malgré toutes les incitations financières prévues par l’Etat. En effet, pour chaque litre de lait de vache transformé en lait de consommation sont octroyés aux éleveurs 12 DA au titre de prime de production (en 2015, elle était de l’ordre de 10 DA, ce qui avait coûté à l’Etat 9000 milliards de centimes pour chaque dinar de plus, d’après Sid Ahmed Ferroukhi, l’ancien ministre de l’Agriculture), ainsi que 2 DA (prime sanitaire), et ce, outre les 5 DA destinés aux collecteurs et 4 DA aux transformateurs. Et pas seulement : plus de 25 milliards de dinars sont annuellement déboursés aux fins de booster la production de fourrage et la satisfaction des besoins en la matière des petits agriculteurs. A noter, la prime de 4 DA est exclusivement dédiée aux producteurs de lait de consommation, y étant ainsi exclus ceux spécialisés dans la transformation du lait en fromage, yaourts et crèmes fraîches, fera remarquer le directeur général de la Laiterie de l’Edough. S’agissant des rumeurs persistantes, relayées ces derniers temps via les réseaux sociaux, quant à une sévère pénurie de lait en sachet que pourrait connaître le pays dans les tout prochains jours, le même responsable est formel : «Jusqu’à preuve du contraire, pas l’ombre d’une pénurie ne se profile à l’horizon. Les approvisionnements en poudre de lait - quota mensuel de 600 t/mois pour notre usine -, et en lait de vache se poursuivent le plus normalement du monde au niveau de l’ensemble des filiales du groupe, celles de l’Est (Annaba, Batna, Sétif, Constantine), du Centre (deux à Alger) ou de l’Ouest (Tlemcen, Saïda, Sidi Bel Abbès, Mostaganem et Tiaret). Ces assertions sont infondées.»


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